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Ambition bio 2022 : 1,1 milliard d'euros et la priorité à la conversion

Pour atteindre 15% de surface agricole utile en bio et 20% de bio en restauration collective publique en 2022, le programme Ambition bio sera doté de 1,1 milliard d'euros sur quatre ans. La Fédération nationale d'agriculture biologique se dit satisfaite du montant, mais soulève la question de la pérennité des filières.

Stéphane Travert, ministre de l'Agriculture, a confirmé le 5 avril "l’objectif gouvernemental de 15% de surface agricole utile en agriculture biologique ou en cours de conversion à horizon 2022". La part des terres cultivées en bio serait actuellement de 6,5%. L'autre objectif du programme Ambition bio 2022, celui d'atteindre 20% de produits bio en restauration collective publique (sur 50% de produits bio, locaux ou sous signes de qualité), est également confirmé. En tout, une enveloppe de 1,1 milliard d'euros sera mobilisée entre 2018 et 2022, "contre 0,7 milliard d'euros sur la période précédente (2013-2017), soit une augmentation de 62%", selon le communiqué du ministère de l'Agriculture.
Le ministre de l'Agriculture lancera mi-avril la concertation sur le programme Ambition bio. Des réunions thématiques porteront sur la réglementation, la formation, la recherche, la structuration des filières et l'outre-mer, avant la réunion des instances d'orientation et de pilotage puis la présentation du programme d'ici mi-juin. "Si la concertation sur le nouveau programme peut s’ouvrir aujourd’hui, c’est que le gouvernement a sécurisé le budget qui va permettre d’accélérer les conversions agricoles", a considéré Stéphane Travert, cité dans le communiqué.

Une priorité à la conversion, pour que l'offre française soit à la hauteur de la demande 

Le budget d'Ambition bio 2022 sera essentiellement consacré aux aides à la conversion, qui pourront compter sur 630 millions de fonds Feader, 200 millions de crédits de l'Etat, ainsi que d'"autres financements publics" émanant principalement des agences de l'eau.
"Il faut mettre le paquet sur l'accélération de la conversion, parce que c'est décisif dans la structuration de l'offre aujourd'hui", a indiqué à l'AFP l'entourage de Stéphane Travert. Le gouvernement voudrait s'assurer que l'offre française se développe à la mesure de la hausse de la demande, afin d'éviter que des importations massives de produits bio à moindre coût ne déstabilisent les exploitants français. Selon l'Agence bio, 29% des produits bio consommés en France étaient importés en 2016. L'Agence bio disposera d'ailleurs de moyens supérieurs pour structurer les filières, le fonds "avenir bio" devant être porté progressivement de 4 à 8 millions d'euros par an.

Quid de la pérennité des exploitations bio 

Dans un communiqué du 5 avril, la Fédération nationale d'agriculture biologique (Fnab) a salué, concernant l'enveloppe de 1,1 milliard, "une annonce à la hauteur de l'enjeu", donnant de la visibilité aux exploitants. La Fnab rappelle toutefois que "2,5 milliards d’euros sont encore dépensés chaque année pour soutenir des pratiques agricoles qui font peser sur la collectivité leurs coûts sanitaire, économique et environnemental". La suppression des aides de l'Etat au maintien des exploitations biologiques pose la question de la viabilité du "changement de modèle agricole" ; une question qui devra nécessairement trouver des réponses, pour la Fnab, dans le cadre de la redéfinition de la politique agricole commune.
Le cabinet de Stéphane Travert estime pour sa part que le surplus de demande par rapport à l'offre suffira à assurer la pérennité des exploitations converties au bio et que le levier de la restauration collective publique donnera "de la visibilité aux producteurs".

 

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