Baisse du nombre des inscrits dans les bibliothèques

Après plusieurs années de hausse, le nombre des inscrits dans les bibliothèques de prêt a chuté. Les bibliothèques publiques des collectivités, qui enregistrent le plus grand nombre d'inscrits, sont touchées par ce phénomène d'érosion alors qu'un récent guide de la FNCC donne des clés pour inverser la tendance.

Après des années de hausse, le nombre des usagers inscrits dans les bibliothèques accueillant du public pour le prêt a chuté en 2022. Un arrêté du 26 septembre décompte 6.187.588 usagers inscrits dans les bibliothèques publiques (essentiellement celles des collectivités territoriales) pour 2022, contre 6.377.814 en 2021, soit une baisse de 3%. De leur côté, les bibliothèques des établissements publics à caractère scientifique, culturel et professionnel et des autres établissements publics d'enseignement supérieur relevant du ministre chargé de l'Enseignement supérieur comptent cette année 1.052.041 usagers inscrits, contre 1.152.296 un an plus tôt (-9%). Quant aux autres bibliothèques accueillant du public pour le prêt (bibliothèques des comités d'entreprise, etc.), elles dénombrent 247.503 inscrits en 2022, à comparer aux 255.113 de 2021 (-3%). Le nombre d'inscrits toutes catégories d'établissements confondues s'établit à 7.487.132, soit un recul de 4% en un an.

Ces chiffres étonnent dans la mesure où le nombre des usagers inscrits dans la catégorie des bibliothèques publiques avait connu, malgré la crise sanitaire, une progression continue ces dernières années : 5,660 millions en 2017, 6,027 millions en 2018, 6,032 en 2019, 6,286 millions en 2020, et donc 6,377 millions en 2021. Ces performances avaient permis d'inverser la tendance après des années de baisse. En 2003, date de la mise en place du dispositif permettant de déterminer la contribution forfaitaire à la charge de l'État au titre du droit de prêt, le nombre des inscrits dans les bibliothèques publiques s'élevait en effet à 6,930 millions.

"Le défi de la reconquête des publics"

Ce décompte intervient quelques semaines après la parution du guide "Bibliothèques territoriales : dispositifs d’accompagnement et témoignages d’élus", réalisé par la FNCC (Fédération nationale des collectivités territoriales pour la culture) dans lequel le ministère de la Culture évoque avec anticipation "le défi de la reconquête des publics".

Pour relever ce défi, le guide rappelle que "plus que tout autre dimension des politiques culturelles, celle de la lecture publique a été l’objet d’une décentralisation aussi approfondie qu’efficace". Il souligne que "par la densité de leur réseau, par leur capacité à s’adresser à l’ensemble de nos concitoyennes et concitoyens, par leur gratuité désormais inscrite dans la loi [du 21 décembre 2021 relative aux bibliothèques et au développement de la lecture publique, ndlr], par la compétence, l’adaptabilité et la souplesse de leurs professionnels, les bibliothèques territoriales sont l’atout culturel le plus complet et le plus efficace dont disposent les élus pour mettre en œuvre leur projet politique". Et de citer pêle-mêle : la cohésion sociale, l’éducation artistique et culturelle, la revitalisation des centres-villes, des centres-bourgs ou des territoires ruraux, la lutte contre l’illettrisme ou l’illectronisme, etc.

Parmi les quatorze fiches pratiques du guide, on relève des recommandations en lien avec l'ingénierie territoriale : développer des actions en réseau avec les communes et les intercommunalités, affirmer et amplifier l’action des bibliothèques départementales. Mais également des pistes pour toucher plus directement le public : étendre les horaires, mener des actions en faveur de la petite enfance, rendre la bibliothèque accessible. Sans oublier les pierres angulaires de toute politique de lecture publique : construire ou rénover une bibliothèque, acquérir et valoriser les collections, et, bien entendu, recruter et former du personnel.