Carte des formations et carte de l'apprentissage : les régions veulent y voir plus clair
À l’occasion de sa conférence de presse de rentrée, le président de la commission éducation/orientation/formation/emploi de Régions de France, François Bonneau, a insisté sur la nécessité de mieux associer les régions à la définition des cartes des formations professionnelles initiales. Les régions attendent également avec impatience la publication d'un décret sur la carte de l'apprentissage.

© Régions de France/ François Bonneau le 28 août
En cette rentrée scolaire, le sujet de la carte des formations professionnelles initiales demeure pour les régions un enjeu central. C’est ce que François Bonneau a tenu à rappeler le 28 août dernier lors de la conférence de presse de rentrée organisée par Régions de France (voir notre article du 2 septembre). Pour les régions et l’association qui les représente, la formation professionnelle "n’est absolument pas une voie de garage mais au contraire une université de proximité et des métiers", autant qu’un ascenseur social. Les régions appellent donc à son développement, à l’instar de celui dont a bénéficié l’apprentissage ces dernières années. La réforme des lycées professionnels initiée en 2023 a produit ses premiers effets, même s’il est encore un peu tôt pour en tirer tous les enseignements, estime cependant Régions de France qui souligne que les collectivités régionales ont accompagné cette transformation et continuent de le faire en faisant leur travail au côté des académies et des branches professionnelles "pour favoriser les formations qui offrent les meilleures perspectives en matière d’insertion professionnelle et de poursuite d’études". Parmi les données jugées "encourageantes", Régions de France pointe un taux de transformation (addition des créations et suppressions de formations) entre 5% et 12% selon les régions tandis que le ministère comptabilise pour les seules formations industrielles, un solde net de 2.786 places supplémentaires créées pour la rentrée 2025.
Des "irritants" persistants
Reste cependant des "irritants" pour les régions et leurs représentants. Le premier concerne la question du déploiement des bureaux des entreprises au sein des lycées professionnels. Régions de France déplore une absence de concertation avec les régions dont la compétence en matière de développement économique et leur connaissance fine du tissu économique de leur territoire devrait être considéré comme un atout en la matière. Le second sujet de discorde concerne la rénovation des diplômes "qui place les régions dans l’impossibilité financière et technique d’assurer l’évolution des plateaux techniques concernés". Enfin, même si un travail s’est engagé récemment entre les régions et l’Etat pour y remédier, celles-ci pointent toujours du doigt la plateforme Orion, un outil d’aide à la décision sur la carte scolaire, conçu par l’Etat "sans les régions", et qui de facto ne leur donne pas un rôle égal à celui des régions académiques, déplore l'association. Au final, Régions de France estime que "à moyen terme, la question reste posée d’une vraie réforme du lycée professionnel" qui devra passer par "un pilotage régional des effectifs des formations".
Un décret "promis" et toujours attendu
Enfin, s’agissant de l’apprentissage, le constat des régions est clair : la réforme de 2018 a favorisé en premier lieu l’apprentissage dans le supérieur. "Confié au privé, l’apprentissage s’est logiquement développé partout où il est rentable d’ouvrir un CFA, au détriment des territoires péri-urbains et ruraux où il est plus profitable", dénoncent les régions. Un phénomène amplifié par les mesures d’économies annoncées avant l’été sur le financement de l’apprentissage qui mettent en péril de nombreux CFA, alerte Régions de France. La loi de 2018 aura eu pour conséquence de faire perdre aux régions toute visibilité sur l’ensemble des formations professionnelles initiales sur leur territoire, soulignent leurs représentants qui réclament à la ministre du Travail "un élargissement à l’apprentissage des missions du Crefop" (comité régional de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelle) à travers un décret "promis" par la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, au printemps dernier et qui se fait toujours attendre. "Nous voulons le faire aboutir et on ne lâchera pas l’affaire", a prévenu François Bonneau.