Comment redonner l'envie de s'engager dans le mandat municipal

Alors que les candidats aux prochaines municipales préparent leurs listes, deux groupes de réflexion – l'Institut Terram et le Laboratoire de la République – proposent des pistes pour encourager l'engagement citoyen et revivifier la démocratie locale.

"La démocratie municipale peut-elle retrouver un second souffle ?" L'institut Terram, groupe de réflexion dédié à l’étude des territoires et le Laboratoire de la République, cercle de réflexion fondé par Jean-Michel Blanquer, ancien ministre de l'Education nationale, s'intéressent à cette question dans une étude pilotée par le constitutionnaliste Benjamin Morel.

Et la réponse de l'auteur est oui, en dépit d'un "diagnostic préoccupant" s'agissant des élus municipaux : isolement, surcharge administrative, difficultés à concilier l'exercice d'un mandat avec la vie personnelle, manque de reconnaissance, violences à leur encontre…

"Des motifs d’espoir subsistent", estime le maître de conférences à l’université Paris Panthéon-Assas. D'abord, "parce qu'une proportion non négligeable de la population" se dit prête à se présenter sur une liste aux élections municipales de mars prochain, si on le leur proposait. Parmi 10.000 Français de 18 ans et plus représentatifs de la population et interrogés en ligne en avril par l'Ifop dans le cadre de l'étude, 24% (dont 17% "plutôt" et 7% "certainement") déclarent pouvoir franchir le pas.

Désir d'être utile

La crise sanitaire ne semble pas avoir émoussé l'envie chez les citoyens de s'engager dans la vie municipale locale, puisque les Français interrogés en 1999 étaient déjà 24% à se dire prêts à se présenter sur une liste aux municipales de 2020. Le résultat est même supérieur (+ 4 points) à celui qui avait été recueilli en 2006 (20%). Cette moyenne cache toutefois des disparités importantes, selon l'étude : l'intention de s'engager sur une liste ne dépasse pas 15% dans les "villes isolées", tandis qu'elle atteint 29% dans les agglomérations de plus de 500.000 habitants.

Interrogés sur les raisons qui pourraient les pousser à s'engager, plus de quatre répondants sur dix citent "le désir de changer les choses 'de l'intérieur'", "la possibilité de faire entendre la voix de ceux qu'on n'écoute pas", "le sentiment de contribuer concrètement à leur commune" ou encore "l'envie de faire contrepoids à des décisions qu'ils considèrent comme injustes".

Face aux "fragilités croissantes de l’engagement local", Benjamin Morel propose "une stratégie de long terme" constituée de "cinq axes d'intervention". Le premier vise la "revalorisation du mandat local" et celle-ci doit d'abord être "symbolique", estime l'auteur. Car, selon le sondage, seuls 34% des Français jugent que la fonction municipale "est reconnue à sa juste valeur dans la société". "Des campagnes d’information", "l’intégration du mandat municipal dans les parcours professionnels", ou encore "une meilleure visibilité médiatique des initiatives municipales" pourraient pallier ce manque de reconnaissance à l'égard de la fonction municipale. 

Solliciter l'engagement

Cela ne dispense pas, évidemment, de la mise en place d'un "véritable statut protecteur de l’élu". Et en la matière, il semble qu'il faille faire œuvre de pédagogie auprès de l'opinion publique. Car une part non négligeable des Français (un tiers) désapprouvent le fait "qu’un collègue élu municipal s’absente régulièrement de son travail en raison des obligations liées à son mandat".

Un autre levier de l'engagement dans les conseils municipaux repose sur le triptyque "recruter, former, accompagner". Remarquant que "quatre répondants sur dix seraient prêts à sengager s’ils étaient sollicités personnellement", Benjamin Morel plaide pour "une politique de 'repérage civique' proactive". Au-delà, les "formes émergentes de participation" (listes citoyennes, budgets participatifs, conventions locales, jurys citoyens...) doivent être encouragées, selon lui. De même que la construction des "milieux propices à la citoyenneté active" (associations, lieux d'échanges…). Enfin, l'auteur prône un renforcement de l'autonomie des pouvoirs locaux et de leurs moyens financiers. En effet, le fait d'appartenir à un conseil municipal ne permet d'"agir" que pour 62% des Français - alors que c'est le cas pour 82% des élus membres de cette instance. 

 

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