Municipales 2026 : la question de l'engagement concentre l'attention
Les maires ont enchaîné les crises au cours de ce mandat et plus de huit sur dix, selon une enquête, jugent leur fonction "usante pour leur santé". Mais il ne devrait pas y avoir de crise des vocations lors des prochaines municipales, du moins pas de l'ampleur de celle que l'on aurait pu craindre, peut-on déduire d'une autre enquête récente. La proposition de loi portant création d'un statut de l'élu local, en cours d'examen au Parlement, s'avère cependant indispensable pour soutenir l'engagement dans la vie municipale.

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Exercer un mandat local, ce n'est pas de tout repos. Les principaux concernés le reconnaissent : 83% des 4.900 maires interrogés au printemps 2024 dans le cadre d'une enquête du CNRS et de Sciences Po estimaient que leur mandat est "usant pour leur santé". Complexité de la gestion locale, lourdeurs administratives, difficultés à obtenir des subventions... tout cela est facteur de stress. Résultat : près d’un tiers des maires présentaient au premier semestre 2024 des signes d’épuisement, d'après les réponses que 1.700 d'entre eux accordaient à une étude inédite menée par deux chercheurs de l’université de Montpellier. Pour préserver leur santé, certains se mettent en retrait temporairement. D'autres démissionnent. Comme la maire de Jouy-en-Josas (Yvelines), Marie-Hélène Aubert, victime d'un burn-out et obligée de rendre son écharpe en mars dernier.
D'ailleurs, les démissions d'édiles s'accélèrent. Depuis le début de l'actuel mandat, ce sont en moyenne 417 maires qui ont jeté l'éponge chaque année. Un résultat qui est plus de trois fois supérieur à celui ayant pu être observé sur la période 2009-2014, selon un bilan du centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof). La santé des maires est loin d'être l'unique cause. Les principales raisons se trouvent en fait du côté des tensions institutionnelles au sein du conseil municipal (avec l'opposition et la majorité).
Des maires prêts à se réengager
Les situations de violence à l’encontre des maires constituent en revanche une cause plutôt marginale des démissions de maires. En dépit d'une décélération par rapport à l'année précédente, celles-ci sont pourtant demeurées à un niveau élevé en 2024 (2.501 agressions), selon le premier rapport d'activité du Centre d’analyse et de lutte contre les atteintes aux élus (Calae).
Il faut bien l'admettre : le quotidien des premiers magistrats n'est pas rose. Pour autant, un an avant les élections municipales de mars 2026, 42% d'entre eux envisageaient de se représenter, selon une enquête du Cevipof auprès de 5.200 maires. Soit un taux "conforme aux mandats précédents" à la même période. Et en tenant compte des 28% d'indécis, on devrait "peu à peu tendre vers 60% de maires prêts à se réengager", concluait en avril l'auteur de l'étude, Martial Foucault.
Les Français ne s'en plaindront pas, puisque 58% d'entre eux souhaitent que leur maire soit candidat aux prochaines municipales et de surcroît soit réélu à cette occasion, selon un sondage Ipsos pour l'Association des maires de France (AMF), réalisé en juin auprès de plus de 6.000 personnes inscrites sur les listes électorales. Une enquête enseignant également, au passage, que les trois principales attentes des Français à l'égard de leur prochain maire sont la sécurité et la tranquillité publique, le développement ou le maintien des services publics de proximité et la préservation de l'environnement. Mais au moment de voter, cette dernière ne comptera pas autant, chez les électeurs, que le sujet de la transition énergétique. 87% des Français considèrent celle-ci comme un facteur important pour leur choix aux prochaines municipales, apprend-on à la lecture des résultats du volet citoyen de l'Observatoire Idex/Villes de France/Ipsos 2025.
Statut de l'élu : poursuite des débats à l'automne
"Il n'y a pas de crise des vocations", déclarait en avril François Rebsamen. Un ministre de l'Aménagement du territoire soulagé, dont l'avis est partagé par les responsables des associations d'élus locaux. Ces derniers s'inquiètent en revanche du risque de voir le nombre des démissions de maires demeurer élevé. C'est pourquoi, ils ont défendu la nécessité que la proposition de loi sénatoriale créant un statut de l'élu local soit débattue rapidement - dans l'optique d'une entrée en vigueur avant les prochaines municipales - et ce malgré l'encombrement des travaux du Parlement.
Leur préoccupation a été entendue, puisqu'après plusieurs reports, le texte rebaptisé "proposition de loi visant à encourager, à faciliter et à sécuriser l'exercice du mandat d'élu local" a finalement été adopté en première lecture, le 10 juillet, par l'Assemblée nationale. Entre autres mesures, ce texte augmente les indemnités des maires et adjoints aux maires des communes de moins de 20.000 habitants, "garantit l’effectivité" des droits à absence des élus exerçant une activité professionnelle et accorde de nouveaux droits aux étudiants, personnes handicapées et jeunes parents, lorsqu'ils exercent un mandat local. Derrière, se trouve l'idée que la composition des conseils municipaux doit faire plus de place à ces profils. Prochaine étape pour la proposition de loi : l'examen en seconde lecture dans l'hémicycle du Sénat, qui débutera le 23 septembre, dans le cadre de la session extraordinaire.
Conseils municipaux paritaires
En parallèle de ces "avancées législatives", l'AMF a décidé de lancer une campagne de communication ("Osez l'engagement") destinée à encourager les citoyens à s'investir dans la vie municipale. Diffusée sur les réseaux sociaux et par voie d'affichage, elle sera déclinable avec le logo de la commune. Un kit de communication complet est disponible sur le site de l'association.
La campagne s'adresse à tous, jeunes et seniors, hommes et femmes… Des femmes que certains élus locaux déclarent craindre de ne pas parvenir à recruter en nombre suffisant sur leurs listes de candidats aux prochaines élections, au grand dam de leurs collègues qui ont soutenu la proposition de loi étendant le scrutin de liste paritaire aux municipales dans ces communes. Un texte devenu loi de la République par sa publication en mai, et grâce auquel les femmes seront, quoi qu'il en soit, davantage présentes à partir de mars 2026 dans les conseils municipaux concernés.