État de l'environnement en Europe : d'importants progrès, mais des défis persistants alors que la fenêtre d'action se referme
Dans son rapport quinquennal sur l'état de l'environnement en Europe, l'Agence européenne de l'environnement dresse un bilan contrasté. Si elle met en exergue "d'importants progrès", notamment en matière d'atténuation du changement climatique, elle souligne que le Vieux Continent continue de se réchauffer "à un rythme alarmant". Elle juge que la perte de biodiversité et l'adaptation au changement climatique restent les deux principaux challenges à relever. Le constat global est peu ou prou identique pour la France.

© European Environnement Agency et Adobe stock
"Sans résilience environnementale, nous ne pouvons pas avoir de sécurité durable." Alors que "le paysage géopolitique mondial, caractérisé par de multiples crises" conduit l'Europe "à se concentrer sur la sécurité et la défense", l'Agence européenne de l'environnement, dans son rôle, alerte sur la nécessité de ne pas relâcher les efforts conduits en faveur du climat et de l'environnement dans son rapport quinquennal 2025 sur l'état de l'environnement en Europe, publié ce 29 septembre. "La fenêtre d'une action significative se rétrécit, et les conséquences d'un retard deviennent plus tangibles", alerte Leena Ylä-Mononen, à la tête de l'agence.
Des efforts concluants…
Le rapport montre que les efforts conduits ne sont pas vains. "D'importants progrès ont été faits en matière d'atténuation du changement climatique, l'UE étant un leader mondial dans ce domaine", avec une réduction de ses émissions domestiques de gaz à effet de serre de 37% depuis 1990 (avec une baisse de plus de 35% entre 2005 et 2023 dans l'industrie et dans les émissions des bâtiments). Les réductions prévues mettent en outre l'UE "sur la bonne voie" pour atteindre l'objectif d'une réduction de 55% de ces émissions d'ici 2030. Autres réussites relevées, la réduction de la dépendance aux énergies fossiles chez tous les États membres ou les progrès "significatifs" obtenus en matière de réduction de la pollution. L'agence estime par ailleurs que "les progrès en matière d'innovation, d'emplois verts ou de finance durable sont des motifs d'espoir". Autre satisfecit accordé, "le rôle critique" joué par les collectivités locales pour changer les choses sur le terrain.
… mais encore insuffisants
Reste que la partie est loin d'être gagnée. Pour l'agence, la réduction de la perte de biodiversité et de la dégradation des écosystèmes – qui "met en péril le mode de vie européen" – d'une part, et l'adaptation au changement climatique, "considérablement en retard alors que les niveaux de risque augmentent rapidement", constituent les deux plus grands défis à relever. Dans le détail, elle observe notamment que la ressource en eau est soumise à une forte pression et que les puits de carbone terrestres ont décliné d'environ 30% par rapport à la décennie précédente.
L'agence relativise en outre certaines victoires précédemment célébrées. Ainsi, "les énergies fossiles restent la source d'énergie dominante", la réduction des émissions de GES reste marginale dans les transports et l'agriculture, la pollution "continue de réduire significativement la qualité de la vie" et le taux de circularité de l'économie européenne n'a gue légèrement augmenté". "La consommation matérielle au sein de l'UE n'est pas durable et beaucoup plus élevée que dans la plupart des autres régions du monde par personne", est-il encore observé.
L'agence alerte singulièrement sur le fait que l'Europe "est le continent qui se réchauffe le plus rapidement de la planète", engendrant des pertes économiques 2,5 plus élevées sur la période 2020-2023 par rapport à celles constatées entre 2010 et 2019.
Résultats contrastés pour la France également
Le tableau dépeint par l'agence pour la France est dans les mêmes tons. À l'actif, sont notamment classés l'amélioration de la qualité de l'air, grâce "à la baisse significative de nombreux polluants", la couverture de 31,3% du territoire par des aires protégées, "dépassant l'objectif fixé pour 2030", et la chute de 7%, entre 2010 et 2022, de la production de déchets par habitant, cochant là encore d'ores et déjà l'objectif de 2030. Mais les bémols restent nombreux. L'agence met notamment en exergue le retard pris dans le domaine de l'agriculture biologique (10,4% des exploitations, loin de l'objectif de 18% en 2027 du plan national stratégique) ou dans les énergies renouvelables. "La consommation finale d'énergie dépend encore principalement des combustibles fossiles", observe-t-elle. Elle pointe de même un taux de circularité des matériaux qui reste faible, singulièrement pour les matériaux plastiques dont le recyclage "constitue un challenge majeur pour la France", ou encore le fait que les réductions des émissions de GES doivent être intensifiées.