Au Grand Chalon, les friches industrielles sont un atout de taille (71)
Après le succès de la réhabilitation du site Kodak, sur une superficie de 100 hectares, le Grand Chalon poursuit sa politique de mise à disposition de foncier économique industriel clé en main. La reconversion de la friche Nordéon, sur sept hectares, est en voie d’achèvement et suscite déjà l’intérêt d’investisseurs.
© Le Grand Chalon
Depuis 2016, Grand Chalon Agglomération s’est engagée à mettre à la disposition des investisseurs industriels du foncier clé en main, pour réindustrialiser son territoire durement frappé par la crise économique au cours des décennies précédentes. La communauté d’agglomération a d’abord racheté un foncier de 100 hectares de l’ancienne friche Kodak. Il ne reste que 12 hectares disponibles. En 2022, une nouvelle opportunité se présente à l’entrée de la même zone industrielle SaôneOr : la collectivité rachète alors au liquidateur judiciaire le site Nordéon, laissé vacant par un grand fabricant de néons, avec cette même ambition de réindustrialiser le territoire.
Dépollution, démolition, viabilisation
Le site Nordéon avait été au préalable dépollué par l’industriel pour un coût de huit millions d’euros et le Grand Chalon a pu l’acquérir après négociation les sept hectares pour 50 000 euros. Cette dépollution et l’expertise environnementale qui a suivi ont permis de sortir du cadre imposé aux Installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE), ouvrant la voie au réaménagement du site Nordéon par la collectivité.
Ce réaménagement se déroule en deux grandes phases. D’abord la démolition des bâtiments existants qui a révélé une pollution invisible et que la collectivité traite à ses frais. Ensuite la viabilisation du site, avec la création d’une plateforme qui réutilise une bonne part des matériaux issus de la démolition. Ainsi que le souligne Sébastien Martin, président du Grand Chalon, « la réhabilitation a été effectuée en limitant les émissions de CO2 liées au transport de gravats et en mettant à la disposition d’acquéreurs le matériel de bureau resté sur place. »
Commercialisation
Les travaux de réaménagement s’achèveront en 2026 mais la phase de commercialisation est déjà en éveil. Elle est confiée à la mission Développement économique. Malgré le contexte pour le moment atone, des investisseurs se sont déjà manifestés, mais ils n’opèrent pas dans l’industrie, or le Grand Chalon souhaite réserver ce foncier à un projet très innovant et/ou à un grand acteur industriel. Pour l’heure, la priorité est de finir la commercialisation de la zone Kodak où neuf projets industriels sont déjà en place ou en voie de l’être. Près de dix ans après le lancement de sa réhabilitation, le site Kodak accueille 360 entreprises et 6 450 salariés et les finances sont à l’équilibre. Ce bilan satisfaisant devra inspirer la commercialisation du site Nordéon, pour lequel les prochaines années seront décisives. Pour l’heure, le budget prévisionnel de 7 millions d’euros a été respecté.
Les points de vigilance
Recycler des friches industrielles est un nouveau métier pour les collectivités et le Grand Chalon a ainsi acquis de nouveaux savoir-faire. Parmi les facteurs qui ont contribué à la réussite de la réindustrialisation de l’ancien site Kodak et au bon déroulement du projet Nordéon, la collectivité met en avant plusieurs points : un agent est affecté à chacun de ces projets au moins à mi-temps et sur plusieurs années ; une ingénierie et une expertise appropriées ont été mobilisées pour mener des opérations complexes. Par exemple, pour la coordination des entreprises sur le chantier Nordéon, la collectivité a fait appel à une société publique locale (SPL). À la différence d’autres collectivités territoriales, la conduite de ces projets est confiée au service de développement économique et non au service de l’urbanisme. Ce choix s’est imposé parce que l’objectif premier était de créer du foncier économique pour relancer la croissance et l’emploi. Enfin, il ne faut pas négliger l’aspect émotionnel que revêt une telle reconversion, sur des sites où des gens ont travaillé parfois toute leur vie. C’est une partie de l’histoire d’un territoire qui s’évapore mais c’est aussi le futur qui se construit et la satisfaction de voir que ces espaces s’animent de nouveau, avec de nouveaux projets et une nouvelle vie.
Projet Nordéon : coûts et subventions
-Études : 420 000 euros
-Mise en sécurité du site : 1,9 million d’euros
-Décontamination des bâtiments : 650 000 euros
-Démolition des bâtiments : 2,6 millions d’euros
-Dépollution des sols et création de la plateforme : 1,2 million d’euros
Total : 6,77 millions d’euros
Les subventions de l’Ademe (2,7 millions d’euros), de la région Bourgogne-Franche-Comté (950 000 euros) et de la Banque des Territoires (27 000 euros pour une étude) représentent 52 % du montant total, soit 48 % de reste à charge pour la collectivité
Communauté d'agglomération du Grand Chalon
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