Au sud des Landes, des seniors ouvrent leur porte aux travailleurs (40)

Face aux difficultés d’accès au logement, la communauté de communes Maremne Adour Côte-Sud (MACS) propose aux aînés d’héberger temporairement les travailleurs en recherche de logement. Objectif : favoriser l’insertion sociale et professionnelle des uns et rompre l’isolement des autres.

Un ramoneur en auto-entreprise, deux salariés de grandes entreprises, un employé dans la restauration, une agent d'entretien en association… six travailleurs orientés par le service intégré d’accueil et d’orientation (SIAO) ont été hébergés depuis deux ans, bénéficiant de « Partageons un toit ». Lauréate d’un appel à projet lancé en août 2023 par le Département et la Direction départementale de l'emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations (DDETSPP), la communauté de communes Maremne Adour Côte-Sud (MACS) a mis en place, en 2024, ce dispositif ambitieux, qui invite les plus de 60 ans à accueillir temporairement des travailleurs peinant à se loger.

Les contrats entre personnes âgées et travailleurs sont signés pour deux mois, renouvelables deux fois maximum. Cette période doit permettre aux personnes hébergées de trouver un logement pérenne. Et les aînés hébergeurs perçoivent une redevance : 360 euros par mois pour une chambre ou 400 euros pour un studio actuellement.

Une priorité pour le territoire

Ici, comme dans de nombreux territoires, les habitants sont confrontés à des difficultés majeures pour l’accès au logement, accentuées par les enjeux spécifiques aux zones littorales touristiques et par un taux de vacance très faible (3,9 % en 2020). « Le logement, inscrit dans le projet de territoire, est un enjeu crucial en matière de cohésion sociale, d’emploi et de développement économique, pérenne et saisonnier », insiste Pierre Laffitte, vice-président de MACS. « Partageons un toit » est un nouvel outil pour amoindrir les tensions sur l'accès au logement, qui répond également au manque d'offres en logement accompagné. « C’est un outil pour soutenir le maintien à domicile des seniors confrontés à un risque d’isolement social », explique Delphine Galin, responsable du pôle développement social territorial du Centre intercommunal d'action sociale (CIAS) de MACS.

Accompagnement social de proximité

« Créer un tel dispositif d’hébergement intergénérationnel temporaire peut sembler facile. Mais ce n’est pas évident d’accepter que quelqu’une entre dans son intimité », rajoute Delphine Galin. D’où la décision d’inclure au dispositif un accompagnement social de proximité. La mission est confiée au bailleur social Soliha Landes, qui assure le suivi de la cohabitation et aide le travailleur hébergé à trouver un logement pérenne. « Le dispositif est balisé par une dizaine d’étapes clés. De plus, il a été conçu par les 24 acteurs du territoire -MACS, ses 23 communes membres, et les acteurs sociaux du territoire volontaires-, et compte dans son comité de pilotage une personne âgée hébergeuse, », insiste Delphine Galin. 

Au menu : repérage, examen de la proposition d’hébergement assuré par les 23 Centre communaux d’action sociale (CCAS) du territoire MACS, évaluation des capacités d’accueil de l’hébergeur et de sa compréhension de la dimension sociale du projet via une visite à domicile conjointe du CCAS, du CIAS et de Soliha. Ensuite, la proposition d’hébergement passe en commission d'agrément des hôtels sociaux de l'hébergeur. Une rencontre entre l’hébergeur et la personne à héberger, accompagnée par Soliha, permet de définir conjointement les règles de vie. Enfin, un suivi de la cohabitation, a minima tous les mois est assuré par un travailleur social de Soliha, qui encaisse la redevance et la redistribue à l’hébergeur, rappelle si nécessaire les règles de vie, et accompagne le travailleur hébergé… 

Un déploiement modeste élargi 

Six hébergements en deux ans, le chiffre peut sembler modeste au vu de l’objectif de « Partageons un toit » de 10 accompagnements par an. C’est un début. L’expérimentation a permis de sécuriser le dispositif et a conduit, en mai 2025, à en assouplir les critères, pour mieux coller aux besoins du territoire. « Côté hébergés, l’opération pourrait être ouverte à de nouveaux publics, type saisonniers, alternants, apprentis… alors qu’il ciblait au départ prioritairement des personnes connaissant une rupture dans leur vie personnelle ou occupant un logement récupéré par le propriétaire à l'approche de la période estivale. Et côté hébergeurs, « Partageons un toit » pourrait s’ouvrir aux familles qui n’ont pas ou plus d’enfants à charge à domicile : plusieurs d’entre elles s’étaient montrées intéressées », fait valoir Delphine Galin.

Pour mieux faire connaître le dispositif auprès des habitants, MACS mise par ailleurs en cette fin 2025 sur un nouveau relais : les médiathèques-bibliothèques du territoire. Et va, sous peu, mettre en place un café des hébergeurs.

Le budget de « Partageons un toit »

Doté d'un budget de fonctionnement annuel d'environ 13 000 euros, le dispositif « Partageons un toit » est subventionné, à hauteur de 10 000 euros par an, à 50 % par le département des Landes et à 50 % par la Direction départementale de l'emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations (DDETSPP). 

 

Les redevances 

-  Les travailleurs hébergés via le dispositif versent une redevance, revalorisée en janvier 2025 pour tenir compte des fortes tensions locatives sur le territoire et de la hausse du coût des fluides (gaz, électricité) : 360 euros par mois pour une chambre seule (contre 160 euros en 2024), ou 400 euros (versus 200 euros en 2024) pour un logement indépendant. 

Pour ceux dont les revenus sont très modestes, une participation du CIAS, à hauteur de 25 % ou de 50 % de la redevance, a été mise en place. 

Communauté de communes Maremne Adour Côte-Sud (Macs)

Nombre d'habitants :

70269

Nombre de communes :

23
allée des Camélias
40 231 Saint-Vincent-de-Tyrosse
contact@cc-macs.org

Delphine Galin

Responsable du pôle développement social territorial

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