À Longvic, une ferme florale pour l’insertion professionnelle des femmes (21)
La commune de Longvic a mis un terrain à disposition de chantiers d'insertion : le Champ des sourires accompagne le retour à l’emploi de femmes en rupture professionnelle ,via la culture et la valorisation de fleurs coupées. Avec succès!
© Le champ des sourires
Il y a des chiffres chocs que Flore Geillon, fondatrice et directrice du Champ des sourires, aime à rappeler. Près de neuf fleurs coupées sur dix vendues en France proviennent de l’étranger. Et les structures d’insertion ne comptent en moyenne que 30 % de femmes dans leurs rangs. Ces faits ont donné envie à cette docteure en biologie, passée par la recherche clinique en cancérologie, de changer de braquet. Objectif : rompre l’isolement des femmes par la culture des fleurs, et leur permettre, par ce biais, de redevenir actrices de leur vie. Pour mûrir son idée, elle intègre au printemps 2021, le T, incubateur d’entrepreneurs basé à Dijon, pour neuf mois.
Terrain proche des transports en commun
En février 2022, l’entrepreneuse envoie son dossier aux cinq villes de la métropole dijonnaise dotées d’un secteur classé en Quartier prioritaire de la ville (QPV). Objectif : trouver un terrain, proche des transports en commun. Une semaine plus tard, elle a rendez-vous à la mairie de Longvic. « Un chantier d’insertion misant sur la production locale de fleurs respectueuse de l’environnement pour accompagner l’insertion des femmes ? Porté par quelqu’un ayant la tête sur les épaules. On a dit oui tout de suite. Le projet cochait toutes les cases de nos objectifs de développement durable, travaillés avec les habitants, dans le cadre de notre Agenda 2030 : une ville nature, solidaire et active », explique Céline Tonot, maire de Longvic.
La commune met alors à disposition du Champ des sourires, structuré en association, un terrain d’un hectare, via un bail rural de neuf ans pour la somme symbolique de 165 euros par an. Longvic assure également un soutien logistique et le financement de la viabilisation du terrain. L’agrément atelier et chantier d’insertion obtenu de l’État fin 2022 permet à l’association de recevoir ses premières subventions - État, région, département, métropole…
Rythme de travail adapté
À l’automne 2023, le Champ des sourires devient opérationnel, avec le recrutement d’une encadrante technique, cheffe de culture, et l’arrivée de trois premières salariées en parcours d'insertion, embauchées en contrat à durée déterminée d'insertion de sept mois (renouvelable jusqu’à une durée totale de 24 mois).
Premières plantations, de fleurs annuelles puis de vivaces sobres en eau ; premières récoltes ; premiers bouquets vendus… Et les candidatures affluent : « plus de 150, dont 80 % de femmes, signe que la fleur, très genrée, est un biais particulièrement porteur ! » Deux ans plus tard, le Champ des sourires compte 11 salariés en insertion dont neuf femmes, en plus des deux salariées permanentes, la directrice et la cheffe de culture. Quatre personnes ont déjà quitté ses rangs, dont deux pour un emploi pérenne et deux autres pour des raisons de santé ou familiales.
Centré sur l’accompagnement des femmes, le Champ des sourires s’est adapté à leurs contraintes, notamment via le rythme de travail proposé : les contrats, à temps partiel, collent au rythme des gardes d’enfants des mamans solos. Et à celui des femmes atteintes de handicap ou malades.
Partenariats locaux
Cette spécificité requiert une grande souplesse. Mais « c’est notre raison d’être, insiste Flore Geillon. Et ça fonctionne. Personne n’a d’ailleurs jamais été absent ou en retard de façon non justifiée. Peut-être car la fleur a un côté valorisant, et couvre toute une palette de métiers. Et sa culture, synonyme de reconnexion au vivant, fait du bien. »
Sur le plan économique, le Champ des sourires est encore en croissance, avec une surface de 3 000 m2 de production pour un objectif de 7 000 à horizon 2027, assorti de 10 équivalents-temps-plein en insertion (contre six aujourd’hui). Les ventes, centrées sur la Côte-d’Or, décollent auprès de fleuristes partenaires, sensibles à l’aspect local de la production respectueuse de l’environnement, des particuliers - sur les marchés, à la ferme, via internet… et aussi des entreprises.
Au chantier d’insertion, Flore Geillon voudrait ajouter un jardin à visée thérapeutique, vecteur de remobilisation personnelle, pour les salariés comme pour les habitants, isolés, malades, âgés. Misant pour cela sur le mécénat, elle espère une mise en route de ce nouveau projet fin 2026.
Un autre projet a germé : un chantier d’insertion pour les femmes en zone rurale. « Nous avons déjà des contacts, sourit Flore Geillon, avec des communes ou communautés de communes du département qui nous ont dit : pensez à nous, si jamais… »
Zoom sur les éléments financiers du Champ des sourires
Les investissements du Champ des sourires ont pour le moment été soutenus par :
- l’État, à hauteur de 78 000 euros
- la région : 54 621 euros
- la ville de Longvic : 100 000 euros pour la viabilisation du terrain - assortie d’une aide logistique via la mise à disposition de bureaux pendant plus d'un an
- Dijon Métropole : 30 000 euros
- le département : 6 117 euros pour les investissements agricoles
- autres fonds (mécénat) : 30 000 euros
L’association a par ailleurs contracté deux prêts bancaires - dont un de 20 000 euros auprès de France Active Bourgogne - pour un total de 70 000 euros. En outre, elle a déposé une demande de financement complémentaire au département, pour la création de 0,5 ETP de poste d’accompagnement socioprofessionnel.
Le budget de fonctionnement annuel de l’association est d’environ 250 000 euros.
Commune de Longvic
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