Neuilly-sur-Marne cultive le civisme et la citoyenneté (93)

« Le Pass Jeune Citoyen a été lancé en 2021, avec la volonté d’encourager les jeunes à s’engager dans la vie locale et associative et à comprendre la logique des droits et des devoirs dès le plus jeune âge, explique le maire de Neuilly-sur-Marne, Zartoshte Bakhtiari. Commencer tôt est indispensable pour avoir une efficacité sur les générations à venir et leur faire comprendre l’intérêt du civisme, du travail et des efforts. » Le Pass Jeune Citoyen (PJC) s’adresse à des jeunes âgés de 12 à 20 ans, d’origines, de milieux et de quartiers différents, avec pour objectif de créer de la cohésion et tenir à distance la tentation de la délinquance. 

Le jeune qui s’inscrit au PJC s’engage à remplir une mission de durée variable en dehors du temps scolaire et reçoit en retour un présent dont la valeur est proportionnelle à son engagement, évalué en fonction de sa durée. Ainsi pour chaque heure de participation à l’action d’un service municipal ou d’une association, le jeune se voit attribuer un point. Les points sont cumulables jusqu’à 100 points. Les missions proposées sont variées : aide à l’organisation et au déroulement d’événements, à la collecte de vêtements, à la prévention de conduites à risques, au soutien des personnes vulnérables ou action auprès d’un service municipal (propreté, espaces verts, urbanisme, éducation, sports, santé…). Une passerelle avec le conseil municipal des jeunes est en place. Ses membres se voient attribuer d’office des heures et donc des points, au titre de leur engagement citoyen. L’important, insiste le maire, est que « ces missions aient du sens et que le jeune ne se cantonne pas au statut de spectateur. » En récompense, il reçoit un prix, à choisir dans une liste où figurent, par exemple, une entrée dans un parc d’attractions (7 points), une carte-cadeau (de 10 à 50 points), un vélo électrique (90 points), un smartphone (de 30 à 100 points) ou un permis de conduire auto (100 points).

Un parcours

Les missions de PJC sont pilotées par la résidence de la réussite, service qui accompagne tous les Nocéens dans la réalisation de leurs projets. Créé récemment par la ville, il a notamment pour tâche d’attribuer les missions aux jeunes et de s’occuper du suivi de leur engagement. Tout commence par un entretien préalable avec le jeune et ses parents. Là, le jeune s’engage et promet de tenir son engagement. Le maire a souhaité que « le Pass soit un parcours qui mette les jeunes nocéens en situation de responsabilité, afin qu’ils découvrent les capacités qu’ils ont en eux, changent de regard sur eux-mêmes et gagnent en confiance. » La validation du PJC passe impérativement par la participation du jeune à une commémoration, dont on lui aura au préalable expliqué la signification, ou à une séance complète d’un conseil municipal. C’est ensuite au cours d’une cérémonie officielle, avec un discours du maire sur l’engagement, que le jeune reçoit, des mains du maire, son lot et son diplôme, en présence d’élus ceints de l’écharpe de la République. 

Des partenaires

Le PJC fonctionne avec trois types de partenariats. Il y a les associations locales qui accueillent les jeunes pour exercer une mission. Il y a les partenaires qui contribuent au financement des lots : grandes enseignes de la distribution ou auto-écoles, dont les prestations dans ce cadre se font à tarifs négociés. Il y a enfin des partenaires qui financent partiellement le PJC, à travers un fonds de dotation spécialement créé.

Victime de son succès

La mise en œuvre et le fonctionnement de l’ensemble de ce dispositif n’ont pas généré de difficultés majeures selon le maire de la commune de Seine-Saint-Denis, si ce n’est un engouement très important de la part des jeunes nocéens pour le PJC. La première année, 250 d’entre eux se sont inscrits. Au total depuis quatre ans, près de 1 000 jeunes ont participé au PJC. Puis toujours davantage et actuellement la résidence de la réussite ne parvient pas à trouver des missions pour tous les jeunes qui voudraient s’inscrire. Environ 350 d’entre eux ont été retenus cette année. Si l’on peut s’inscrire plusieurs fois au PJC, les candidats qui se présentent pour la première fois sont prioritaires. 

La gestion et l’accompagnement nécessaires à autant de jeunes adolescents requièrent une mobilisation considérable de la part des services de la ville et de ses agents. L’accueil des jeunes dans les services municipaux est d’ailleurs devenu un des critères pour bénéficier du complément indemnitaire des agents. D’un autre côté, les associations ont également des capacités d’accueil limitées. 

Plus de mille jeunes nocéens ont pu bénéficier du PJC et des élus de plusieurs villes, dont Marseille et Montpellier, ont demandé des informations sur ce dispositif. Reproductible, adaptable aux différents contextes dans lesquels évoluent les collectivités, le PJC ne manque pas d’attraits.