À Romans-sur-Isère, les friches urbaines réhabilitées par des investisseurs privés (26)
L’opération « Invest in Romans » vise à promouvoir l’achat des friches. Accompagnés par les services de la ville, les investisseurs participent au développement économique de la ville. Sur les 45 friches proposées, 31 ont déjà été transformées ou le seront prochainement.
© Emma Sammiez – Ville de Romans
Une ancienne piscine transformée en une résidence de 120 logements, un centre technique communal devenu une résidence services pour seniors, une cuisine centrale obsolète métamorphosée en maison de santé… Le recyclage de friches est devenu à Romans-sur-Isère une pratique courante. Constatant que les nombreuses friches, notamment en centre-ville, dégradent l’attractivité, la commune de Romans-sur-Isère, qui n’a pas la capacité financière pour recycler seule ces bâtis, a décidé de faire appel aux investisseurs privés en mettant sur pied dès 2015 le dispositif Invest in Romans.
Se rencontrer et concevoir des projets
Cinq éditions d’Invest in Romans ont eu lieu depuis 2015 pour la promotion de 43 friches : ce sont des évènements organisés dans des lieux emblématiques pour réunir les investisseurs privés et publics, promoteurs et autres acteurs de l’immobilier, comme les notaires ou les architectes, ainsi que les banquiers. Ce rendez-vous est le moment privilégié pour présenter les opportunités foncières et la politique locale d’attractivité et de développement économique. Un temps fort où les acteurs privés tissent des liens et imaginent leur projet. « Nous recevons des promoteurs et investisseurs locaux, régionaux mais aussi nationaux », précise Emmanuel Dubreucq, directeur attractivité développement innovation de la ville de Romans. Et la vente est ouverte. « Pour les projets à forte valeur ajoutée, comme les grandes parcelles ou les emplacements de qualité, la ville organise des appels à candidatures pour favoriser l’émulation entre porteurs de projets et pour présenter ses attentes », ajoute-t-il. Les projets sont alors sélectionnés en fonction de leur adéquation avec les objectifs de la ville : renforcement de l’attractivité du territoire, de sa qualité architecturale, patrimoniale et paysagère. Les montants investis et les garanties financières sont également évalués.
La ville facilitatrice
Les raouts comme les appels à candidatures sont aussi des moments privilégiés pour la ville pour préciser ses engagements : la municipalité s’engage à effectuer les travaux d’aménagements et d’embellissement autour du tènement -interventions essentielles pour la valorisation de l’investissement. Elle offre aussi un accompagnement sur-mesure aux porteurs de projets. Selon Emmanuel Dubreucq, « la démarche Invest in Romans est une démarche quasi quotidienne ». Une des premières réalisations fut la transformation de l’ancien conservatoire. À l’occasion de l’événement de 2021, la ville apprend qu’un chef d’entreprise est à la recherche d’un emplacement pour construire son siège social. Elle lui propose le tènement de l’ancien conservatoire, annonçant le futur réaménagement de la place. Les services de la ville, organisés en mode projet, facilitent la sortie de l’opération. Cela signifie l’implication du service foncier pour le compromis de vente du tènement, celle des services techniques et des espaces verts pour les travaux d’embellissement de la place ou encore celle du service d’instruction pour les autorisations d’urbanisme. L’acte de vente signé, le porteur de projet est seul maître à bord. « Il aurait été inutile de réaménager la place de l’ancien conservatoire en laissant cette friche ! », résume Emmanuel Dubreucq.
Opérations gagnantes pour tous ?
Selon le directeur attractivité développement innovation, Invest in Romans renverse une idée reçue : « les friches ne sont pas des obstacles au développement, elles sont au contraire une richesse, car avoir le foncier signifie avoir la maîtrise d’une bonne partie du projet ». Ces ventes sont-elles lucratives pour la collectivité ? Invest in Romans ne vise pas à produire des recettes immédiates pour la commune mais à promouvoir des projets contribuant à l’attractivité de la ville et à son développement économique. En s’appuyant sur les évaluations des Domaines, les tènements sont vendus au prix le plus juste pour faciliter la sortie des projets. Selon le maire de Romans, Invest in Romans entre en complémentarité avec le programme Action cœur de ville (ACV) : « les projets sont retenus en fonction de leur potentiel de développement et sur leur cohérence avec ceux portés par la ville dans le programme ACV. Cela rassure les investisseurs et contribue à augmenter les flux en centre-ville ». En 2022, Invest in Romans a été récompensée par le prix Territoria d’Or.
L’élargissement aux friches privées
D’abord cantonnée aux friches appartenant à la ville, l’opération poursuit son chemin en s’élargissant aux friches appartenant à d’autres institutions (État, département, bailleurs sociaux…) puis tout récemment aux tènements privés. Une évolution rendue nécessaire par la baisse du stock des friches municipales et la nécessité de présenter aux investisseurs une offre diversifiée et attractive. Les friches privées pourront soit être vendues directement aux porteurs de projet soit être acquises par la commune avec le soutien de l’établissement public foncier Epora, puis remises sur le marché. Si aujourd’hui, élections obligent, rien ne peut être décidé pour les prochaines années, la prospection et l’évaluation des friches se poursuivent sur le terrain.
Les chiffres clés d'Invest In Romans
Depuis la première édition d’Invest in Romans en 2015 :
- 12 projets ont abouti
- 19 sont en cours de réalisation (compromis de vente signés)
- 12 biens en cours de commercialisation
- Sur les 31 projets réalisés ou en cours, 148,5 millions d’euros ont été investis par les privés (travaux de réhabilitation et de construction) et 187 emplois ont été créés.
Un gisement national
Le Cerema recense 15 000 friches en France, pour un total de 60 000 hectares de foncier. La moitié de cette superficie est composée de friches industrielles. De plus, 13 000 terrains supplémentaires, dont le statut de friche n’est pas encore validé pourraient porter à 140 000 hectares la superficie totale des friches françaises.
Commune de Romans-sur-Isère
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