Un label et des casiers fermiers pour consommer local au cœur du Val-de-Marne (77)

En périphérie de Paris, au nord de la Seine-et-Marne, la communauté d’agglomération de Marne et Gondoire est composée de 20 communes dont 12 communes font partie de la ville nouvelle Marne-la-Vallée. La création d’un Périmètre de protection des espaces agricoles et naturels périurbains (PPEANP) a préservé une partie du foncier : 30 % du territoire est en surface agricole et accueille une quarantaine de producteurs. Et la collectivité exerce une veille foncière afin d’acquérir des terrains agricoles pour proposer des offres locatives de longue durée aux exploitants. « Le territoire, situé entre Disneyland Paris et l’aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle, mêle villes nouvelles et petits villages, explique Pierre Tebaldini, directeur de cabinet de la communauté d’agglomération de Marne et Gondoire. Des centres commerciaux d'intérêt régional comme Val d’Europe ou la Vallée Village sont présents tous les huit kilomètres. Cette offre commerciale de grande envergure est un défi pour le commerce local. »  La collectivité souhaite recréer un tissu économique de proximité et développer les circuits courts.

Un territoire plus large que l’intercommunalité

À partir de 2020, une enquête sur les pratiques de consommation, des rencontres citoyennes, des ateliers de cuisine de rue et des animations dans les communes sont organisés. Ces échanges dressent la liste des besoins et des envies des habitants et aboutissent à l’élaboration d’un Projet Alimentaire Territorial (PAT) en 2022. « Le PAT est un peu plus large que le territoire de la communauté d’agglomération car il vise à travailler avec les territoires voisins plus urbains et en cours de densification que sont Val d'Europe et Paris-Vallée de Marne ; ainsi qu’avec l’Établissement Public d’Aménagement de la Marne. Au-delà de la protection des zones agricoles, l'ambition est de valoriser le potentiel agricole pour permettre aux habitants de consommer des aliments produits localement. Nous souhaitons aussi que ces aliments soient accessibles au plus grand nombre » ajoute Pierre Tebaldini.   

Un label Fou d’local : mangeons Marne et Gondoire !

Les producteurs locaux sont recensés dans un rayon de 30 kilomètres, peu d’entre eux pratiquent la vente en direct. La collectivité décide de lancer le label Fou d’local pour permettre aux consommateurs d’identifier les produits locaux vendus en circuit court. Elle impulse également les paniers fermiers en lien avec les entreprises locales. Un mailing est envoyé à toutes les entreprises des zones industrielles et artisanales pour leur communiquer les produits disponibles chaque semaine chez les producteurs. Les paniers sont préparés par les producteurs puis livrés sur site. Pour le directeur de cabinet de la communauté d’agglomération de Marne et Gondoire, « Cette opération a permis à quelques producteurs de faire leurs premiers pas en vente directe. Certains n'ont pas la production ou la logistique nécessaires. Il faut les accompagner progressivement. » 

Créer un point de vente adapté aux habitudes de consommation

En septembre 2024, Marne et Gondoire installe deux casiers automatiques connectés comprenant chacun une centaine de cases. Cet équipement facilite l’accès des habitants aux circuits courts. « Les casiers fermiers Fou d’local proposent des produits 100 % Marne et Gondoire, se réjouit Pierre Tebaldini. Ils apportent un nouveau service. Ils offrent des points de vente qui n’existaient pas jusqu’à présent. Ils contribuent à relocaliser les circuits de production et de consommation. » Les casiers sont proches géographiquement des consommateurs et de leurs habitudes d’achat. Le premier, ouvert 24h/24, est installé au bord d'une route passante. Le second est situé à côté d'une promenade populaire en bord de Marne dans un quartier sans commerce de proximité. Ce casier est ouvert de 8 heures à 21 heures avec une porte automatique. Les habitants peuvent s’approvisionner en produits locaux en s’affranchissant de la contrainte horaire des marchés ou d’un magasin de producteurs. 

Les producteurs approvisionnent leurs casiers 

Sept producteurs, sélectionnés via un appel à manifestation d'intérêt, s’engagent à approvisionner leurs casiers fermiers. Une partie des casiers est réfrigérée pour accueillir des produits frais. On y trouve des fruits et légumes de saison, œufs, viande d’autruche, miel, farine locale, pain, bière, biscuits, yaourts, jus de fruits ou encore du savon artisanal. Une convention est établie entre la collectivité et les producteurs. « Le système est conçu pour s'équilibrer sur 20 ans grâce à un droit d'usage payé par les commerçants, poursuit le directeur de cabinet. Les produits frais de consommation courante fonctionnent particulièrement bien, c’est le cas des légumes de saison et surtout des œufs ! ». À chaque vente, le producteur reçoit une notification sur son smartphone. Il gère ainsi le stock et l’approvisionnement des casiers. Le système est géré techniquement par un prestataire qui reverse directement l’argent aux producteurs. Un agent de la collectivité vérifie régulièrement le bon état des casiers. 

Reconnecter l’urbain à l’aspect plus rural du territoire 

Après six mois de fonctionnement, les casiers donnent satisfaction en enregistrant 1 000 et 2 900 ventes par site, pour un panier moyen pour un panier moyen, dont le prix de vente est fixé à 11 à 14 euros selon le site. Des rencontres avec les producteurs sont régulièrement organisées pour créer du lien entre les consommateurs et les producteurs. Un projet d’identification des produits locaux sous le label Fou d’local est en cours de déploiement sur les marchés et chez les commerçants. « Le label Fou d’local reconnecte les urbains à l’aspect plus rural de notre territoire », conclut-il.