« Fabriqué à Saint-Maur » joue la carte du commerce et de l’artisanat local (94)

Saint-Maur-des-Fossés, au sud-est de Paris, présente une physionomie atypique, avec huit quartiers à l’identité marquée comprenant chacun au moins les principaux commerces de proximité et quatre d’entre eux présentent une activité marchande plus importante. Au total, la ville comptabilise 1 320 commerces. Yasmine Camara, adjointe en charge de la délégation commerce et artisanat depuis dix ans, est à l’origine du label « Fabriqué à Saint-Maur », lancé en 2018. « En Île-de-France, les habitants n’ont pas une forte culture de la consommation locale, comme dans d’autres régions. Pourtant, nous avons beaucoup d’artisans ! Nous voulions faire découvrir la fabrication locale aux Saint-Mauriens, tout en soutenant des démarches sociales et environnementales. » Outre la créativité et le savoir-faire, la labellisation s’intéresse aux démarches de formation des apprentis, de participation à la vie du quartier et de respect de l’environnement dans la conduite de l’activité.

Un catalogue varié 

Vingt-et-une candidatures ont été reçues la première année. Depuis, 15 à 28 dossiers sont présentés chaque année. « Notre crainte au départ était le manque de diversité : par exemple, n’avoir que des bijoux, témoigne l’élue. Nous sommes très heureux d’avoir aujourd’hui 95 produits labellisés de toute nature : bière, vin, confiture, film alimentaire, bougies, affiches, maroquinerie, bijoux, stylisme, verrières, mobilier… » Le label est attribué pour trois ans. Ensuite, les artisans peuvent renouveler leur candidature pour le même produit ou étendre leur gamme. Pour candidater, il n’y a pas de restriction sur la taille de l’entreprise. Le label se partage en trois catégories : les fabrications à plus grande échelle sont retenues dans la catégorie « activités de production », les deux autres étant « artisanat d’art et création » et « création culinaire et/ou alimentaire ».

Un jury qui embarque des acteurs institutionnels et associatifs

« Nous avons commencé par échanger avec nos artisans, producteurs, chambres consulaires pour avoir leur appui » reprend l’élue. La CCI et la chambre de métiers ont chacun deux représentants au jury de labellisation. Le jury comprend aussi des élus municipaux, des membres des huit comités de quartier et des associations de commerçants. « Les comités de quartier peuvent aussi être nos sources d’identification des candidats potentiels et les commerçants étaient très contents d’être embarqués. » La présence de la ville sur les réseaux sociaux, notamment Instagram, permet d’aller chercher des artisans qui n’ont pas forcément l’idée de se faire connaître auprès de la mairie. 

D’année en année, un enrichissement du patrimoine local et toujours plus de considérations environnementales

« Plus que des produits nouveaux, nous voyons émerger de nouvelles techniques pour produire de manière plus responsable », confie l’élue. Depuis trois ans, le surcyclage constitue une tendance de fond pour les créateurs, à partir de jean récupéré en ressourcerie ou de chutes de cuir de maisons de couture par exemple. Une modiste réalise des créations en teinture 100 % végétales. Et durant le week-end des Journées européennes du patrimoine, en septembre, chaque année, se déroule la cérémonie de remise du label et du trophée, parce que « nous estimons que ces produits appartiennent au patrimoine local » rajoute Yasmine Camara.

Le soutien aux artisans et commerçants favorise les bonnes relations

La ville s’engage à faire la promotion des produits labellisés : édition annuelle d’un guide, semaine gratuite fin novembre dans la boutique éphémère de la ville (voir encadré), priorité pour la location d’un chalet sur le marché de Noël, panier offert lors du temps d’accueil des nouveaux habitants, démarchage des commerçants et restaurateurs pour qu’ils prennent les produits dans leur boutique et au menu… « Nous faisons également le portrait d’un artisan dans le magazine municipal mensuel et cela génère immédiatement des retombées commerciales. Aujourd’hui, il y a une relation directe entre les commerçants et la ville », souligne l’élue. Et de rajouter : « Ce dialogue de qualité est très important quand il faut aborder des sujets sensibles, comme des opérations de requalification de rues commerçantes ». Une forme de communauté des producteurs labellisés se crée également, allant jusqu’à des collaborations. Ainsi depuis 2022, trois artisanes qui se sont rencontrées dans ce cadre partagent un local professionnel. 

Made in Saint-Maur au salon du Made in France ?

Yasmine Camara a eu l’occasion d’échanger avec d’autres territoires qui voudraient mettre en place ce type de label. « J’invite vraiment les communes à le faire. Le soutien au commerce local est très important dans les circonstances économiques actuelles. » Avec une idée en tête, trouver des partenaires : « je verrais bien nos produits labellisés présentés sur un stand au MIF Expo, le salon du Made in France. Pourquoi pas avec d’autres communes du département ou de la région pour partager les coûts ? »