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France Relance : l'Ademe compte doublement sur les collectivités

Au cœur du plan France Relance, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), à la tête d'un budget d'investissements de 3,7 milliards d'euros sur deux ans, compte doublement sur les collectivités locales pour atteindre les objectifs fixés : comme porteurs de projets, mais aussi comme relais pour diffuser l'information et l'aider à identifier de nouveaux dossiers. 

1,4 milliards d'euros. Telle est l'enveloppe attribuée à l'Ademe dans le cadre du plan France Relance. En tenant compte des 600 millions d'euros de l'Agence des services et de paiement, suivis par l'Ademe, les budgets d'intervention de l'Agence s'élèveront au total à 3,7 milliards sur la période 2021-2022.

Baisser la barre sans arroser le sable

"Nous avons les moyens, les dispositifs, les équipes, les partenaires, dont la Banque des Territoires […]. La question maintenant sur la table, c'est de trouver des projets, et de bonne qualité. Il ne s'agit pas d'arroser le sable !", avertit en conférence de presse ce 28 janvier, Arnaud Leroy, président-directeur général de l'Agence. Ce dernier précise toutefois que l'importance de l'enveloppe permettra "de sélectionner beaucoup plus de projets qu'en temps ordinaire, et pas seulement les plus performants. L'objectif est d'élargir le cercle des convaincus aux gens traditionnellement un peu plus éloignés des préoccupations environnementales, en facilitant le premier pas. En abaissant un peu la hauteur de la barre, nous espérons faire entrer une nouvelle génération de porteurs de projets". La logique "de guichet" par ailleurs introduite devrait y contribuer : des aides forfaitaires, plus aisément accessibles (notamment via le site agirpourlatransition.ademe.fr), et plus rapides à mettre en œuvre.
Pour parvenir au double objectif fixé par le plan – décarboner l’économie en réduisant les émissions carbones de la France de 40% d’ici à 2030 et soutenir les filières d’avenir (hydrogène, recyclage, efficacité énergétique dans l’industrie…) –, Arnaud Leroy compte à double titre sur la mobilisation des collectivités territoriales.

Des collectivités pour porter des projets…

Comme porteurs de projets d'abord. Plusieurs programmes leur sont plus particulièrement ouverts. 
On pense évidemment aux déchets – 535 millions d'euros sont prévus pour la thématique Économie circulaire et déchets. Un appel à projets sur les biodéchets, qui visera notamment la réalisation d'équipements, comme des plateformes de compostage, devrait être lancé d'ici la fin février. "Le sujet n'est pas nouveau mais nous devons vraiment passer à la vitesse supérieure pour être au rendez-vous de 2023 [ndlr obligation de leur tri à la source et de leur valorisation – voir notre article ], surtout si l'on prend en compte la longueur des procédures, ne serait-ce que pour trouver du foncier", avertit Arnaud Leroy, dont les équipes peaufinent encore le dispositif : "tri à la source et ses problèmes d'espace… et de collecte, traitement, mais aussi tarification incitative – l'objectif étant également de faire baisser le poids de la poubelle – question des compétences des collectivités, les enjeux sont nombreux". Un dispositif de soutien à la modernisation des centres de tri d'emballage est également ouvert .
Ainsi également que des travaux de dépollution des sols et/ou des eaux souterraines pour la reconversion d'anciens sites industriels ou miniers – "les friches dont personne ne veut", précise le dirigeant de l'Ademe. Ce programme est doté de 40 millions d'euros ; un appel à projets (voir notre article) est ouvert jusqu'au 25 février. Notons au passage que le sujet des friches est l'objet d'une attention soutenue, un récent rapport parlementaire venant notamment de préconiser l'instauration d'un "guichet unique régional" coordonnant les actions des agences, dont l'Ademe, et des financeurs. Une proposition qui n'a guère suscité l'enthousiasme d'Arnaud Leroy, même s'il a indiqué du bout des lèvres qu'il n'était "pas opposé à une certaine décentralisation".
Ou encore au déploiement de l'hydrogène renouvelable bas-carbone, doté de 275 millions d'euros. Un appel à projets "éco-systèmes territoriaux hydrogène" (voir notre article), qui vise à aider des projets associant infrastructures de production / distribution d'hydrogène et usages de ce dernier (notamment déploiement de véhicules) est ouvert jusqu'au 14 septembre, avec un relevé intermédiaire le 16 mars.

… et pour relayer l'action de l'Ademe

Mais Arnaud Leroy compte aussi sur les collectivités comme autant de relais, à la fois pour diffuser l'information et pour aider ses équipes à identifier de nouveaux candidats. "L'objectif du plan est bien de viser l'ensemble de la population, notamment les PME, destinataires de plusieurs programmes. Des populations souvent inhabituelles pour l'Ademe, mais que les collectivités connaissent bien", souligne-t-il. Ainsi du projet Tourisme durable, doté de 50 millions d'euros, qui vise à soutenir hôtels (notamment via le développement de l'écolabel) et restaurants dans les territoires ruraux. 
Arnaud Leroy se fait optimiste : "Il y a une vraie appétence des collectivités territoriales. Le seul bémol, c'est la crise, difficile à gérer pour les élus locaux, sur tous les fronts, et qui ne favorise pas les échanges." Le dirigeant souligne également qu'elle n'est pas sans compliquer certains dossiers, comme celui des biodéchets : "Les restaurateurs constituent évidemment un contributeur important. La question est de savoir comment ils vont ressortir de la crise". À quelque chose malheur est bon semble toutefois son credo. "La covid a aussi eu des conséquences positives ; elle a été un véritable accélérateur dans de nombreux domaines : le boom du vélo, avec en négatif un recul des transports en commun, la généralisation du télétravail, avec néanmoins une demande désormais conséquence d'un retour sur site, le renouveau de l'alimentation, avec la consommation de produits frais, qui a relancé la question du maraîchage autours des villes, ou encore l'ouverture d'un débat sur la relocalisation…". Autant de sujets qui ne manqueront pas d'alimenter les réflexions – et les projets – des collectivités ces prochains mois.