Habitat intermédiaire : 500.000 nouvelles solutions sont nécessaires, estime le Conseil de la CNSA
Résidences autonomie, résidences services seniors, habitat inclusif, accueil familial, habitat intergénérationnel… d’ici 2050, un demi-million de ces solutions intermédiaires pour personnes âgées, entre le "domicile historique" et l’Ehpad, doivent voir le jour, estime le Conseil de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie. La contribution de ce dernier doit alimenter une stratégie nationale en la matière.

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"Bien vivre et bien vieillir dans un habitat fait pour soi." À travers une contribution rendue publique le 16 octobre 2025, le Conseil de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) appelle à créer 500.000 nouvelles solutions de logement en habitat intermédiaire d’ici 2050.
"Aujourd'hui, une conviction largement partagée, c'est que le nombre de personnes dans les Ehpad n'évoluera pas ou très peu", a souligné Jean-René Lecerf, président du Conseil de la CNSA, le 16 octobre lors d’une conférence de presse. L’aspiration du plus grand nombre est de vieillir à domicile (voir notre article), mais le "domicile historique" peut ne pas être suffisamment adapté et sécurisé en cas de perte d’autonomie, en particulier si la personne est isolée. Il y a donc, "entre les deux, un écart colossal pour trouver des lieux de logement pour un très grand nombre de personnes", affirme l’ancien président du département du Nord. En soutenant le développement de l’habitat intermédiaire, la CNSA confirme sa volonté de "répondre à l'aspiration domiciliaire", avec des logements où "on est comme chez soi, l'insécurité et l'isolement en moins".
Cette contribution nourrira la mission que le gouvernement a confiée à la CNSA et la Caisse des Dépôts "pour construire une stratégie" sur l’habitat intermédiaire et cette dernière pourrait être présentée "d’ici la fin de l’année", a précisé Maëlig Le Bayon, directeur de la CNSA.
L’urgence d’une planification nationale
"Le Conseil évalue à 280.000 le nombre de personnes bénéficiant aujourd’hui de ce type d’habitat", peut-on lire dans le communiqué de la CNSA. Cela correspond à environ 120.000 places dans des résidences autonomie, 100.000 appartements dans des résidences services seniors, 18.000 places en accueil familial, 8.000 personnes dans des habitats inclusifs, 4.000 personnes dans des "résidences accueil", 3.700 en "cohabitation intergénérationnelle" et 13.000 logements dans des résidences intergénérationnelles.
"Très insuffisante", cette offre "ne permet pas aux personnes âgées ou en situation de handicap d’exercer la liberté de choix à laquelle elles aspirent dans leur parcours de vie", selon le Conseil de la CNSA. D’où la nécessité d’"une planification au niveau national". Le caractère d’urgence de la mobilisation est ainsi illustré : "Pour arriver à simplement doubler le nombre de places en résidence autonomie d’ici 2050, il faudrait multiplier par huit la dynamique de création de places constatées sur ces dernières années."
Le vieillissement de la population s’accélère et il n’est plus temps d’attendre, pour Jean-René Lecerf qui appelle à "dégager des moyens" qui seront "partiellement compensés" - par moins de dépendance et d’isolement des personnes concernées, et donc moins de recours aux urgences et à l’hospitalisation.
Un cadre national garantissant l’équité entre les territoires
Le Conseil de la CNSA préconise de mettre en place une gouvernance solide pour piloter ce sujet, aux niveaux national et territorial – mobilisation de tous les acteurs locaux sous l’égide du département. Il s’agit d’intervenir plus vite dans les départements où "le choc" démographique est déjà présent, selon le président qui estime que ces politiques ne doivent pas être "identiques" mais "proportionnées de la même manière" pour que "personne ne soit tenté de déménager en fonction des politiques départementales". Jean-René Lecerf parle donc de "cadre national qui soit suffisamment souple pour permettre la coconstruction" au niveau local.
Il estime que ce n’est pas au Conseil de la CNSA de formuler des préconisations précises sur la répartition du financement (part de la solidarité nationale, part des départements, part assurantielle…), tout en plaidant pour un système qui garantisse l’accessibilité financière et l’équité entre les citoyens sur tout le territoire. L’une des recommandations du Conseil est toutefois de "repenser les financements, en mettant en cohérence les différentes aides (APA, PCH, AVP)".
Les autres priorités mises en avant par le Conseil sont : de "sécuriser le cadre juridique et garantir l’équité entre les différents types d’habitat" ; de "renforcer la prévention et la coordination des soins et de l’accompagnement médicosocial au sein des habitats" ; de "soutenir les professionnels en les accompagnant dans les changements de pratiques" ; et d’"améliorer la visibilité de ces solutions". Le Conseil de la CNSA préconise enfin de se placer dans une approche globale pour "offrir un parcours résidentiel complet", et donc d’"accélérer la transformation domiciliaire des établissements" et de "l’offre de maintien à domicile". "Le bashing [des Ehpad], c'est terminé", conclut Jean-René Lecerf, estimant que la "complémentarité" entre les solutions doit devenir "la règle".