Grand âge : le gouvernement met le cap sur l’habitat intermédiaire
Le plan "grand âge" du gouvernement ne sera présenté qu’à l’automne, mais la ministre de l’Autonomie a d’ores et déjà confirmé des orientations, lors d’une rencontre avec les acteurs du secteur. L’accent est notamment mis sur le développement de l’habitat intermédiaire, dont les résidences autonomie et l'habitat inclusif. Dans un contexte financier tendu, se pose la question du financement de besoins en forte hausse à horizon 2030-2040.

© @lecocqcharlotte/ Charlotte Parmentier-Lecocq a réuni les acteurs du grand âge le 17 juin
La ministre de l’Autonomie et du Handicap, Charlotte Parmentier-Lecocq, a réuni le 17 juin 2025 les acteurs du grand âge – fédérations d’employeurs, représentants des personnes âgées et des aidants, départements, etc. – pour préparer un "plan grand âge" qui est annoncé pour l’automne. D’ici là, la conférence nationale de l’autonomie, instance de concertation sur les politiques de prévention de la perte d’autonomie, se tiendra le 9 juillet. Et, selon son entourage, la ministre lancera également "dans les prochaines semaines" la stratégie pour les maladies neurodégénératives 2025-2030.
Plus globalement, Charlotte Parmentier-Lecocq affirme vouloir construire avec les acteurs "une politique du grand âge lisible et ambitieuse", pour répondre aux besoins croissants liés à l’accélération du vieillissement de la population. "Les ‘baby-boomers’ atteindront l’âge de 85 ans à partir de 2030" et quelque 500.000 personnes supplémentaires devraient être en perte d’autonomie d’ici 2040, a rappelé la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees, ministères sociaux) lors de cette réunion.
Priorité au développement de l’habitat intermédiaire
Face à cela, "il va falloir que le pays prenne ses responsabilités", indique l’entourage de la ministre, estimant nécessaire de programmer davantage les réponses – à l’image du champ du handicap jugé désormais "très structuré" avec le plan 50.000 nouvelles solutions médicosociales. Dans le contexte budgétaire tendu, il s’agit notamment d’"optimiser les moyens de la branche" qui affiche une trajectoire en déficit de 3 milliards d’euros à horizon 2028. "La dynamique des besoins pose nécessairement la question des modalités de financement de la protection sociale, et de la branche autonomie plus particulièrement", souligne le gouvernement dans sa présentation aux acteurs du grand âge, sans pouvoir apporter de réponse à ce stade. Seule certitude, selon le cabinet de la ministre : il importe d’"assumer des priorités".
Une priorité en particulier est mise en avant : le développement massif d’ici 2030 de l’habitat intermédiaire, présenté comme un prolongement de la politique domiciliaire. Cela passera par le soutien des résidences autonomie (les résidences services seniors, entièrement privées, "tournent toutes seules") et des différentes formes d’habitat inclusif notamment via l’aide à la vie partagée, mais aussi des colocations intergénérationnelles ou encore de l’accueil familial. Les conclusions de plusieurs missions seront rendues d’ici la fin de l’été pour "sécuriser le modèle juridique et économique, identifier les conditions d’essaimage et les potentialités de chacun des modèles d’habitat intermédiaire et partagé", indique le gouvernement.
Sur le maintien à domicile, le gouvernement met l’accent sur la réforme des services autonomie à domicile (SAD) et sur l’objectif de création de 25.000 places de services de soins infirmiers à domicile (Ssiad) d’ici 2030. Pour renforcer l’attractivité des métiers d’un secteur en souffrance, les leviers présentés sont le lancement cet été du fonds de soutien à la mobilité des aides à domicile, des temps d’échange de pratiques et le "dialogue avec les départements" sur les enjeux salariaux.
Plus largement sur l’attractivité des métiers du grand âge, l’entourage de la ministre de l’Autonomie promet des mesures pour lutter contre la sinistralité, assorties de moyens de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA), "dans les prochaines semaines". Un plan plus global sur les métiers du soin et du lien sera porté par la ministre du Travail, des Solidarités et de la Santé, Catherine Vautrin.
Ehpad : la qualité plus que la quantité
Concernant les Ehpad, la trajectoire du gouvernement repose sur le choix d’accélérer la désinstitutionalisation déjà à l’œuvre : création de 10.000 places d’ici 2030, alors que 270.000 places en Ehpad et 50.000 en résidences autonomie seraient nécessaires à préférences d’entrée en établissement inchangées. "Sans création de places supplémentaires en Ehpad, ce sont 320.000 places qui seraient nécessaires en résidences autonomie", précise le gouvernement, sur la base des projections de la Drees.
L’ambition affichée est donc de "transformer et piloter" les Ehpad existants "par la qualité" : hausse du taux d’encadrement (+ 50.000 ETP d’ici 2030, dont + 6.500 en 2025), accompagnement de 1.800 Ehpad d’ici 2027 par l’Anap (Agence nationale de la performance sanitaire et médicosociale) via le dispositif Perf’Ehpad (un communiqué du ministère détaille cet accompagnement proposé aux Ehpad, qui porte sur la gestion et le pilotage, mais aussi la qualité de vie des résidents et familles et les conditions de travail), le déploiement de 500 centres ressources territoriaux (CRT) pour "relier les Ehpad à leur territoire" (environ 200 seraient déjà installés), le développement de 6.000 solutions de répit supplémentaires d’ici 2027, la simplification de la gouvernance et des financements avec la fusion des sections soins et dépendance (le deuxième décret paraîtra avant le démarrage, au 1er juillet, de l’expérimentation dans 23 départements).