Vieillir à domicile : la préférence se confirme
Les trois quarts des personnes interrogées par la Drees en 2023 n’envisageaient pas de vieillir en établissement pour personnes âgées. Du côté de l’entourage, la tendance est encore plus forte puisque 81% excluaient la vie en établissement pour leur proche.

© Drees, Baromètre d’opinion 2023.
De moins en moins de Français seraient prêts à vivre dans un établissement pour personnes âgées dans le futur, selon les résultats d’un baromètre récemment rendu public par la Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques, ministères sociaux) et réalisé auprès d’un échantillon représentatif de 4.000 personnes. 74% des personnes interrogées n’envisageaient pas cette possibilité en 2023 contre 53% en 2001, soit une forte hausse en 22 ans. Si les plus jeunes sont logiquement les plus opposés à la perspective lointaine de vieillir en établissement (80% des 18-24 ans) et si les personnes "se déclarant fortement limitées dans leurs activités depuis au moins six mois" sont de leur côté un peu moins réfractaires (66%), la tendance concerne bien toutes les classes d’âge.
Le mouvement en faveur du domicile s’observe également fortement du côté de l’entourage : seuls 19% envisageaient en 2023 l’entrée de leur proche parent en institution, 44% se déclarant prêts à s’occuper de lui à son domicile, 21% à l’accueillir chez lui et 16% à le soutenir financièrement pour organiser la venue d’aides à domicile. En tout, ce sont donc 81% des personnes interrogées qui affirment vouloir organiser le vieillissement à domicile (au sens large) de leur proche. La Drees constate une évolution nette en dix ans, puisque la proportion de personnes se déclarant prêtes à s’occuper de leur proche pour lui permettre de rester dans son domicile était de 25% en 2014 (soit près de 20 points en moins qu’en 2023). Les Français les moins aisés envisagent encore moins la possibilité de la vie en établissement pour leur proche (15% contre 23% les plus aisés) et seraient à l’inverse "plus enclins à accueillir chez eux leur parent dépendant" (27% contre 13% pour les plus aisés).
En 2024, les personnes dépendantes étaient prises en charge à 60% à leur domicile et à 40% en établissement. Un chiffre rappelé par l’Institut Santé présidé par l’économiste Frédéric Bizard dans on récent rapport regrettant que le fameux "virage domiciliaire" soit "une arlésienne politique" (sur ce rapport, voir notre autre article de ce jour).
Les questions du baromètre de la Drees portaient également sur le financement de la perte d’autonomie, 69% des personnes interrogées en 2023 se prononçant en faveur d’une prise en charge par l’État (en hausse de cinq points par rapport à 2014), 18% par les familles (en baisse de sept point) et le reste par l’épargne ou l’assurance privée. La Drees observe encore "un nombre croissant de Français favorables à une aide universelle sans condition de ressources" pour les personnes âgées en perte d’autonomie : 47% en 2023, après 23% en 2007. Et si une cotisation spécifique était créée pour le financement de la perte d’autonomie, 46% des sondés estiment qu’elle devrait être obligatoire, dont 26% pour tous et 20% à partir d’un certain âge.