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Eau - La consommation d'eau baisse mais les coûts fixes du service augmentent

La Fédération professionnelle des entreprises de l'eau (FP2E) vient de mettre en ligne la 4e édition du rapport réalisé avec le bureau d'études économiques Bipe sur les services publics d’eau et d'assainissement en France. Ces services sont au nombre de 35.000 en France. Ils impliquent de nombreux acteurs (départements, agences de l'eau, Union européenne) et ont vu émerger, surtout pour l'assainissement, l'importance de la compétence intercommunale. Sur une cinquantaine de pages, cette étude, un brin consensuelle, dresse avant tout un état des lieux des ressources en eau et rappelle l'objectif de bon état fixé d'ici 2015 pour les deux-tiers des masses d'eau.

Etat des lieux et enjeux

La France dispose de 2.000 milliards de m3 de stock de ressources en eau. Si ce chiffre donne un ordre d'idée de la quantité d'eau disponible, il est à relativiser au regard de plusieurs critères et cache des réalités multiples, cinq départements ayant par exemple eu à prendre chaque année depuis onze ans des arrêtés de limitation des usages de l’eau en raison d'un déficit chronique. En parallèle, la consommation d'eau pour des besoins domestiques tend à baisser. En 2004, elle représentait un cinquième des prélèvements d'eau réalisés. Pour ces besoins, les eaux souterraines sont le plus souvent utilisées, les eaux de surface nécessitant pour leur part un traitement de potabilisation plus complexe. Toutes transitent par un réseau labyrinthique et soumis à deux enjeux : limiter les fuites (rendement) et les interruptions (continuité de service). Globalement, sa performance est bonne et 85% des Français le perçoivent positivement.
L'étude fait aussi un point sur l'assainissement, collectif et non-collectif. Assuré par le privé, l'entretien de ce réseau est essentiel. Même chose pour le parc de stations d'épuration, surtout constitué d'usines de petite taille. Leur nombre, globalement, progresse, les filières se multiplient et les procédés se complexifient. Leur mise en conformité est toujours en cours : 70% du parc l'est aujourd’hui et une quarantaine de chantiers restent à boucler. Autre enjeu qui reste d'actualité : la gestion des boues de station, de plus en plus valorisées par le biais de l'épandage agricole.

Economie du secteur

Quant à l'économie du secteur de l'eau, elle brasse 4,1 milliards de m3 d'eau à distribuer, les trois quarts l'étant par le privé, qui emploie 33.000 salariés en France. Le décalage de ce volume avec celui des eaux à assainir dépend des réalités locales (certaines zones d'habitat ne sont parfois pas raccordées au réseau de collecte des eaux usées dont elles dépendent). De même pour le prix du service, très variable d'une commune à l'autre, notamment en raison de la diversité des modes d'assainissement existants et des distorsions d'ordre fiscal. En moyenne, l'eau représente 0,8% du budget des ménages, selon l’Insee. Ce chiffre est stable mais la FP2E rappelle que les coûts fixes du service, eux, tendent plutôt à augmenter "car les pollutions sont plus concentrées et donc plus difficiles à traiter" : "L'économie des services s'en trouve donc bouleversée et les prix vont devoir s'ajuster à la hausse pour tenir compte de ces nouvelles bases. Cette tendance impacte tous les acteurs des services d'eau et, en premier lieu, l'Etat et les collectivités locales, qui perçoivent 60% des recettes des factures d'eau", détaillent les auteurs du rapport.
L'activité du secteur évolue également au regard de facteurs macroéconomiques tels que le vieillissement de la population et la mobilité interrégionale, qui se joue au profit du Sud et de la façade atlantique. De fait, on consomme deux fois plus d'eau en Paca que dans le Nord-Pas-de-Calais. Il n'en reste pas moins que le secteur fait partie des priorités d'investissement pour les collectivités, derrière l'efficacité énergétique. Six milliards d'euros ont ainsi été investis dans le secteur en 2008.


Morgan Boëdec / Victoires éditions