La précarité énergétique en progression, selon le baromètre annuel du médiateur national de l’énergie
Plus du tiers des foyers français (36%) déclarent avoir peiné à payer certaines factures de gaz ou d'électricité ces douze derniers mois, soit le niveau le plus haut jamais enregistré, selon le baromètre annuel du médiateur national de l'énergie, publié ce 28 octobre. La proportion de ménages déclarant souffrir du froid l’hiver et de la chaleur l’été dans leur logement continue aussi à augmenter.
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"La précarité énergétique reste un enjeu majeur et s’accentue", constate le baromètre annuel du médiateur national de l’énergie* publié ce 28 octobre. À l’approche de la trêve hivernale qui débutera le 1er novembre, la situation des ménages face à leurs factures d’énergie reste préoccupante, note le document. 85% des ménages estiment ainsi que leurs factures représentent une part importante de leur budget, soit la proportion la plus élevée depuis 2007. Les difficultés de paiement sont aussi de plus en plus nombreuses : 36% des ménages (contre 28% en 2024) déclarent rencontrer des difficultés pour payer leurs factures de gaz ou d’électricité tandis que la restriction du chauffage pour raison financière concerne toujours 74% des foyers.
Précarité énergétique d'hiver... et d'été
35% des ménages déclarent avoir souffert du froid au moins 24h dans leur logement l’hiver dernier. Une proportion en nette hausse – elle était de 30% en 2024 et de 14% en 2020. Les principales raisons invoquées restent financières et/ou liées à une mauvaise isolation. Parallèlement, l’été 2025, plus chaud qu’en 2024, a entraîné davantage d’inconfort lié à la chaleur dans les logements, relève le baromètre : 49% des foyers disent ainsi avoir souffert d’un excès de chaleur pendant au moins 24h dans leur logement. Au total, 23% des ménages déclarent avoir souffert à la fois du froid l’hiver dernier et de la chaleur cet été, soit une hausse de 6 points en un an.
Les bénéficiaires du chèque énergie davantage touchés
Les bénéficiaires du chèque énergie sont davantage touchés par les aléas météorologiques que le reste de la population, souligne aussi le baromètre. 59% déclarent avoir souffert du froid l’hiver dernier (+10 points entre 2024 et 2025), une proportion bien plus élevée que sur l’ensemble des ménages (35%) et 64% d'un excès de chaleur l'été dernier (+12 points entre 2024 et 2025).
Le décalage du versement du chèque énergie 2025 en novembre au lieu d’avril, en raison du retard d’adoption de la loi de finances, a aussi aggravé la situation de ses bénéficiaires : 35% déclarent qu’il a généré des difficultés de paiement, 14% des frais supplémentaires, 13% des problèmes avec leur fournisseur d’énergie et 10% une coupure ou réduction d’énergie.
Dans ce contexte, le médiateur national de l’énergie, Olivier Challan Belval, réitère son appel à interdire les coupures d’électricité en cas d’impayés et à instaurer un droit à une alimentation minimale en électricité, garantissant une puissance minimale de fourniture tout au long de l’année. "À la veille de la trêve hivernale, je tiens à rappeler que l'électricité constitue un produit de première nécessité", a-t-il déclaré à l'AFP. Soulignant que les coupures d'électricité pour impayés "sont d'une grande violence pour les foyers les plus vulnérables", il propose "de les remplacer par une limitation de la puissance de la fourniture d'électricité".
Une sobriété d'abord motivée par la volonté de réduire sa facture d'énergie
Le baromètre 2025 montre également que les comportements face à la transition énergétique restent principalement dictés par la volonté de réduire leur facture. Si 85% des foyers déclarent avoir changé leur comportement depuis la crise énergétique ou estiment qu’ils faisaient déjà le maximum en matière de sobriété, 87% le font pour des raisons financières et 34 % seulement pour des motivations écologiques. En moyenne, les ménages déclarent pratiquer 5,6 gestes d’économie d’énergie sont pratiqués par foyer (contre 6 en 2024).
La vigilance diminue notamment sur la température de chauffage et la mise en veille des appareils, selon le baromètre qui estime que la sobriété est davantage subie que pleinement choisie. Un foyer sur deux déclare ainsi avoir souscrit un contrat "heures pleines/heures creuses" permettant de déplacer une partie de sa consommation en heures creuses. Si 70% des ménages déclarent utiliser leurs machines à laver pendant les heures creuses et 54% avoir mis en place un déclenchement automatique de leur ballon d’eau chaude, seuls 28 % déclarent adapter leur chauffage à ces périodes, alors qu’il s’agit pourtant du principal poste de consommation d’électricité dans les logements.
14% des foyers interrogés déclarent en outre ignorer les horaires de leurs heures creuses. Un déficit d’information particulièrement marqué chez les plus jeunes (19% parmi les moins de 35 ans et 9% parmi les plus de 55 ans).
* Enquête réalisée par l’institut Becoming par voie électronique du 10 au 17 septembre 2025 auprès de 2.000 foyers