La réforme des diplômes du travail social est actée avec la publication de cinq arrêtés
L’architecture des formations en travail social évoluera à partir de la rentrée 2026, avec la mise en place d’un tronc commun conséquent et de passerelles renforcées entre les métiers.

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Après avoir fait l’objet de vifs débats (voir notre article), la réforme des diplômes d’État de niveau VI du travail social a été entérinée par la publication, au Journal officiel du 14 octobre 2025, de cinq arrêtés. Les diplômes concernés sont ceux d’assistant de service social (ASS), d’éducateur de jeunes enfants (EJE), d’éducateur spécialisé (ES), d’éducateur technique spécialisé (ETS) et de conseiller en économie sociale et familiale (CESF).
Pour les quatre premiers, la réforme entrera en vigueur le 1er septembre 2026. Un an de plus est prévu pour les CESF, avec une application des nouvelles dispositions au 1er septembre 2027. Les arrêtés détaillent les conditions d’accès à ces cursus, le contenu et l’organisation des formations, les modalités d’évaluation des candidats et de délivrance des diplômes. La formation au métier de CESF prévoit 1.104 heures sur une année, dont 544 heures de théorie et 560 heures de pratique (16 semaines de stage). Les quatre autres formations se déroulent sur trois ans et comprennent 3.442 heures, dont 1.517 heures de théorie et 1.925 heures de pratique (55 semaines de stage).
Des blocs de compétences communs et des passerelles
Les nouveaux référentiels de formation comprennent quatre blocs de compétences, dont des blocs communs à tous les diplômes (dont "S’inscrire dans une dynamique partenariale et territoriale en lien avec la mise en œuvre des politiques de cohésion sociale") et d’autres spécifiques à chaque métier (par exemple "Concevoir et conduire un accompagnement éducatif spécialisé dans une visée préventive et inclusive" pour les ES, "Concevoir et conduire un accompagnement social global favorisant l'insertion sociale et l'amélioration des conditions de vie" pour les ASS, "Concevoir et conduire un accompagnement socio-éducatif dans l'intérêt des jeunes enfants et de leur famille" et "Favoriser et soutenir le développement harmonieux et l'épanouissement du jeune enfant" pour les EJE).
Une annexe à chaque arrêté détaille les correspondances entre certifications, avec des dispenses et des allègements accordés "à hauteur des compétences avérées acquises dans le cadre de la formation ou/et de l'expérience professionnelle du candidat", afin de faciliter les passerelles entre les métiers du travail social.
Dilution des compétences ou renforcement du travail social ?
Plusieurs organisations professionnelles regrettent la "dilution" de compétences spécifiques au sein de formations désormais moins spécialisées. "Sur 1.000 heures actuellement consacrées à l’accueil et l’accompagnement du jeune enfant et de sa famille, les futurs EJE n’auront plus que 672 heures de formation spécifique en petite enfance", déplore par exemple la Fédération nationale des éducateurs de jeunes enfants (Fneje) dans un communiqué du 15 octobre 2025 relayé par le média Les Pros de la petite enfance. La Fneje pointe également un abaissement des exigences avec la transformation du mémoire de recherche en un "dossier d’analyse" plus modeste en guise d’épreuve conclusive.
Dénonçant de son côté un "sabotage méthodique de la formation" ("suppression du mémoire, automatisation des allègements, désengagement de l’État"), l’Association nationale des assistants de service social (Anas) a formulé en septembre 2025 des propositions. Pour ces professionnels, une "formation d’excellence" repose en particulier sur le renforcement de "la singularité du travail social" et de l’autonomie professionnelle.
La réforme était à l’inverse soutenue par les organisations employeurs, la Fehap, Nexem et l’Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire (Udes) ayant notamment considéré en juin dernier que "la mise en place d’un tronc commun et la promotion des mobilités professionnelles" contribueraient à "l'attractivité et à la fidélisation des professionnels dans un secteur en tension".
Références : arrêté du 6 octobre 2025 relatif au diplôme d'État d'assistant de service social, arrêté du 6 octobre 2025 relatif au diplôme d'État de conseiller en économie sociale familiale, arrêté du 6 octobre 2025 relatif au diplôme d'État d'éducateur de jeunes enfants, arrêté du 6 octobre 2025 relatif au diplôme d'État d'éducateur spécialisé et arrêté du 6 octobre 2025 relatif au diplôme d'État d'éducateur technique spécialisé, publiés au Journal officiel du 14 octobre 2025. |