L'Alsace se donne un mois pour négocier sa sortie de la région Grand Est

Le président de la Collectivité européenne d'Alsace (CEA) a indiqué ce 29 avril qu'il se donnait un mois pour négocier avec l'État la sortie de l'Alsace de la région Grand Est, alors qu'Emmanuel Macron a dit refuser "un grand jeu institutionnel" pour le territoire alsacien.

Lors d'un déplacement vendredi à Strasbourg, le président de la République s'est prononcé pour des transferts de compétences accrus en direction de la CEA, fusion des conseils départementaux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin depuis 2021. Mais il a rejeté la demande du président de la CEA d'une sortie de la région Grand Est, fusion en 2015 de l'Alsace, de la Lorraine et de la Champagne-Ardenne.

Emmanuel Macron a estimé avoir, lors de son premier mandat, "reconnu pleinement la question alsacienne et on a innové ensemble puisqu'on a créé cette Communauté européenne d'Alsace" (CEA), fusion des conseils départementaux du Haut-Rhin et du Bas-Rhin depuis 2021, qu'il a qualifiée d'"inédite". Au sein de la CEA, "les élus ont été responsables puisqu'ils ont supprimé un niveau de collectivité, (...) les départements ont été fusionnés, ce qui est vraiment un signe de volonté et d'efficacité", a-t-il poursuivi. Pour autant, il a estimé qu'il fallait désormais "plutôt avoir une approche d'efficacité et de service de nos concitoyens", avec des attributions institutionnelles à l'échelle du Grand Est pour "la question des infrastructures et des déplacements" ou au niveau de la CEA pour le "sport, l'artisanat" ou le "commerce". "Je pense qu'il faut qu'on rouvre la question de certains transferts de compétences, délégations de compétences mais il ne faut pas faire de grand jeu institutionnel", a encore indiqué le président.

Tenant une conférence de presse ce lundi, Frédéric Bierry a cependant indiqué qu'Emmanuel Macron aurait "ouvert une porte" en proposant un délai de 30 jours pour discuter avec le président de la région Grand Est, Franck Leroy, proche du camp présidentiel, et avec la préfète de région, Josiane Chevalier. Pour Frédéric Bierry, cette "négociation" ne doit servir qu'à une chose : obtenir la sortie du Grand Est. "J'irai en négociation, cette négociation, elle doit être courte et je n'ai qu'un mandat, c'est celui que les Alsaciens m'ont donné et ce mandat est très clair : ils veulent le retour d'une région Alsace à part entière et c'est ce que je défendrai", a-t-il déclaré. "C'est le moment important, on a 30 jours pour montrer notre force et notre détermination à ce que l'Alsace soit entendue sur sa demande légitime de devenir une région à part entière", a-t-il lancé.

Frédéric Bierry a rejeté l'offre du chef de l'État de se contenter de donner à l'Alsace d'autres compétences dans les domaines du sport, de l'artisanat ou du commerce. "Donner quelques miettes aux Alsaciens ça ne réglera pas le problème", a-t-il estimé. "Comment les Alsaciens pourraient-ils accepter que, sous la menace, les Corses sont en voie d'obtenir un pouvoir législatif et une autonomie, et que nous Alsaciens, avec une voix démocratique forte, une démarche démocratique sans précédent, nous ne soyons pas entendus ?" L'élu a lancé un appel aux parlementaires alsaciens, particulièrement ceux du camp macroniste, à faire pression sur le gouvernement. "Ils ont l'occasion de montrer leur mécontentement", a-t-il dit.