Le gouvernement lance sa "stratégie en faveur de l’emploi des jeunes"

Dans un contexte budgétaire tendu, le gouvernement a proposé, en Conseil national de l’emploi, de lancer (ou relancer) une liste de mesures visant à améliorer l’insertion professionnelle des jeunes sans emploi ni formation. 

Face aux difficultés d’insertion persistantes des 16-25 ans, le gouvernement se mobilise à nouveau. Élisabeth Borne, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Astrid Panosyan-Bouvet, ministre chargée du travail et de l’emploi, et Marie Barsacq, ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative, ont présenté au Conseil national pour l’emploi du 16 juillet 2025 des "pistes de mesures" en faveur de l’emploi des jeunes. 

Le plan suit trois axes : l’information et l’orientation des jeunes sur les métiers qui recrutent, le renforcement des liens entre les jeunes et les entreprises et l’accompagnement intensif des publics les plus vulnérables et dans une logique de prévention du décrochage. 

"Ces trois axes ne sont pas nouveaux mais il y a sans doute des marges de progrès sur leur exécution", a convenu la ministre Astrid Panosyan-Bouvet, lors d’un point presse. Les "pistes de mesures" présentées lundi sont le résultat d’une large consultation des parties prenantes lors des deux derniers mois. Une feuille de route qui se veut avant tout "opérationnelle", a expliqué la ministre. Et demandant surtout de l’"huile de coude" dans un contexte où le ministère du Travail sera amené à contribuer aux économies budgétaires. 

Hausse des budgets pour les "solutions structurantes"

Seule exception pour l’instant, la ministre Astrid Panosyan-Bouvet annonce des budgets "en progression" en faveur des écoles de la deuxième chance (E2C), des établissements pour l’insertion dans l’emploi (Epide, lire notre article) et des écoles de production. Autant de dispositifs qui font partie des "solutions structurantes" pour les jeunes peu qualifiés et en difficulté sociale. 

Elle compte aussi "développer" 50.000 places de formation de spécialisation d’un an en alternance sur les premiers niveaux de qualification, en lien avec les branches professionnelles. 

Améliorer le pilotage de l’obligation des 16-18 ans

Instituée par la loi "École de la confiance" du 26 juillet 2019 (lire notre article), l’obligation de formation des 16-18 ans, confiée aux missions locales, devra être pilotée "dans une logique de résultats" et en clarifiant "les responsabilités des acteurs impliqués". 

Dans son rapport public annuel 2025, la Cour des comptes avait fortement critiqué cette politique publique pour son manque d’efficacité. Les magistrats ont constaté des difficultés techniques à recenser les jeunes décrocheurs, faute de moyens et de système d’information adapté. Mais aussi un manque de remontée d’informations au département par les missions locales sur les jeunes "sans solution" qui ne respectent pas l’obligation de formation. 

CEJ : expérience en entreprise dès les deux premiers mois

Les missions locales et France Travail devront aussi "systématiser une expérience en entreprise dans les deux premiers mois du contrat d’engagement jeune" et construire "des parcours adaptés aux besoins des filières". Une forme de retour à la pratique ayant cours dans le cadre de la garantie jeunes, où les immersions en entreprise étaient proposées plus rapidement qu’actuellement. 

Les deux opérateurs devront par ailleurs "proposer à tous les lycéens en dernière année des ateliers collectifs et des entretiens individuels" afin de faciliter leur insertion professionnelle, mesure qui correspond au dispositif "AvenirPro" déjà en cours de déploiement. 

Les conseillers du réseau pour l’emploi devront davantage solliciter les entreprises. Le gouvernement annonce une "formation de référence" afin "de les former à la stratégie de mobilisation des entreprises". Il en appelle aussi aux "task force entreprise", déjà mises en place par France Travail dans les différents bassins d’emploi avec l’appui de partenaires locaux (lire notre article) pour les "engager". 

L’UNML réclame un financement "stable"

Dans un communiqué, l’UNML "salue la volonté de coconstruction de la stratégie" et indique rejoindre les propositions du gouvernement. Au-delà, elle propose "de travailler à un accord-cadre national" entre le réseau pour l’emploi (RPE) et l’Éducation nationale, ainsi qu’avec l’Enseignement supérieur, "afin de dresser une feuille de route nationale déclinable et adaptable territorialement". 

Surtout, dans l’attente de l’examen d’un budget qui sera synonyme de nouvelles coupes dans les dépenses, l’UNML souligne la nécessité d’un "cadre financier à la fois stable, souple et surtout pérenne". À la différence des solutions structurantes, Astrid Panosyan-Bouvet est restée muette sur les futurs volumes de contrats d’engagements jeune et de parcours contractualisés d’accompagnement vers l’emploi et l’autonomie (Pacea).

 

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