La Cour des comptes salue les "réels progrès" accomplis par les établissements pour l’insertion dans l’emploi (Épide)

Rattrapage plutôt réussi pour l’Établissement pour l’insertion dans l’emploi (Épide). Depuis son précédent contrôle par la Cour des comptes dont les résultats, très mitigés, avaient été publiés en juin 2021 (lire notre article), ce dispositif destiné aux jeunes de 16 à 25 ans sans diplôme ni qualification "a accompli de réels progrès", selon un rapport de suivi de la juridiction financière, publié lundi 16 juin. 

+30% de volontaires

En 2021, les différents sites de l’Épide étaient en perte de vitesse. Aujourd’hui, la tendance s’est inversée : entre 2019 et 2024, le nombre de jeunes accueillis a augmenté de plus de 30% pour s’établir à 4.193 l’an dernier. L'Épide "a renforcé sa notoriété". Il s’est ouvert à des publics plus vulnérables susceptibles de cumuler des difficultés en ouvrant notamment son accueil aux mineurs à partir de 17 ans et en développant l’hébergement le week-end. La nouvelle formule d’accueil s’accompagne d’un taux d'insertion plus élevé : 74% en 2023 contre 59% pour les volontaires non hébergés en fin de semaine, "ce qui tendrait à démontrer l'utilité de cette nouvelle formule proposée par l'établissement", salue la Cour des comptes. Tous volontaires confondus, le taux d’insertion, lui aussi en hausse, s’élevait à 68% en 2024. Cependant, les candidats qui leur ont été adressés en tant que solution de la dernière chance sont régulièrement refusés en raison de troubles psychiques qu’ils ne savent pas prendre en charge. Le taux de jeunes filles volontaires, s’il a progressé de cinq points, plafonne à 27,4% en 2024. 

Dépenses en forte hausse

L’Épide est actuellement "en négociations" pour son prochain contrat d’objectifs et de performance selon l’agence de presse AEF info. Le ministère des Armées restera associé à son élaboration, indique la DGEFP en réponse au rapport. L’établissement va devoir "formaliser une stratégie de maîtrise des coûts", selon la Cour des comptes, car "c'est à ce prix que la revalorisation de la rémunération des agents pourra être mise en œuvre". Une revalorisation nécessaire pour poursuivre la réduction de turn-over sur les emplois permanents. Il s’agirait aussi d’"engager sans délai la renégociation du protocole existant entre la Caisse des dépôts et consignations et l’Épide", afin de diminuer le montant des loyers, une recommandation déjà formulée dans le cadre du précédent contrôle. Depuis 2020, les ressources de l’Épide ont augmenté de plus de 46 % avec le soutien de l’État pour accompagner le développement de ses capacités d'accueil et élargir son offre de service. Le coût moyen de l’accueil d’un volontaire s’est accru entre 2019 et 2023, passant de 30.288 euros à 37.294 euros. 

Rapprochement des QPV

C’est aussi l’implantation de l’Épide dans des zones sous-dotées qui est en jeu. En 2024, 35% des volontaires intégrés étaient issus de QPV mais l’objectif est d’atteindre les 40%. Aujourd’hui, l’Épide dispose de 20 centres opérationnels. Il a ouvert, en avril 2025, le centre d’Angers-Avrillé qui double sa capacité d’accueil en Maine-et-Loire. Lors du comité́ interministériel des villes du 6 juin 2025, le gouvernement a annoncé l’implication de deux nouveaux centres "cœur de quartier", selon AEF info. Pourtant, "leur financement n’est pas assuré au-delà de l’enveloppe de 10 millions d'euros que l’établissement a prévu de prélever sur son surplus de trésorerie dégagé lors de la crise sanitaire". Par ailleurs, l’"augmentation des charges de fonctionnement" qui leur sera associée "n'a pas été budgétée", remarque la Cour des comptes.