"Le service public de l’emploi ne peut agir seul", selon Solidarités nouvelles face au chômage
Interrogeant la réalité des moyens affectés à l’intensification de l’accompagnement des demandeurs d’emploi, l’association Solidarités nouvelles face au chômage appelle, dans un rapport, à davantage s’appuyer sur le secteur associatif pour augmenter les retours à l’emploi.

© Solidarités nouvelles et AR
Presque deux ans après l’adoption au Parlement de la loi pour le plein emploi, quel bilan ? Encore difficile à dire en plein milieu du chantier selon Solidarités nouvelles face au chômage (SNC). Dans un rapport publié jeudi 9 octobre (à télécharger ci-dessous), l’association spécialisée dans l’accompagnement des chômeurs et qui les représente aussi auprès de France Travail, estime "prématuré de tirer des conclusions sur les nouveaux parcours, bien qu’un accent semble mis sur le parcours renforcé, désormais dénommé 'intensif'".
S’agissant de France Travail, opérateur où les bénéficiaires du RSA ont l’obligation d’être inscrits et peuvent être orientés, l’association estime encore "difficile de quantifier précisément le nombre de parcours qui seront déployés", ce qui "soulève des questions sur l’ampleur et l’impact réel des mesures annoncées". Jusqu’ici, l’opérateur public avait défini quatre parcours d’intensité différentes ("suivi", "guidé", "renforcé" et "global") qui évoluent actuellement vers "une approche plus personnalisée et coordonnée avec les autres acteurs", comme les missions locales et les conseils départementaux.
En juillet dernier, le comité national pour l’emploi a publié un référentiel de l’accompagnement dit "intensif" (lire notre article). Officiellement, une instruction datée d’avril 2025 fixe un objectif national "cible" de 360.000 "nouveaux parcours d’accompagnement intensifs par an" (lire notre article), déployés à parts égales par les départements ou leurs délégataires et par France Travail". Et de 120.000 parcours d’accompagnement intensifs, déjà, en 2025.
"Dépasser les approches classiques" de l’accompagnement
S’appuyant toutefois sur le constat de moyens "limités" face à des besoins "immenses", elle estime que "le service public de l’emploi ne peut agir seul" et aura besoin "de s’appuyer sur les autres forces vives du territoires" et notamment les acteurs associatifs. Pour SNC, l’accompagnement "doit dépasser les approches classiques" et "l’aspect standardisé de l’institutionnel", en adoptant une démarche "sans pression, basée sur le dialogue, la confiance et l’entraide", avec l’aide des associations et des assistants sociaux. Aux yeux de l’association, le facteur temps joue aussi un rôle déterminant dans le retour au travail.
C’est de ce point de vue que SNC, qui propose de son côté un accompagnement sans limite de temps et revendique un taux de retour à l’emploi de 58% sur 4.000 personnes accompagnées en 2023, interroge les limites de la nouvelle politique déployée en direction des bénéficiaires du RSA dans ses résultats. Fin septembre 2025, sur plus de 80.000 personnes suivies dans le cadre de l’"accompagnement rénové", le taux d’accès à l’emploi durable de six mois ou plus ne s’élève en effet qu’à 13,7%, contre 38,7% si l’on intègre tous les contrats plus courts, selon les dernières données disponibles dans le tableau de bord du réseau pour l’emploi. Et il faut attendre douze mois pour qu’il se relève à 22,1%. Alors qu’une première évaluation, publiée en juillet 2024, présentait des résultats plus élevés car concentrées sur les toutes premières cohortes (lire notre article), ces indicateurs commencent à baisser au fur et à mesure de la généralisation de la réforme.
Contre un "contrôle rigide" des bénéficiaires du RSA
Faute de certitudes sur la réalité de l’intensification des accompagnements, l’association se montre vigilante sur la politique de sanction des bénéficiaires du RSA, encadrée par un nouveau décret depuis juin 2025 qui donne davantage de marges de manœuvre aux départements (lire notre article). Plus réservée que d’autres acteurs du monde associatif, SNC n’est "ni favorable à un RSA inconditionnel, ni à une logique de contrôle rigide". Pour elle, "les sanctions ne peuvent être appliquées que si les conditions suivantes sont réunies : un accompagnement adapté, réel, renforcé, une élaboration du contrat d’engagement éclairée et équilibrée, des garanties procédurales fortes pour les allocataires".