Les régions s’attellent au retour à l’emploi des seniors

21% des seniors âgés de 55 à 61 ans n’étaient ni en emploi, ni en retraite en 2023, selon l’Insee. Une situation qui peut être subie. Le 10 juillet dernier, le Sénat a adopté un projet de loi transposant un accord conclu par les partenaires sociaux pour que les employeurs maintiennent voire augmentent l’emploi des seniors (lire notre article du 12/05/2025). Le texte doit être voté par l'Assemblée nationale à la rentrée. Dans l’intervalle, le gouvernement mobilise aussi ses services déconcentrés (lire notre article du 29/04/2025) ainsi que France Travail afin d’entretenir une dynamique sur le terrain. Et certaines régions prennent aussi des initiatives dans le même sens. 

L’évaluation du plan d’investissement dans les compétences a en effet montré que seuls 8,6% des demandeurs d’emploi seniors accèdent à la formation, contre 11,4% des chômeurs tous âges confondus. Et avec l’âge, le retour à l’emploi est plus difficile, même à l’issue d’une formation, du fait des discriminations subies par cette classe d’âge sur le marché du travail. 

Emplois aidés pour les seniors

Alors qu’en Grand Est, les seniors représentent près de 28% des demandeurs d’emploi du territoire, ils ne pèsent que 7,6% des entrées en formation, "signe d’un besoin urgent d’accompagnement adapté". Outre l’abondement de leur CPF, la région vient d’engager 1 million d’euros en faveur de projets visant à "encourager des initiatives nouvelles et territorialisées en faveur de leur employabilité". Il s’agit de les aider à identifier de "nouvelles perspectives professionnelles", de développer des "accompagnements sur mesure inspirés du coaching", ou encore de mettre en place des immersions professionnelles.

En Occitanie, la définition d’un plan d’action ciblé sur les demandeurs d’emploi de 50 ans et plus a été intégrée dans la feuille de route du comité régional pour l’emploi. Il s’agira notamment d’étendre un dispositif assuré par l’Afpa, Remob’seniors, mais aussi de déployer un contrat initiative emploi dédié au public de 50 ans et plus dans les départements où la part des seniors est la plus élevée. Après une expérimentation en 2024, le CIE seniors aurait donné lieu à embauche en CDI dans 76% des cas. La région vise en outre 10% d’entrées en formation pour les seniors de plus de 55 ans dans le cadre de ses formations professionnelles. 

En Nouvelle-Aquitaine, le poids des plus de 55 ans parmi les stagiaires “est identique à leur poids parmi l’ensemble des demandeurs d’emploi de la région”, nous indique son service presse. S’il n’est pas inscrit pour le moment dans la feuille de route régionale, "il est prévu que le CRPE (contrat de rééducation professionnelle en entreprise, ndlr) se saisisse du recensement des pistes d’action", en tandem avec l’Etat et les partenaires sociaux. 

Un besoin de "dispositifs de proximité" en Centre-Val-de-Loire

En Centre-Val de Loire, le sujet doit également être abordé dans le cadre du CRPE. Une étude publiée en juin 2025 a permis d’établir que le taux de demandeurs d’emploi seniors pouvait atteindre jusqu’à 35% dans certains territoires locaux de la région. Ils sont plus souvent peu ou pas diplômés, ont une “plus faible mobilité” et sont plus longtemps au chômage. Particularité régionale, 26% des plus de 50 ans résident davantage dans des zones de revitalisation rurale. D’où l’importance "du développement de dispositifs de proximité" pour répondre aux besoins de ces publics.

Par ailleurs, 50% des demandes d’emploi des seniors se concentrent dans trois grands domaines : les services à la personne et à la collectivité, les services supports des entreprises et le secteur du transport et de la logistique. Les seniors sont recrutés dans des métiers "peu qualifiés et physiquement exigeants", très souvent dans le cadre d’emplois non durables. Il s’agirait donc entre autres d’élargir le champ des possibles.