Ma Classe au cinéma : un dispositif "essentiel" pour les zones rurales

Le dispositif Ma Classe au cinéma a des effets variables selon les territoires et s'avère essentiel pour les élèves des campagnes, révèle une enquête du CNC (Centre national du cinéma et de l'image animée) publiée fin septembre 2025. Depuis une trentaine d'années, Ma Classe au cinéma propose aux élèves de la maternelle au lycée des séances de cinéma durant l'année scolaire – en général trois – suivies le plus souvent de commentaires et d'analyses en classe. Son but ? La découverte d'œuvres cinématographiques vers lesquelles les jeunes n'iraient pas spontanément.

En 2024-2025, 1,86 million d'élèves ont bénéficié du dispositif, soit environ 15% de tous les élèves scolarisés en France, tous niveaux confondus. Ils étaient 1,9 million l'année précédente. Le nombre d'établissements scolaires concernés est également en léger recul : 21.000 contre 21.700 en 2023-2024.

1.674 cinémas partenaires ont délivré 4,6 millions d'entrées. Leur répartition laisse cependant apparaître de fortes disparités territoriales. Si certains départements possèdent un vaste réseau de cinémas partenaires, à l'image du Nord (43), du Rhône (39) ou des Bouches-du-Rhône (39), de nombreux autres, souvent ruraux, sont moins bien lotis, comme le Territoire de Belfort (2), les Ardennes (4) ou la Lozère (4).

Une première pour de nombreux élèves ruraux

Il ressort de l'enquête que Ma Classe au cinéma constitue dans certains cas une première pour les enfants. Si une large majorité d'enfants va régulièrement au cinéma, pour 14% des 10-20 ans interrogés, la première sortie dans une salle s'est faite avec l'école. Dans certains contextes ruraux, c'est parfois une majorité d'élèves qui n'était jamais allée au cinéma avant d'y être amenée par l''école.

Une statistique surprend toutefois : alors que 91% des 10-20 ans se souviennent avoir été au cinéma avec l'école, seuls 37% se souviennent avoir participé à Ma Classe au cinéma, soit spontanément, soit après une présentation des fascicules pédagogiques. Il faut dire que pour 31% des participants, les séances n'ont pas été accompagnées d'un travail ou d'échanges en classe. Ce que confirment les entretiens menés par les enquêteurs : "Il peut y avoir des enseignants qui s'impliquent de manière très limitée dans le dispositif, l'utilisant plutôt comme une sortie scolaire". Sortie par ailleurs considérée comme "vecteur d'apaisement du climat scolaire".

Seule offre d'envergure en EAC

De façon tout aussi inattendue, le souvenir de la participation à Ma Classe au cinéma varie selon les régions. Ainsi 43% des élèves de 10-20 ans en Occitanie s'en souviennent, contre seulement 29% en Normandie. À cela, le CNC apporte une explication : "En Occitanie, le dispositif bénéficie d'un déploiement important, en adéquation avec un soutien régional aux dispositifs culturels plus poussé que dans d'autres territoires. La coordination régionale est par ailleurs très active. C'est par exemple une région où l'intervention de professionnels est courante dans les établissements." Intervention généralement plus rare, car onéreuse, mais plus marquante pour les élèves.

Le CNC conclut que si "dans les zones urbaines où l'offre culturelle est dense, le dispositif [...] n'est pas considéré comme une opportunité exceptionnelle", dans les zones rurales et les petites agglomérations, il s'agit "généralement de la seule offre de cette envergure dédiée à l'éducation artistique et culturelle [EAC]. Sans ce dispositif, des élèves n'iraient pas ou très peu au cinéma, notamment parce que la mobilité constitue un frein." Il juge donc Ma Classe au cinéma "essentiel pour contribuer à l'éveil cinématographique, voire garantir un accès au cinéma".