Nappes phréatiques : une situation des nappes "globalement favorable", avec des incertitudes pour les prochains mois
La situation des nappes phréatiques françaises est globalement "favorable" avec des niveaux "assez proches des normales" mais leur évolution ces prochains mois, pour la période cruciale de recharge des eaux souterraines, reste incertaine, a indiqué ce 8 octobre le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) en présentant son bulletin de situation au 1er octobre.
Les nappes réactives (qui réagissent rapidement aux précipitations) ont bénéficié de l'apport des pluies de la fin août et de septembre, tandis que les nappes inertielles (aux écoulements lents et peu sensibles aux conditions météorologiques) ont profité d'une recharge ces deux dernières années, a expliqué Violaine Bault, hydrogéologue au BRGM. "La situation s'améliore par rapport à août : 31% des points d'observation sont sous les normales mensuelles, 23% sont comparables et 46% sont au-dessus (respectivement 38%, 29% et 33% en août)", détaille le service géologique national dans son bulletin mensuel.
L’état des nappes inertielles n’a quasiment pas évolué entre août et septembre 2025 avec des niveaux restés "satisfaisants, de modérément bas à modérément hauts", selon le bulletin. "Concernant l’Artois et le Bassin parisien, les situations sont plus dégradées au droit des nappes moins inertielles de la craie marneuse du littoral d'Artois et de la Champagne, plus sensibles aux déficits pluviométriques survenus à partir de février, détaille-t-il. Au contraire, la situation est particulièrement excédentaire pour la nappe très inertielle de la Beauce. Des niveaux très hauts s’observent sur sa partie nord-ouest". Quant aux niveaux des nappes du Sundgau (sud Alsace) et du couloir Rhône-Saône, ils sont "généralement comparables aux normales", note le BRGM. "Les situations locales peuvent cependant être hétérogènes, avec des niveaux bas à hauts. Par exemple, les niveaux de la nappe des alluvions fluvioglaciaires de l’Est-Lyonnais sont localement hauts, en lien avec la baisse de la pression des prélèvements et le début de la période de recharge", tempère-t-il.
Pour les nappes réactives, "l’influence des précipitations est particulièrement visible au droit des nappes du Massif central, avec une amélioration significative de leur état" tandis que "les situations restent stables pour les nappes du Massif armoricain, du sud du Massif central, du pourtour méditerranéen et de Corse", constate le BRGM. Les niveaux sont hauts sur les nappes du Rhône inférieur, de l’ouest du Massif central et de la Côte-des-Bars, quelques points observant localement des niveaux très hauts. Par contre, "la situation est inquiétante, avec des niveaux bas à très bas, sur les nappes du Roussillon, de l'Aude et du sud de la Corse", souligne le bulletin. De plus, "quelques points bas à très bas sont toujours présents sur les nappes des calcaires jurassiques de Lorraine et du Berry, des formations volcaniques du Massif central et du socle du Limousin", observe-t-il.
Le BRGM reste prudent pour ces prochains mois, période pour laquelle les prévisions sont très dépendantes des cumuls pluviométriques locaux. Météo-France ne privilégie en effet aucun scénario quant aux précipitations pour octobre-décembre. "On est dans une période charnière entre la fin de période de vidange et le début de la période de recharge. Donc c'est la période qui est un peu la plus délicate pour lancer des prévisions", qui sont ainsi "incertaines", a expliqué Violaine Bault. "On sait qu'on a des difficultés certaines sur les nappes qui affichent des niveaux actuellement très en dessous des normales : plaine du Roussillon, massif des Corbières, Aude et Corse du sud-est", a-t-elle cependant mis en garde.