Le numérique : une opportunité à rendre accessible aux millions de Français qui en sont éloignés

En France, environ 13 millions de personnes sont privées des potentiels du digital, pour moitié du fait de problèmes d’équipement ou de raccordement, pour autre moitié par manque de maîtrise des outils et services dématérialisés. Pour combler cet écart et favoriser l’inclusion numérique de tous, la Banque des Territoires est active sur plusieurs fronts, finançant, déployant et accompagnant à la fois des lieux (France Services), des dispositifs d’accompagnement (conseillers et passes numériques) ou des solutions logiciels ou pour développer les compétences. Tour d’horizon de ces programmes financés à hauteur de quarante millions d’euros.

D’emblée, Nicolas Turcat pose le cadre : « La Banque des Territoires envisage le numérique comme un facilitateur et un créateur d’opportunités. Notre volonté est que chacun en France puisse en tirer parti, en particulier les personnes qui en sont aujourd’hui éloignées, que ce soit pour leurs démarches administratives ou les actes de la vie courante ».

Faciliter l’accès des infrastructures aux usages numériques 

Au sein de la Caisse des dépôts, cette politique a débuté il y a deux décennies par le financement de réseaux d’accès à Internet à haut débit, afin de couvrir le pays. À cela se sont ajoutés des programmes centrés sur les usages, à l’image des cyber bases déployées dans des milliers de mairies, centres communaux, médiathèques.

Agir pour l’égalité et l’inclusion numériques, c’est agir en même temps pour la transition écologique et démocratique. Dans ces deux défis fondamentaux, le digital constitue à la fois un socle et un accélérateur pour transformer positivement la vie des citoyens.

Nicolas Turcat, chef de service éducation, inclusion numérique et service au public à la Banque des Territoires

Dès sa création en 2018, la Banque des Territoires a poursuivi cette logique en faisant de l’inclusion numérique l’une de ses priorités. En cinq ans, ses moyens ont fortement augmenté, passant de cinq à vingt-cinq personnes réunies dans le service éducation et inclusion numérique, et d’un budget en fonds propres d’un demi-million à quarante millions d’euros aujourd’hui (dans le même temps, l’État consacre plus de 250 millions d’euros à ces enjeux dans le cadre du plan France relance).

« Agir pour l’égalité et l’inclusion numérique, c’est agir en même temps pour la transition écologique et démocratique. Dans ces deux défis fondamentaux, le digital constitue à la fois un socle et un accélérateur pour transformer positivement la vie des citoyens. À condition d’assurer à tous un accès et une formation suffisante à ces outils qui façonnent de plus en plus notre quotidien et notre destin », souligne le chef de service éducation, inclusion numérique et service au public.

La bascule vers une société du « tout-numérique » s’est en effet amplifiée depuis la pandémie de Covid. Prises de rendez-vous et consultations médicales en distanciel, suivi scolaire et travail pédagogique en ligne ont rejoint la cohorte des usages digitaux déjà à l’œuvre dans les transports et la mobilité (le paiement du stationnement via des applications), la culture et les loisirs, la consommation (les coupons d’achat sur téléphones mobiles)... 

« Dans ses recherches, la sociologue Dominique Pasquier a démontré que nombre de familles modestes utilisaient Internet pour optimiser leurs achats et dépenses, mais aussi pour s’informer, se cultiver, se divertir, et augmenter en partie ce moindre capital économique, social et culturel issu de territoires fragiles », précise Nicolas Turcat.

 

Une inclusion déclinée sur trois plans

Pour assurer une plus grande égalité des chances face au numérique, la Banque des Territoires agit sur trois plans complémentaires : accompagner, investir et opérer.

France Services recrée de la proximité entre les services publics et les citoyens vivant dans ce qui est parfois qualifié de ‘France périphérique’.

Accompagner

Programme phare lancé en 2020, les 2 200 maisons France Services sont présentes dans tout le pays – 300 restent à ouvrir pour achever le maillage. D’ores et déjà, 96 % de la population se trouvent à moins d’une demi-heure de ces lieux ou services mobiles (plus de cent bus se déplacent au plus près des usagers), qui permettent à toute personne d’être informée et accompagnée dans ses démarches publiques en ligne : emploi et formation, santé, retraite, habitat (Ma prime rénov), sécurité sociale et allocations familiales, fiscalité, permis de conduire et carte grise… « En créant des ponts entre ces sujets, les agents de France Services répondent aux enjeux de cohésion sociale et territoriale », déclare Nicolas Turcat.

Depuis 2018, 8 000 agents ont ainsi effectué plus de 10 millions d’accompagnements, dont 7,2 millions d’actes France Services, auprès de 2 millions de personnes. « France Services recrée de la proximité entre les services publics et les citoyens vivant dans ce qui est parfois qualifié de ‘France périphérique’ : les quartiers Politique de la ville, les villes de taille moyenne et les centres-bourgs ruraux - qui correspondent aux plans ‘Action Cœur de ville’ et ‘Petites villes de demain’ de la Banque des Territoires. Reçues par des agents spécifiquement formés, les personnes y trouvent une réponse à leurs préoccupations quotidiennes et renforcent dans le même temps leur autonomie en matière de services numériques ».

Pour ce déploiement, un partenariat a été conclu entre la Banque des Territoires et l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), avec un investissement de 13 millions d’euros à la clé. En complément, suite à une convention signée en 2020 entre l’État et le Conseil supérieur du notariat, des notaires contribuent à l’accès au droit de tous les citoyens, en participant notamment à des permanences dans les maisons France services.

En parallèle, la Banque des Territoires soutient La Poste à hauteur de 17 millions d’euros afin de développer une nouvelle offre d’inclusion numérique, les « étapes numériques », comprenant dans un premier temps 25 lieux d’ici à la fin de l’été 2022 et plus d’une centaine de dispositifs mobiles complémentaires de France Services.

La Banque des Territoires soutient également une quinzaine de « plaques tournantes » territoriales (hubs), qui regroupent l’action des acteurs publics et privés en matière d’inclusion numérique (préfectures, associations, collectivités, fédérations, entreprises). Il s’agit de soutenir l’effort des collectivités territoriales à destination des petites entreprises, des artisans et des commerçants. Les hubs sont intervenus aussi dans la formation de plus 7 000 médiateurs numériques et dans la recherche de financements complémentaires - des fonds européens par exemple.

 

Financer

La Banque des Territoires investit en fonds propres dans des entreprises qui génèrent des passages à l’échelle ou structurent des écosystèmes. Portés par des entreprises innovantes ou de l’économie sociale et solidaire (ESS), 80 projets numériques liés à l’éducation seront soutenus pour un montant de près de 3 millions d’euros.

Aux côtés de l’État, de la MAIF et d’opérateurs de l’ESS, la Banque des Territoires finance Aptic à hauteur de 700 000 euros. Cette société coopérative d’intérêt collectif a développé le passe numérique. D’une valeur de cinquante ou cents euros, ces chèques ont permis, depuis 2019, d’accompagner près de 120 000 personnes sans pratique numérique, dans près de 1 200 lieux qualifiés. Près de 2,2 millions d’euros ont été redistribués ainsi aux prestataires de médiation numérique, selon un modèle économique public / privé / associatif. 

Colori et Simplon font aussi partie du portefeuille d’investissement de la Banque. La première entreprise a développé une méthode d’apprentissage du numérique sans écran, pour des enfants de trois à neuf ans, avec un objectif d’un million d’enfants sensibilisés d’ici 2025. La seconde est une école de programmation pour les décrocheurs scolaires et les personnes en transition professionnelle. « Cette école les accompagne socialement, dans un réseau qui compte déjà vingt mille formateurs et apprenants », indique Nicolas Turcat.

 

Opérer

Enfin, dans le cadre du plan France Relance, la Banque des Territoires assure l’équipement, la formation et l’animation de 3 300 conseillers numériques à travers tout le pays (à terme ils seront 4 000). Entre fin 2021 et début 2022, ceux-ci ont accompagné plus de 300 000 personnes dans leurs démarches numériques.

« Mené pour le compte de l’ANCT et du secrétariat d’État au numérique, ce programme délivre une certification à ces conseillers au terme de trois mois de formation. La médiation numérique est un métier qui nécessite l’appropriation de compétences spécifiques ».

Depuis 2018, l’ensemble des programmes et investissements portés par la Banque des Territoires contribue à une plus grande inclusion numérique, à un rapprochement entre les citoyens et les services publics. Les collectivités comme les acteurs de l’économie sociale et solidaire impliqués dans cette triple transition numérique, écologique et démocratique savent qu’ils trouveront dans la Banque des Territoires un partenaire actif.

Un exemple dans les Hauts-de-France

Dans l’Aisne, la communauté de Champagne-Picarde est un territoire peu dense, avec 20 000 habitants répartis entre une soixantaine de communes. À Saint-Erme, la création du tiers-lieu « le Faitout connecté » a permis d’agréger de multiples services : une maison France Services, une conseillère numérique, des offres de mobilité partagée, un campus connecté, un fab lab, un espace de travail, une permanence d’assistants sociaux et infantiles. Tout cela regroupé dans un lieu agréable et passant, situé entre le centre-bourg et un supermarché.

Nicolas Turcat

Chef de service éducation, inclusion numérique et service au public, la Banque des Territoires

Diplômé d’un master en affaires européennes de Sciences-Po Paris, Nicolas Turcat a débuté sa carrière comme consultant au sein des cabinets Technopolis Group puis Capgemini Consulting. En 2016, il rejoint la Caisse des dépôts puis la Banque des Territoires, pour devenir responsable du pôle e-éducation, puis chef de service éducation, inclusion numérique et service au public.

Voir son profil LinkedIn