Observatoire Data Publica : l'IA générative poursuit sa percée et impacte les collectivités de toutes tailles

Le quatrième baromètre de l'observatoire Data Publica 2025 confirme l'engouement des collectivités de toutes tailles pour l'IA, porté par l'usage de l'IA générative. Le fossé entre grandes et petites collectivités sur le volet data se maintient cependant, même si l'IA sert de révélateur des sujets data. Quant aux Français, ils restent méfiants sur l'IA.

La vague de l'IA annoncée l'an dernier est confirmée par la quatrième édition du baromètre de l'observatoire Data Publica. Parmi les 77% des collectivités de plus de 3.500 habitants engagées dans l'IA, 84% utilisent désormais l'IA générative, contre seulement 52% en 2024. "Une progression inédite depuis le lancement du baromètre", a souligné Simon Chignard, président de l'observatoire Data Publica, à l'occasion de sa présentation le 13 novembre 2025 à Paris. Cette enquête menée de mai à juillet 2025 auprès de 292 collectivités était présentée en même temps que la note de conjoncture de La Poste Data, IA et Cybersécurité qui enrichit les résultat de l'observatoire de cas concrets.

L'IA générative, cheval de Troie de l'IA

La particularité de la déferlante IA est de toucher toutes les strates de collectivités, y compris les plus petites. Aucun type de collectivité n'est en dessous de 75% d'adoption, avec un pic à 91% pour les départements et 89% pour les communes. Elle s'explique largement par la facilité d'accès et le faible coût des outils d'IA générative. "L'IA générative est la locomotive de l'IA, certains diront le cheval de Troie, de l'IA au sein des collectivités", commente l'expert. Les domaines d'application reflètent la prévalence des outils de génération de texte. 45% des collectivités utilisent l'IA pour l'administration et la gestion interne contre 29% en 2024, et 20% pour la relation aux usagers. Inversement, l'IA prédictive connaît un léger recul, passant de 51 % à 39 %, privilégiée par les grandes métropoles et les régions.

On notera que 48% des collectivités n'ont donné aucune consigne à leurs agents sur l'usage de l'IA générative, les laissant libres d'utiliser ou non ces outils "avec les opportunités mais aussi les risques que cela peut engendrer (perte de maîtrise, confidentialité des informations partagées)".

Le pilotage par la donnée progresse

Au-delà du phénomène IA, l'usage des données confirme sa progression dans tous les territoires. 74% des collectivités de plus de 3.500 habitants utilisent désormais la donnée pour piloter des politiques publiques, contre 40% en 2022. "La data est utilisée par de plus en plus de collectivités, quelle que soit leur taille, et pour des usages de plus en plus variés", constate le rapport. Là encore, l'évolution la plus spectaculaire concerne les communes de moins de 3.500 habitants : 49% ont engagé au moins un projet data en 2025, contre seulement 6% en 2022. Pour les communes de toutes tailles, le taux passe de 18% à 57% sur la même période. Les domaines d'application restent diversifiés, avec un trio de tête inchangé depuis 2023 : l'administration et la gestion interne (69%), les politiques environnementales (66%) et la mobilité (60%). 

Quant aux objectifs, 83% des collectivités placent l'amélioration de la qualité du service public en tête de leurs priorités, suivie de près par l'amélioration de l'évaluation et du pilotage des politiques publiques, citée par 66 % des collectivités. On notera que les économies budgétaires, contexte actuel oblige, progressent nettement avec 16% des collectivités qui en font leur priorité, contre 8% en 2024. En revanche, le désir de transparence régresse de 59% à 43% témoignant de la fin de la vague open data.

Les directions générales s'impliquent

"De nombreux signes témoignent d'une montée en maturité des collectivités françaises sur le sujet des données", souligne ensuite l'Observatoire. Premier indicateur : 50% des collectivités ont adopté ou prévoient d'adopter un cadre stratégique fixant des priorités en matière de données. Mais le signal le plus fort concerne l'implication des directions générales : 73% sont impliquées à des degrés divers dans la gestion des données en 2025, contre 53% en 2022. À l'inverse, la part des directions générales absentes des projets recule de 15% à 6%.

Sur la gouvernance, 51% des collectivités utilisent désormais des clauses contractuelles pour définir les conditions de production et d'utilisation des données. 74% d'entre elles les emploient pour asseoir le statut public des données produites par des entreprises agissant dans le cadre de missions de service public, contre 53% en 2024. La souveraineté numérique émerge aussi comme préoccupation : 62% des collectivités de plus de 3.500 habitants se disent concernées, avec la conformité RGPD (95%) et la localisation des données en France ou en Europe (82%) comme principaux critères.

Des obstacles persistants

Malgré cette dynamique, les freins restent nombreux. Le manque de temps et de compétences arrivent ex aequo à 62% des réponses. Plus révélateur encore : l'accès limité à des données de qualité grimpe à 41% (contre 26% en 2024), devenant le premier obstacle pour les collectivités ayant déjà expérimenté l'IA (50%). "C'est en passant à l'action que l'on réalise les problèmes liés à la qualité des données", analyse le rapport. 
Le manque de confiance dans les systèmes d'IA est pointé par 46% des collectivités, qu'elles expérimentent ou non l'IA. Face à ces enjeux, 80% des collectivités ayant testé l'IA ont mis en place des actions pour une "IA de confiance", notamment via des chartes éthiques (57%).

Plus globalement, l'étude révèle qu'un quart des collectivités, soit 26 %, s'auto-évaluent déjà comme "avancées" ou "très avancées" dans l'utilisation régulière des données pour le pilotage des politiques publiques. Les régions et les métropoles se positionnent naturellement comme les précurseurs de cette culture, avec 60 % d'entre elles se déclarant dans ces deux catégories.

Ces résultats, objet d'un rapport de 60 pages, vont être détaillés et commentés lors de webinaires organisés en novembre et décembre 2025.

› Les Français inquiets et mal informés

Le climat de méfiance persiste chez les citoyens d'après le sondage Ipsos qui complète l'enquête Data Publica. 36% seulement des personnes interrogées jugent positivement l'usage croissant des données dans la société, contre 47% en 2022. Sur l'IA, 51% expriment des sentiments négatifs (inquiétude ou rejet) contre 39% de curiosité ou d'enthousiasme.

Ce climat de défiance est directement alimenté par le déficit d'information. 69% des Français se disent "mal informés" sur l'usage de leurs données par les services publics et 86% sur les usages de l'IA. On notera cependant le capital confiance dont bénéficient les acteurs publics locaux : 64% des Français font confiance à leur commune ou intercommunalité, contre seulement 45% à l'État. 

Pour restaurer la confiance, les sondés plébiscitent l'encadrement : 94% jugent prioritaire une information claire et pédagogique, 91% des contrôles par un organisme indépendant, et autant l'hébergement des données en France ou en Europe. Sur l'IA au guichet, le verdict est sans appel : 86% estiment que "le service doit garder le contrôle sur l'IA ".

"À l'approche des élections municipales de 2026, ces éléments doivent interpeller les élus et les candidats", conclut l'observatoire.

 

 

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