Prévention du risque suicidaire à Châteaubriant : en direction des professionnels et du grand public (44)

Parce que le nombre de suicides est supérieur à la moyenne nationale dans ce territoire, les élus de Châteaubriant ont entamé, en 2009, un travail de formation des professionnels du social et de la santé, ainsi que de sensibilisation du grand public. L’orientation des patients s’en trouve favorisée et la gestion de l’urgence facilitée.

Il a fallu beaucoup de temps pour que les élus de la commune de 12.000 habitants décident de travailler sur le risque suicidaire. C’est un sujet que peu de collectivités abordent parce qu’il est un peu tabou, délicat et complexe. Or, le nombre de morts par suicide atteignait en France le chiffre de 10.127 en 2010, ce qui est important au regard des pays européen. De plus, sans que l’on sache vraiment pourquoi, les disparités entre les régions françaises sont très marquées, avec une prévalence élevée du suicide dans le Nord-Ouest. Et la mortalité est supérieure de 11% à la moyenne régionale en Loire-Atlantique.

Elus et CCAS ensemble pour lancer la démarche

En 2009, les élus franchissent le pas et, sur proposition de la présidente du CCAS, un comité de pilotage est constitué pour lancer le projet. La première étape vise à lever le tabou par le biais d’une campagne de communication grand public : affiches dans les bâtiments publics sur la prévention du risque suicidaire, mise à disposition de livrets de conseils édités par l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes). Ces livrets ont très vite disparus des présentoirs de la mairie, du CCAS et des centres sociaux : c’est ainsi que les membres du CCAS se sont rendu compte que le public était très demandeur d’informations sur le sujet.

Formation en partenariat avec une association spécialisée

En 2010, le CCAS noue un partenariat avec une association spécialisée, Recherche et Rencontres dont le slogan est joliment trouvé : "Il y a toujours une bonne raison de préférer la vie." L’antenne nantaise de cette association forme les professionnels et intervient dans les collèges. Elle anime à Châteaubriant une demi-journée de formation pour les salariés du CCAS, les acteurs médicosociaux de la ville, les assistantes sociales de l’hôpital, les dirigeants des chantiers d’insertion, les membres de la mission locale, les bénévoles des associations caritatives. L’objectif est d’apprendre à repérer les gens qui vont très mal et de savoir parler directement du suicide avec ceux qui n’osent pas aborder la question.

Conférences au théâtre de la ville, stands sur le marché pour toucher professionnels comme grand public

En 2010 toujours, le centre médicopsychologique organise une conférence grand public au théâtre de la ville. Un comédien y interprète quelques saynètes pédagogiques, préalable à un débat qui s’instaure entre les professionnels et le public. 120 personnes se sont déplacées.
Cette initiative s’est poursuivie grâce à un partenariat avec le centre hospitalier spécialisé de Blain et l’agence régionale de santé (ARS) : le CCAS a invité en octobre 2013 un professeur de psychiatrie à Lyon I et spécialiste du suicide, Jean-Louis Terra, qui a parlé prévention devant près de 500 professionnels. En mars 2015, il est de nouveau invité pour une conférence ouverte à tous : "Suicide : savoir plus… pour risquer moins". 300 personnes y assistent.
En 2014 et 2015, lors des journées nationales et mondiales de prévention du suicide, le CCAS s’est installé sur le marché de Châteaubriant, avec un stand d’information consacré au risque suicidaire. Cette action qui permet d’aller au-devant d’un large public, a abouti à la création d’un groupe de parole réunissant des personnes ‘endeuillées par suicide’.

Investissement davantage humain que financier

Cette politique d’animation et de communication a coûté entre 1.000 et 5.000 euros par an, selon l’importance des actions organisées. Depuis le début, le CCAS a trouvé l’appui financier de l’ARS Pays de la Loire pour l’ensemble de ces actions, et ponctuellement du comité régional de coordination de l’action sociale Agirc-Arrco (CRC Pays de Loire) et de la Mutualité sociale agricole (MSA) pour une action spécifique séniors.
L’ensemble des actions menées entre 2009 et 2013 a été récompensé par le deuxième prix de l’innovation sociale 2013 décerné par l’Unccas.

Des urgences mieux gérées

Difficile de savoir si le nombre de morts par suicide a diminué depuis que cette démarche a débuté. Cependant les professionnels de l’hôpital psychiatrique de Blain constatent que l’orientation des patients est désormais de meilleure qualité : les établissements médicosociaux repèrent mieux les malades présentant un risque suicidaire et les envoient plus vite vers le bon professionnel. Les psychiatres se sont aperçus qu’ainsi, l’urgence est mieux gérée qu’avant.

"Nous sommes convaincus qu’il faut poursuivre cette démarche, conclut la directrice du CCAS, Valérie Mary. Il reste encore beaucoup à faire : par exemple développer davantage la sensibilisation de médecins généralistes, ou la formation des élus locaux, de Châteaubriant et des autres communes de la communauté de communes du Castelbriantais."

Jean-Luc Varin / Agence Traverse pour la rubrique Expériences des sites www.mairieconseils.net et www.localtis.info
 

Commune de Châteaubriant

Nombre d'habitants :

12600
Place Ernest Bréant-BP 189
44146 Châteaubriant- cedex

Alain Hunault

Maire

Centre communal d'action sociale de Châteaubriant

9, Esplanade des Terrasses
44146 Châteaubriant

Marie-Jo Havard

Présidente

Valérie Mary

Directrice

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