Miquelon : un projet de résilience territoriale pour faire face aux défis climatiques
Face aux risques climatiques croissants, Miquelon concrétise un projet de relocalisation porté par la Mairie, la Collectivité Territoriale, l’État (DTAM, DGALN) et la Banque des Territoires.

© Bonhomme Phavy
En bref
Frise chronologique
Chiffres clés
Parcelles constructibles 15
A retenir
Le déplacement progressif des habitants vers une zone sécurisée
Une large concertation citoyenne pour intégrer les attentes locales
Un aménagement alliant protection de la biodiversité locale et solutions durables
Montage du projet
- Crédits d’ingénierie pour la maîtrise d’œuvre urbaine : 910 K€
- Cofinancement du poste de chef de projet : 190 K€
Zoom
Un projet de résilience territoriale pour lutter contre la montée des eaux
Les 600 habitants de la commune de Miquelon-Langlade s’apprêtent, malgré eux, à entrer dans l’histoire en devenant les premiers réfugiés climatiques de France. Confronté à la montée des eaux, au recul du trait de côte et à des tempêtes de plus en plus violentes, cet îlot de vie au sud de Terre-Neuve subit de plein fouet les impacts du changement climatique. Depuis les années 2000, les conditions météorologiques extrêmes s’y sont intensifiées, menaçant directement les infrastructures et la sécurité des habitants.
Si l’idée d’un déménagement progressif de la population vers une zone sécurisée s’est vite imposée, elle a été difficile à accepter sur l’île. Face à cette vive réaction, la construction de digues a été envisagée comme alternative. En novembre 2018, deux tempêtes intenses ont balayé l’archipel, faisant l’effet d’un électrochoc. Mais c’est en 2022, lors de la tempête Fiona, que la relocalisation s'est affirmée comme seule solution viable.
Pour mener à bien ce projet, une grande concertation citoyenne a été lancée en 2022. Réunions publiques et ateliers ont ainsi permis d’intégrer les attentes locales, encourageant l'adhésion des habitants à cette transformation de Miquelon.
Une nouvelle dynamique pour Miquelon
Face à l'érosion côtière, Miquelon s’est réinventé avec un projet d’aménagement ambitieux et structurant : la création d’un tout nouveau village.
- La première phase de ce projet prévoit 15 parcelles de 800m² le long du chemin des Roses à destination de ménages volontaires et de primo-accédants ainsi qu’un projet de Co living porté par la mairie. La programmation prévoit également un équipement refuge et une station d’épuration.
- Dans un second temps, l’ensemble du village sera progressivement déplacé ainsi que les zones d’activités et les équipements publics.
Pensé pour être à l’abri des risques, le nouveau village sera relocalisé dans une zone plus au sud à 2 km du village actuel, sur des terres plus élevées à l’abri de la menace de submersion liée à l’océan Atlantique.
Ce village marque un tournant clé dans le développement durable du territoire. Son déploiement progressif a commencé par le lancement de la phase pionnière en 2024, suivie par l’attribution des premiers permis de construire en 2025.
Pour accompagner cette transformation, le Schéma Territorial d’Aménagement et d’Urbanisme (STAU) a été révisé, afin d'assurer une réglementation cohérente avec ce nouvel espace de vie.
Un impact positif pour le territoire et ses habitants
Au-delà d’une réponse aux changements climatiques, la création du nouveau village de Miquelon s’inscrit dans une dynamique de renforcement du territoire.
Ce projet, alternative pérenne aux zones menacées, permet de sécuriser l’habitat et d'éviter l’exode vers le continent. Il protège ainsi le tissu local et l’attachement des habitants à leur environnement.
Pensé comme un levier de dynamisation, le nouvel aménagement a également pour objectif de redonner à Miquelon une attractivité économique et démographique. En offrant un cadre de vie propice à l’installation des jeunes générations.
- À court terme, cette ambition s’est concrétisée par un projet de réaménagement de la voirie, incluant la création de trottoirs et d’une piste cyclable, ainsi que par la construction d’une station d’épuration.
- À plus long terme, la municipalité envisage la reconstruction de plusieurs centaines de logements, ainsi que des infrastructures essentielles telles que l’école de Miquelon, la clinique de santé et le terrain de football.
L’approche se veut aussi exemplaire sur le plan écologique : une étude d’impact environnemental accompagne le projet pour protéger la biodiversité locale. En outre, des solutions durables sont intégrées dès la conception, pour un aménagement respectueux de l’écosystème unique de Miquelon.
L’accompagnement de la Banque des Territoires : un engagement clé
Pour engager une réflexion collective sur l’avenir du village, un Atelier des territoires financé par l’État a été lancé en 2022, puis prolongé en 2023. Il a permis de poser les bases du futur village, qui sera déplacé dans une zone protégée du risque de submersion par l’océan Atlantique.
En 2023, la Caisse des Dépôts s’est associée au projet dans le cadre de son plan d’adaptation des territoires ultramarins au changement climatique. À la rentrée 2024, le premier chemin du nouveau village et un panneau de présentation de la première phase ont été inaugurés.
Partenaire de référence aux côtés de l’État et la Collectivité Territoriale, la Banque des Territoires participe au cofinancement d’un chef de projet ainsi que les études opérationnelles. Le partenariat s’inscrit dans un temps long et fait figure de référence pour les territoires qui devront s’adapter au changement climatique.
Engagée pour la transition écologique, la Banque des Territoires accompagne les acteurs locaux dans l’intégration de solutions à la fois durables et résilientes. Elle contribue ainsi à faire de ce projet une réponse modèle aux défis du changement climatique, tout en optimisant un aménagement responsable du nouveau village et la protection de la biodiversité.
Ce projet, aussi indispensable que ambitieux, représente un tournant décisif pour l’avenir de Miquelon. En sécurisant durablement l’habitat face aux risques climatiques, il ouvre aussi la voie à un développement plus résilient et attractif. Pensé pour conjuguer protection du territoire et dynamisation, il promet aux habitants un cadre de vie pérenne et préservé.