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Rentrée 2020 : port du masque pour tous les adultes et poursuite des réformes

Le protocole sanitaire de l’Éducation nationale élaboré au mois de juillet "est simple et clair et n’a pas vocation à varier dans ses principes", a assuré Jean-Michel Blanquer lors de sa conférence de presse de rentrée le 26 août 2020. La règle sera le port du masque systématique pour tous les adultes, y compris en maternelle, et pour les collégiens et lycéens, y compris pendant les récréations. "Nous allons maintenir le cap des réformes", assure le ministre.

"Le cap est clair." C’est sous le fameux grand platane des jardins du ministère que Jean-Michel Blanquer, entouré de la ministre des Sports et de trois secrétaires d’État (Éducation prioritaire, Jeunesse et Personnes handicapées), a tenu sa "traditionnelle" mais "tout à fait particulière" conférence de presse de rentrée. Il s’agissait avant tout de répondre aux inquiétudes de la communauté éducative et des familles, liées à une reprise de l’école sur fond d’épidémie de Covid-19. Ainsi, les 12,8 millions d'élèves français retrouveront bien le 1er septembre le chemin de l’école, l’idée d’un report ayant été rejetée la semaine dernière. "L'éducation n'est pas une variable d'ajustement", a réaffirmé Jean-Michel Blanquer aux côtés du Premier ministre jeudi 27 août. 
Ne souhaitant pas "que cette année ne soit caractérisée que par la crise sanitaire et les enjeux de protection", Jean-Michel Blanquer a réaffirmé d’emblée sa volonté de maintenir "le cap de nos réformes dans le double objectif d’élever le niveau général et de réduire les inégalités."

"Il n’y a plus d’exception"

Concernant la préoccupation majeure liée au contexte sanitaire, il a assuré que le protocole tel que publié en juillet est un document "simple et clair", "un des plus stricts d’Europe" et "n’a pas vocation à varier dans ses principes". À une différence près, c’est qu’il n’y a plus d’exception : "Tous les adultes portent le masque", y compris en maternelle, et tous les élèves à partir de la 6e, y compris pendant la récréation. Un masque que le gouvernement a décidé de ne pas rendre gratuit pour les collégiens et les lycéens alors que de nombreux élus et collectivités le réclamaient (lire notre article du 26 août).
Le ministère de l’Éducation avait diffusé en juillet trois scénarios pour la rentrée, selon la situation épidémique. Le "scénario de référence" prévoyait une rentrée "normale" sur le plan sanitaire avec la fin de l’obligation de respecter une distance de sécurité. En revanche, les enfants de plus de 11 ans et les adultes devaient porter un masque dans le cas où "la distanciation d’un mètre ne [pouvait] pas être garantie". En cas de circulation "active" ou "très active" du virus, deux autres scénarios étaient prévus par le ministère, dans un "plan de continuité pédagogique" diffusé le 17 juillet. Depuis la mi-août, plusieurs syndicats demandaient un renforcement de ce protocole sanitaire. 

En cas de suspicion

Le ministère a recommandé "qu’il y ait un brassage uniquement par niveau et non inter-niveaux, dans le fonctionnement des lycées". Aussi, "des recommandations seront publiées pour certains points précis, comme les récréations, l’EPS, les cantines". 
En cas de suspicion de cas, la procédure est la suivante : "Chaque fois que quelqu'un a des symptômes, il y a immédiatement test et s’il est positif, la procédure, qui est de la responsabilité de l’ARS, se déclenche. Cela peut aller jusqu’à la fermeture d’une classe, d’une école ou de plusieurs écoles dans un délai de 48 heures." Concernant les personnels à risque, ils peuvent recevoir "une absence autorisée sous certificat médical". "Nous avons les capacités de remplacement nécessaires", a assuré Jean-Michel Blanquer. Des tests aléatoires devraient également être instaurés.

 "Des adaptations possibles dans le temps et dans l’espace"

"Des adaptations dans le temps et dans l’espace" sont possibles, a poursuivi le ministre. En cas d’accélération du virus, "des mesures ciblées sur un établissement ou un territoire" pourront ainsi être prises. Il reviendra au recteur, au préfet et au directeur de l’ARS "d’apprécier la situation dans chaque territoire", et ce "en lien avec les élus locaux".
"S’il y avait une reprise très active de la circulation du virus, nous déclencherions d’autres mesures qui sont préparées mais que nous ne diffusons pas car ce n’est pas nécessaire pour le 1er septembre", a expliqué Jean-Michel Blanquer. "Une mesure pourrait être de limiter obligatoirement le brassage" des personnes.
Jean-Michel Blanquer a donc assuré que son ministère "se tient prêt" s’il devait y avoir un reconfinement ou la reprise d’un enseignement hybride avec de l’enseignement à distance et des cours en petits groupes. 2.000 ordinateurs pourraient être prêtés aux élèves démunis si nécessaire.
Paris et les Bouches-du-Rhône, confrontés à une recrudescence des cas de Covid-19, entrent "pour l’heure" dans le protocole national, indique par ailleurs le ministre.

"Combler le retard" de certains élèves

Le ministre a rappelé aussi les moyens déployés pour "combler le retard qu’ont pu accumuler certains élèves ou les inégalités qui ont pu s’accentuer" pendant la crise : 1.688 postes supplémentaires créés dans le premier degré, 1,5 million d’heures supplémentaires mobilisées de septembre à décembre pour renforcer l’accompagnement personnalisé et l’aide aux devoirs et 130.000 heures d’AED (assistants d'éducation), la priorité étant donnée aux classes charnières (CP, 6e, 2de), les "stages de réussite" durant les vacances de la Toussaint ainsi que le renforcement des évaluations nationales en 6e

"Maintenir le cap des réformes" 

Refusant de cantonner ce rendez-vous annuel avec la presse au sujet de la crise sanitaire, Jean-Michel Blanquer a appelé à "ne pas perdre de vue les grands sillons de la politique éducative tracés depuis 2017". "Bien entendu, nous allons maintenir le cap des réformes", a-t-il affirmé, avant d’égrener les principaux sujets qui occuperont la communauté éducative durant l’année 2020-2021.
Directeurs d’école. Après avoir rappelé les mesures prises en juillet entraînant "un allègement des tâches administratives" des directeurs d’école et "un soutien pour les aider dans leurs tâches quotidiennes", Jean-Michel Blanquer a annoncé l’attribution d’une "indemnité exceptionnelle de 450 euros versée d’ici la fin de l’année" à tous les directeurs d’école. Rapporteure de la proposition de loi sur les directeurs d’école, Cécile Rilhac a remercié le ministre sur Twitter “pour cette reconnaissance financière. "C'est une première étape importante pour récompenser et reconnaître le travail indispensable des directeurs d'école !”, s’est-elle félicitée (lire notre article du 25 juin 2020). 
Formation au numérique. Selon le ministre, "des dizaines de milliers de professeurs se sont branchés sur les formations" de Canopé sur l’enseignement à distance. Et d’assurer qu’il "y a une forte offre de notre part" sur ce type de ressources, ajoutant que vont se développer des plans de formation par départements et académies.
Éducation prioritaire. La poursuite du dédoublement des classes en éducation prioritaire concernera cette année "20.000 élèves de grande section de maternelle". Jean-Michel Blanquer a annoncé que la "carte de l’éducation prioritaire va évoluer" et qu’il tirera les conséquences du rapport Mathiot-Azéma, ce qu’il s’était déjà engagé à faire mi-février 2020 (lire notre article du 12 février 2020). 
Par ailleurs, le "projet internats" va se déployer, avec l’aide de Nathalie Élimas, secrétaire d’État chargée de l’éducation prioritaire, assure le ministre. Un appel à projets sera lancé "dès cette rentrée pour développer et labelliser les 'internats d’excellence'", avec l’objectif d’en ouvrir un par département.
Sport. Jean-Michel Blanquer a promis "de nombreuses synergies" entre l’Éducation nationale et les Sports, maintenant rassemblés au sein d’un même ministère. Il a annoncé le "déploiement d’activités sportives sur le temps scolaire et périscolaire". Une "semaine du vélo", du 14 au 20 septembre, en lien avec le Tour de France sera notamment organisée, dans le but de promouvoir le "savoir rouler". Roxana Maracineanu, ministre des Sports, a pris la parole pour évoquer le "savoir nager" et les "plans d’aisance aquatique", qui étaient déjà d'actualité à la rentrée scolaire 2019 (lire notre article du 6 septembre 2019). 
Voie professionnelle. Le ministre de l'Éducation a rappelé que la réforme de la voie professionnelle se poursuit (avec notamment le développement du CAP 3 et la réalisation d’un "chef-d’œuvre" pour les élèves de 1re professionnelle) et annoncera "prochainement" les nouveaux diplômes de la voie professionnelle, "toujours plus adaptés aux évolutions de notre société", alors qu’une "conférence nationale des diplômes" doit avoir lieu au cours du premier trimestre.
Orientation. La nouvelle répartition des compétences État-régions sera mise en place et les moyens des Cordées de la réussite vont être "doublés" dès cette année.
Lycées. La réforme du lycée général et technologique sera déployée au niveau de la terminale et le ministre annonce pour septembre le lancement d’un appel à manifestation d’intérêt à destination des lycées pour en faire des "établissements de service" au bénéfice des territoires dans lesquels ils s’inscrivent (centres de formation…).
Service national universel. Le ministère a enfin évoqué le déploiement avec un an de retard à cause de la crise sanitaire du service national universel dans "100% des départements français".