Santé mentale des jeunes : de fortes inégalités selon les régions

25% des jeunes seraient atteints de dépression, selon une enquête publiée début septembre 2025 par la Mutualité Française, avec les Instituts Montaigne et Terram, menées auprès de 5.600 jeunes âgés entre 15-29 ans, avec de fortes disparités selon les régions. 

Un jeune sur quatre (25%) souffrirait de dépression, selon les résultats préoccupants de l'enquête "Santé mentale des jeunes de l'Hexagone aux Outre-mer. Cartographie des inégalités", réalisée par la Mutualité Française associée à l'Institut Montaigne et à l'Institut Terram, avec de fortes inégalités selon les régions. Les ratios oscillent ainsi de 19% en Bourgogne-Franche-Comté, à 28% en Provence-Alpes-Côte d'Azur comme en Corse, un point de plus qu'en Ile-de-France (27%). 
Les statistiques s'envolent en outre-mer et s'élèvent à 37% à la Guadeloupe, 44% en Martinique, 43% à Mayotte et atteignent plus d'un jeune sur deux en Guyane (52%), "des niveaux sans équivalent en Hexagone", souligne l'enquête. 

Les jeunes urbains plus touchés que les jeunes ruraux

L'écart se retrouve aussi dans le cadre de vie, avec 27% des jeunes urbains touchés, contre 20% des jeunes ruraux. Les jeunes vivant en zone rurale semblent étrangement plus protégés, avec 11% se déclarant en mauvaise santé mentale, contre 17% dans les métropoles. L'étude l'explique par un cadre "plus protecteur", "plus familial" en zone rurale, et à l'inverse un "isolement plus fort", des "vulnérabilités économiques plus fréquentes" dans les métropoles, notamment pour les étudiants. Ce différentiel pourrait également s'expliquer par "la surreprésentation" des étudiants dans les grandes villes, selon les auteurs de l'étude.  

Et ce, même si les jeunes ruraux expriment plus fréquemment leur insatisfaction à l'égard de l'offre de services locale (loisirs, transports, etc.), et subissent pour certains une "immobilité contrainte" identifiée comme une "source de mal-être". L'étude relève ainsi que 77% des jeunes ont déjà renoncé à une activité en raison des difficultés de transport

Temps d'exposition aux écrans 

Sans surprise en revanche, les conditions de vie accentuent encore les écarts : 47% des jeunes en grande précarité souffrent de dépression, soit près de trois fois plus que les jeunes sans difficultés économiques (16%). La dépression toucherait aussi davantage de jeunes femmes (27%) que de jeunes hommes (22%). 

Autre forte préoccupation pour la santé mentale des jeunes, la place quotidienne prise par les écrans. 44% des jeunes interrogés déclarent y passer entre une heure et trois heures par jour et 30% entre 3 heures et 5 heures. Plus le temps d'exposition augmente plus, plus les troubles s'intensifient. 

Attentes sur l'accès aux soins 

Autre fait marquant : seuls 38% des jeunes ont déjà parlé de santé mentale à un professionnel de santé. 19% qui ressentent le besoin de consulter ne l'ont pas fait. Parmi ceux qui ne l'ont pas fait, 24% évoquent "la peur du jugement ou de la stigmatisation", 17% le coût des consultations, et 18% le sentiment que cela ne les aiderait pas. La majorité préfère donc aborder leur mal-être dans un cadre privé, sans suivi régulier. 
Face à ces constats, "les jeunes expriment des attentes", conclut l'enquête. "Ils souhaitent que l'on facilite l'accès aux soins psychologiques et que l'on renforce la sensibilisation", deux priorités citées par 36% d'entre eux. "Ils demandent aussi de rendre les soins plus accessibles financièrement (34%) et d'encourager les pratiques favorisant le bien-être, comme le sport, la culture ou la relaxation (16%)". 15% d'entre eux placent la lutte contre le harcèlement parmi leurs priorités. 
Rappelons que la santé mentale a été érigée en grande cause nationale en 2025. 
Les mesures annoncées à l'issue des assises de la santé scolaire, lancées par Elisabeth Borne, conclues en mai 2025, avaient été jugées étriquées par les syndicats ( notre article du 16 mai 2025).  

 

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