Une partie de la jeunesse française éprouve des difficultés de lecture
Selon les chiffres de la Journée défense et citoyenneté de 2024, 13% des jeunes présentent des difficultés en lecture et 6% peuvent être considérés en situation d'illettrisme. Une situation qui varie selon le niveau d'études, le sexe et le territoire.

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5,6% des jeunes sont en situation d'illettrisme, 7,8% présentent de très faibles capacités de lecture, 10,2% sont des lecteurs médiocres et 76,4% des lecteurs efficaces selon un bilan issu du test d'évaluation de la lecture effectué lors de la Journée défense et citoyenneté (JDC) 2024 à laquelle ont pris part 843.500 jeunes âgés de 16 à 25 ans, et publié par la Depp (direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance du ministère de l'Éducation nationale) le 14 octobre 2025.
Parmi ceux qui peuvent être considérés en situation d'illettrisme, selon les critères de l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme (ANLCI), la moitié n'a pas acquis les mécanismes de base de traitement du langage écrit. Ceux qui présentent de très faibles capacités de lecture ont un niveau lexical oral correct mais ne parviennent pas à comprendre les textes écrits. Quant aux lecteurs médiocres, si les composants fondamentaux de la lecture sont déficitaires ou partiellement déficitaires chez eux, ils parviennent toutefois à compenser leurs difficultés pour atteindre un certain niveau de compréhension.
Des difficultés jusqu'au lycée et au-delà
Sans surprise, les jeunes sortis du système éducatif sans diplôme rencontrent plus fréquemment des difficultés en lecture. Ainsi, parmi les jeunes scolarisés qui n'ont pas dépassé le niveau collège, 59% ont des difficultés de lecture. Mais ils sont encore 34% à éprouver des difficultés chez ceux qui ont un niveau CAP ou BEP, et même 5% parmi ceux qui suivent des études générales ou technologiques au lycée ou des études supérieures.
On note encore des disparités selon le sexe : 15% des garçons sont en difficulté de lecture contre seulement 11% des filles, ce que la Depp met en corrélation avec la proportion plus élevée de garçons que de filles présents dans les niveaux scolaires les plus bas (particulièrement au niveau CAP-BEP) où les difficultés sont les plus marquées.
Les Drom plus touchés par les difficultés de lecture
On observe enfin des disparités territoriales. "Les jeunes des Drom sont particulièrement concernés par les difficultés de lecture", pointe la Depp, avant d'annoncer des chiffres éloquents : environ 30% des jeunes sont en difficulté à La Réunion, en Guadeloupe et en Martinique, et jusqu'à 52% en Guyane et 58% à Mayotte. Ces difficultés de lecture n'épargnent pas pour autant la métropole, puisqu'on compte 19% de jeunes en délicatesse avec la lecture en Seine-Saint-Denis et dans l'Aisne, 16% dans l'Oise, 15% dans les Ardennes, la Nièvre ou la Somme.
Reste à savoir comment le taux d'illettrisme a évolué récemment. Ici, la Depp met en garde en précisant que "les profils de lecteurs en 2024 ne peuvent être comparés à ceux des années précédentes". Les conditions de passation du test ont en effet été modifiées, ce qui a modifié le profil des participants à la JDC à laquelle, en outre, n'étaient pas convoqués les participants au SNU (Service national universel). Une telle mise en garde n'est pas nouvelle. À propos des bilans de la JDC 2023, 2022, 2020 et 2018, la Depp avait mis en avant des "nouveautés dans les tests d’évaluation" ou des "problèmes techniques" qui rendaient incomparables les résultats avec ceux des années précédentes. On rappellera donc, avec toutes les précautions d'usage, que le taux de lecteurs efficaces, qui s'élève à 76,4% en 2024, était 78,6% en 2020 et de 80,7% en 2015, mais encore que si la France veut pouvoir évaluer l'évolution de la capacité de lecture de ses jeunes, il conviendrait d'user du même thermomètre année après année...