Vie chère en outre-mer : le gouvernement peaufine son "plan global"
Au lendemain de la présentation du projet de loi sur la vie chère en outre-mer, trois décrets ont été publiés pour améliorer le bouclier qualité prix (BQP) et les observatoires des prix, des marges et des revenus (OPMR). Des ajustements techniques qui ne sont pas à la hauteur des attentes des collectivités.

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Cela fait partie du "plan global" que le gouvernement veut mettre en place pour lutter contre la vie chère en outre-mer : à côté du projet de loi présenté par Manuel Valls mercredi (voir notre article), trois décrets ont été publiés au Journal officiel, ce jeudi. Le premier d’entre eux vient renforcer le "bouclier qualité prix" (BQP) institué en 2012 pour encadrer les prix d'un panier de produits de consommation courante. Davantage d’acteurs seront associés aux négociations, avec de nouveaux objectifs possibles. Les deux autres renforcent les observatoires des prix, des marges et des revenus (OPMR). L’un d’eux rend obligatoire la nomination d’un président par observatoire, à l’exception de ceux de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy qui pourront conserver un seul président. Jusqu’ici, un seul président officiait pour les Antilles et la Guyane. Le décret permet aussi aux observatoires d'établir un règlement intérieur. "Cela renforcera le pilotage et l’efficacité de leur action de contrôle", souligne le ministère, dans un communiqué. Le troisième décret donne la possibilité aux observatoires d’intégrer des enquêtes consommateurs dans leurs avis.
Ces trois textes étaient mentionnés dans la circulaire du 10 juillet adressée aux préfets sur "le pilotage et l'animation des services et missions visant à lutter contre la vie chère dans les outre-mer" (voir notre article). "Cet ensemble de mesures offrira un ensemble de leviers à votre disposition. Il vous est demandé d'en faciliter l'application le plus rapidement possible", peut-on lire dans cette instruction qui vise à donner la main aux préfets pour enclencher une véritable "transformation économique des territoires et donc le développement des filières productives". Cette transformation "ne peut pas fonctionner depuis Paris et d’un coup de baguette magique", justifie-t-on dans l’entourage du ministre.
"Timide et insuffisamment ambitieux"
Le projet de loi présenté hier viendra encore renforcer ces dispositions. Les boucliers qualité prix seront notamment élargis aux services. Les observatoires fixeront un objectif de réduction des prix et plus seulement de modération. "Le moment venu, nous attendons, là encore, une diligence particulière de votre part pour faciliter la mise en œuvre des mesures [que le projet de loi] portera", souligne la circulaire qui rappelle que les écarts de prix entre la métropole et l'outre-mer "sont particulièrement prononcés sur les produits alimentaires, allant de 30% à Mayotte à près de 42% en Guadeloupe". Le texte, qui entend s'inspirer de nombreuses initiatives parlementaires prises ces derniers mois, n'a toutefois pas convaincu. La collectivité territoriale de Martinique a adopté le mois dernier un avis "négatif" sur le texte, estimant qu'il ne répond pas "aux enjeux structurels de la vie chère", alors que le conseil régional de La Réunion le juge "timide et insuffisamment ambitieux". Malgré les mots forts prononcés par Manuel Valls à l'Assemblée, le 22 janvier, évoquant le "rôle d’étouffement de l’économie" joué par certaines entreprises en situation d'oligopole, la collectivité réunionnaise note que le texte "reste silencieux sur l’emprise croissante de certains groupes dans l’ensemble des filières ainsi que sur les marges réalisées en amont de la distribution".
Références : décret n° 2025-719 du 29 juillet 2025 relatif aux accords annuels de modération de prix de produits de grande consommation de l'article L. 410-5 du code de commerce ; décret n° 2025-720 du 29 juillet 2025 relatif à l'avis sur la conduite de la politique économique et de cohésion sociale de l'observatoire des prix, des marges et des revenus de Guadeloupe, de Guyane, de la Martinique, de La Réunion, de Mayotte, de Saint-Martin et Saint-Barthélemy, de Saint-Pierre-et-Miquelon et des îles Wallis et Futuna ; décret n° 2025-721 du 29 juillet 2025 relatif aux modalités d'exercice du mandat de président de l'observatoire des prix, des marges et des revenus de Guadeloupe, de Guyane, de la Martinique, de La Réunion, de Mayotte, de Saint-Martin et Saint-Barthélemy, de Saint-Pierre-et-Miquelon, et des îles Wallis et Futuna, JO du 31 juillet. |