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Aménagement numérique - 2G, 3G, 4G, la couverture en téléphonie mobile progresse mais les inégalités territoriales subsistent

Livrant ce 27 mai la somme des données actualisées de son observatoire sur la couverture et la qualité des services mobiles, l'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep) compare les opérateurs nationaux sur leur offre 2G/3G et confirme leurs progrès sur la 4G. Et souligne la persistance des inégalités territoriales entre zones urbaines et zones rurales.
Première mission de cet observatoire : informer les consommateurs et les décideurs territoriaux. Mais en analysant à intervalles réguliers la partie la moins visible de l'activité des opérateurs, à savoir l'étendue de leur couverture du territoire et la qualité des services proposés, il s'agit aussi d'inciter ces mêmes opérateurs à investir dans les zones les moins bien desservies. Actualisées au fil des enquêtes de terrain, les études comparatives proposées dans cette nouvelle édition s'appuient sur des données recueillies en 2013 - pour la 2G - et en 2014 - pour la 3G et la 4G.
A première vue, le niveau d'ensemble progresse. Dans les zones urbanisées, la couverture de la population en téléphonie mobile est quasiment complète, bien que des différences de qualité de service subsistent entre opérateurs, Orange restant leader sur à peu près tous les segments. Hors des villes, les valeurs sont également élevées, du moins en apparence sur la 2G et sur la 3G, mais sur des critères de calcul aujourd'hui contestés. Quant à la 4G, elle couvre bien 80% de la population mais demeure encore une exception en milieu rural.

Les écarts de la 2G/3G sur le terrain

La couverture 2G/3G est censée toucher 100% de la population. Mais le diable se cache souvent dans les détails. Et quelques dixièmes de points peuvent faire toute la différence. De plus, les disparités dans la qualité des prestations (qui incluent notamment les accords d'itinérance) font apparaître deux niveaux : le plus performant réunit Orange et SFR et le second, plus inégal, Free et Bouygues. En 2G, l'étendue de couverture territoriale se situe entre 97,3% (Orange) et 89,8% (Bouygues) tandis qu'en 3G, les disparités sont nettement plus fortes : Orange (91%) et SFR (92%) sont en avance sur leurs deux suivants Free (82%) et Bouygues (80%). On notera toutefois quelques variations dans la hiérarchie des classements sur le volet de la qualité de service, puisque sur les 258 indicateurs utilisés par l'Arcep, Orange est au-dessus de la moyenne pour 213 d'entre eux, Bouygues passe de la dernière à la seconde place avec 75 indicateurs et devance ainsi SFR (38) et Free (2 seulement). Ces valeurs pondèrent les résultats précédents. Ainsi, SFR assure certes une assez bonne couverture 2G/3G sur l'ensemble du territoire, mais avec une qualité de service en dessous de la moyenne. Quant à Free, bon dernier, il fait plutôt figure de mauvais élève de la classe. Les différences constatées sur les débits fournis confirment cette hiérarchie : Orange apparaît nettement au-dessus de ses concurrents respectifs, en offrant un débit moyen au moins deux fois supérieur (9,3 Mbps pour la 3G en débit descendant).

4G : les investissements dans la zone moins dense se font attendre

Le déploiement de la 4G, relativement récent, bouleverse la hiérarchie établie sur la 3G : ainsi, sur le taux de couverture de la population, Orange (72%) et Bouygues (71%) figurent aux premières places du classement, suivis, assez loin derrière, par SFR (53%) et Free (33%). Dans l'ensemble, la couverture territoriale assurée par les quatre opérateurs varie entre 22% (Orange) et 3% (Free). Ce qui confirme l'absence quasi totale des opérateurs dans la zone peu dense, comme le souligne l'Arcep dans un communiqué : "Les déploiements 4G à réaliser restent néanmoins importants, puisque près de 70% du territoire n'est pas encore couvert, et qu'environ 20% de la population n'a pas accès à la 4G, par quelque opérateur que ce soit". L'Arcep rappelle à cette occasion les obligations de Bouygues Telecom, SFR et Orange : couvrir d'ici 18 mois (janvier 2017) 40% de la population de la zone "peu dense". Cette zone, définie au moment de la délivrance des autorisations, représente 63% du territoire et 18% de la population. Or à ce jour et au vu des pourcentages couverts, seuls Orange et Bouygues auraient déjà investi dans cette zone. Quant à SFR, le respect des engagements risque d'être plus difficile à tenir, ce qui pourrait mettre l'opérateur en difficulté face au régulateur qui se dit "particulièrement attentif au respect de ces obligations".

Améliorations attendues sur les cartes de couverture

Pour renforcer le dispositif de suivi, l'Arcep "souhaite" compléter les obligations des opérateurs mobiles en matière de couverture, notamment afin que des cartes enrichies et fiables puissent être accessibles aux utilisateurs. Mais l'autorité ne cache pas sa difficulté à agir "sans une évolution des textes en vigueur". Les échéances de couverture fixées pour la 4G devraient logiquement accroître le besoin de disposer de données fiables. En outre, les améliorations donneraient aussi plus de crédibilité aux actions de transparence menées par l'Autorité de régulation. Le moment est favorable avec les récents engagements de couverture des zones blanches pris par le gouvernement, sachant qu'Emmanuel Macron et Axelle Lemaire ont signé leur premier accord de couverture avec les quatre opérateurs (voir ci-contre notre article du 26 mai). Il convient donc de profiter de l'occasion pour améliorer encore la transparence.