Aide sociale à l’enfance : une hausse de 44% du nombre de mesures en 20 ans
Si l’augmentation a été plus légère en 2024, elle est à mettre en relation avec la poursuite de la baisse de la population générale des moins 21 ans, a souligné la Drees lors de la présentation de données provisoires pour 2024 et de son dispositif statistique sur la protection de l’enfance.

© Drees et Adobe stock
Fin 2024, le nombre de mesures d’aide sociale à l’enfance (ASE) a continué d’augmenter, à hauteur de 1,4%, selon des données encore provisoires de la Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques, ministère sociaux) publiées début septembre. Les mesures d’accueil (56% du total) ont concerné 224.600 mineurs et jeunes majeurs (+1,4%, après +6,1% en 2023) et les actions éducatives exercées en milieu familial (44% du total des mesures) ont bénéficié à 180.000 enfants et jeunes (+1,4%, après +2% en 2023). La Drees rappelle que certains d’entre eux bénéficient aussi d’une mesure d’accueil.
Si un infléchissement par rapport à 2023 est donc mesuré (voir notre article), la moindre hausse de 2024 est à mettre en relation avec une population des moins de 21 ans qui diminue de 0,7%, a souligné Tedjani Tarayoun, responsable de l’enquête "bénéficiaires de l’ASE" à la Drees, le 4 septembre lors d’une conférence de presse. Et depuis 2004, l’augmentation du nombre de mesures est considérable : +44%, tandis que la population générale des moins de 21 ans a diminué de 1,8% sur cette période. Selon Tedjani Tarayoun, trois explications peuvent être mises en avant : le fait qu’il y ait "davantage de situations familiales repérées et signalées" (notamment en lien avec des "conflits familiaux" et "des négligences"), le renforcement du cadre législatif induisant une action plus rapide en cas de risque et la hausse des mineurs non-accompagnés (MNA) qui serait à l’origine, depuis 2015, de "42% de la hausse du nombre de mineurs accueillis à l'ASE".
La promotion d’une approche préventive devrait théoriquement se traduire par un fort développement des actions éducatives à domicile. Or, depuis 2016, ce sont bien les mesures d’accueil qui ont le plus progressé et qui contribuent ainsi à 80% de la hausse total du nombre de mesures. Autre tendance de fond qui s’inscrit à rebours des injonctions gouvernementales actuelles : la diminution continue de la part d’enfants accueillis en famille d’accueil (35% fin 2024, après 38% en 2022 et 56% en 2006). Les enfants et jeunes confiés à l’ASE sont en premier lieu accueillis en établissement (40% fin 2024), mais les autres modalités d’accueil (hébergement autonome en foyers, placement à domicile ou encore… "attente d’un lieu d’accueil") augmentent "de façon régulière ces dernières années", jusqu’à représenter un quart des enfants et jeunes confiés fin 2024, selon la Drees.
En 2024, le nombre de jeunes majeurs accompagnés a augmenté de façon importante : +7,4% pour les jeunes bénéficiant d’un accueil provisoire (32.200 jeunes concernés) et +2,2% pour les jeunes suivis en aide éducative à domicile (3.500 bénéficiaires). La Drees indique que cette forte hausse est la suite logique de l’augmentation du nombre de mineurs accueillis ces dernières années, notamment de MNA (+6,1% de jeunes majeurs anciens MNA accueillis en 2024). Le nombre de MNA a en revanche diminué de 2,7% en 2024.
› Olinpe, "une source d’avenir" sur le parcours des enfants de l’ASELors de sa conférence de presse, la Drees a présenté en détail son dispositif de recueil de données sur la protection de l’enfance, composé d’une enquête annuelle sur les bénéficiaires, d’une enquête réalisée tous les quatre ans sur les établissements et services et du dispositif Olinpe (Observation longitudinale, individuelle et nationale en protection de l’enfance). Créé en 2012, initialement confié à l’Observatoire national de la protection de l’enfance (ONPE) et repris par la Drees en 2023, ce dispositif de recueil de données individuelles est présenté comme "une source d’avenir", qui permettra de connaître plus précisément les parcours des enfants de l’ASE avec le recueil de données stratégiques (délais de mise en œuvre et durée des mesures, analyse des motifs de prise en charge, de l’impact des changements de lieux d’accueil ou de la séparation d’une fratrie, suivi du devenir des sortants de l’ASE, etc.) La Drees annonce une première publication issue de ce dispositif au premier semestre 2026. |