Archives

Logement privé - Anah : un risque de surchauffe ?

Le président de l'Anah, Philippe Pelletier, fait appel aux partenariats locaux pour tenter de répondre à l'ampleur de la tâche !

"Comme chaque année, nous avons engagé jusqu'au dernier euro disponible." Pour le président de l'Agence nationale de l'habitat, Philippe Pelletier, qui présentait le bilan 2007 et les perspectives 2008 de l'Anah, "un certain nombre de projets sont restés en rade faute de moyens". En 2007, plus de 560 millions d'euros de subventions ont été accordés aux propriétaires, générant 1,6 milliard d'euros de travaux. En 2008, l'Anah s'est donné comme objectifs de favoriser les opérations collectives sur le diffus et de développer l'action en faveur du logement très social. Sur les 41.000 logements améliorés ou conventionnés avec ou sans travaux (aides fiscales en contrepartie d'un loyer modéré), 15.092 logements à loyer social ou très social ont été aidés, soit une augmentation de 11% par rapport à 2006 (baisse de 26% des logements aidés à loyer intermédiaire). A l'inverse, le nombre des logements vacants remis sur le marché a stagné (soit près de 10.000).


Dalo : éviter une "filière" habitat indigne

Si le nombre des logements à loyer conventionné très social susceptibles d'être mobilisés par le public Dalo a augmenté (2.449 logements contre 2.009 en 2006), l'objectif de 4.000 logements défini dans la loi du 5 mars 2007 n'est pas encore rempli. En revanche, les aides aux travaux de réhabilitation des cas les plus graves d'insalubrité et de saturnisme ont permis le traitement de plus de 7.000 logements. Pour la mise en oeuvre de la loi Dalo, l'Anah se donne donc comme priorité la lutte contre l'habitat indécent et travaille sur l'expérimentation d'un dispositif pour "éviter une filière habitat indigne". "Quand un locataire de logement insalubre, qui est prioritaire au Dalo, est relogé, son ancien logement ne doit pas être tel quel habité par de nouveaux locataires", commente Philippe Pelletier. L'idée serait donc de négocier avec le propriétaire les travaux nécessaires pour ensuite proposer ce logement à une association mettant le logement à disposition d'un ménage en difficulté. "La pression est forte : nous avons le sentiment d'être sollicités de toute part : au-delà du Dalo, l'éradication du logement insalubre est 'un tonneau sans fond'." Entre 250.000 et 350.000 logements situés en zone urbaine sont estimés "potentiellement indignes". 
Autre chantier, l'Anah a consacré près de 50 millions d'euros à des subventions aux travaux pour le maintien à domicile des personnes âgées (25.000 propriétaires occupants). "Ce fut un grand succès et aujourd'hui, la pression est forte pour que l'on continue : cette année, cette priorité ne fera pas l'objet d'un fléchage particulier mais nous y affecterons tout de même 50 millions d'euros", commente le président de l'Anah.

Appels à projets pour les quartiers anciens

Et puis est arrivé le Grenelle de l'environnement et son lot de nouveaux objectifs à réaliser. Déjà, en 2007, la promotion du développement durable s'est concrétisée par la création d'une centaine d'Opah à volet énergétique en partenariat avec les collectivités. "Pour 2008, nous visons 250 opérations à volet énergétique", commente Philippe Pelletier. Autre dossier "à charge", la rénovation des quartiers anciens. L'Anah rappelle que l'on peut estimer à 150 à 200 les quartiers anciens rencontrant des difficultés à des degrés divers. En 2007, 92 Opah de renouvellement urbain étaient en cours de réalisation et une trentaine en préparation. En 2008, l'Anah compte donner un nouvel élan à ces opérations et elle a émis auprès de Christine Boutin, qui a annoncé le 14 janvier un  programme de rénovation des  centres-ville, la proposition visant à s'appuyer sur des appels à projets en partenariat avec les collectivités, à l'instar des pôles de compétitivité. L'action de l'Anah se veut une démarche territoriale : "Plus de la moitié des crédits engagés dans le cadre d'Opah prennent la forme de contrats avec les élus dans le politique de requalification des quartiers anciens dégradés." "Notre capacité financière, nos moyens humains et notre capacité à travailler avec les collectivités locales sont de plus en plus sollicités et pourtant les moyens ne sont pas à la hauteur de nos défis. Nous sommes tiraillés par des arbitrages et nous nous sentons démunis face à l'ampleur de cette tâche croissante." D'où la nécessité de favoriser des partenariats locaux avec les collectivités, les associations ou encore les acteurs institutionnels comme l'Ademe.

 

Clémence Villedieu

 

Chiffres clés

- Plus de 560 millions d'euros de subventions Anah accordés aux propriétaires, générant 1,6 milliard d'euros de travaux éligibles ;
- 10 millions d'euros de subventions d'ingénierie pour la définition, la réalisation et le suivi social des projets territoriaux ;
- Près de 140.000 logements améliorés ou conventionnés avec des aides fiscales ;
- 22.700 logements traités au sein des copropriétés en difficulté ;
- 33.700 logements réhabilités à loyers maîtrisés ;
- 7.200 logements indignes réhabilités ;
- Plus de 560 opérations programmées couvrant 22.500 communes.