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Apprentissage : un nouveau record en 2021, et après ? 

Le recours à l’apprentissage enregistre à nouveau un record en 2021, avec d’ores et déjà 560.000 entrées. Une croissance qui pose plusieurs problèmes. Parmi eux : le financement du système, ainsi que l’attractivité de l’apprentissage pour les premiers niveaux de diplôme.  

L’année 2021 n’est pas terminée, et pourtant l’apprentissage franchit un nouveau record. Selon la ministre du Travail Elisabeth Borne, plus de 560.000 contrats ont été signés cette année, contre 525.600 en 2020. Cependant, plusieurs questions restent à régler selon les directeurs de CFA (Centre de formation des apprentis).

Réunis au congrès de la Fnadir (Fédération nationale des directeurs de centres de formation d'apprentis), mardi 30 novembre et mercredi 1er décembre 2021, ils ont pointé la problématique des investissements à plus de 3 ans auprès de la ministre du Travail. Sous-consommée, l’enveloppe de 135 millions d’euros visant à soutenir le fonctionnement des CFA dans une logique d’aménagement des territoires fera l’objet, en décembre, d’un décret pour "booster les ressources d’investissement", a-t-elle annoncé. Mais "la logique, c’est aussi de dire que les CFA doivent dégager une capacité d’autofinancement (…) ce qui suppose que les choses se stabilisent dans la construction du modèle économique", a ajouté Elisabeth Borne.  

La question du financement de l’apprentissage reste entière, alors que le déficit de France compétences pour 2022 est attendu à 3,75 milliards d’euros contre 3,4 milliards d’euros cette année, selon le quotidien Les Échos. Un début de resserrage des dépenses du compte personnel de formation pourrait, peut-être, s’opérer à travers le contrôle des certifications. Du côté de l’apprentissage, France compétences lancera d’ici la mi-décembre l’exercice de révision des coûts-contrats par les branches professionnelles. Va-t-il se traduire par des économies ? "Ce processus va être conduit dans l’esprit des textes (…) C’est un travail de convergence, ce n’est pas un exercice de régulation budgétaire", a voulu rassurer la ministre du Travail, renvoyant une nouvelle fois la question du financement – dont se sont déjà emparés les partenaires sociaux (lire notre article du 18 octobre) - à l’après-2022.

Problème d’attractivité

Reconnaissant la progression "très importante" de l’apprentissage dans l’enseignement supérieur (+92% entre 2019 et 2020 sur les niveaux Bac+ 3 et plus), notamment dans les écoles de management et d’ingénieurs, la ministre du Travail estime que cette évolution "contribue à changer l’image" de cette pédagogie. Un point positif qui ne doit pas masquer l’importance de développer l’apprentissage aux niveaux bac+ 2, bac et infra-bac, "parce que cela permet une insertion dans l’emploi dans les métiers rares ou des secteurs en tension de recrutement", a rappelé Elisabeth Borne. Des discussions sont en cours entre les partenaires sociaux, le ministère du l’Education nationale et les représentants des régions pour faire progresser l’information sur les métiers.

Mais au-delà de l’orientation, la balle est dans le camp des employeurs. L’attractivité de l’apprentissage dans les niveaux 3 et 4 (CAP, BEP, Bac) dépendra "de la capacité à compléter l’apprentissage par de la formation tout au long de la vie", a averti la ministre, car les jeunes et leurs familles aspirent toujours au modèle de l’enseignement supérieur. L’autre question importante à traiter concerne la capacité de rétention des apprentis dans leur secteur, liée aux conditions de travail. Un point noir qu’a rappelé Elisabeth Borne. "Quand on regarde la part des jeunes issus de l’apprentissage qui sont encore dans leurs métiers 3 ans après, ça fait réfléchir. Moins de la moitié des jeunes dans le bâtiment formés par l’apprentissage sont encore dans ce métier trois ans après l’obtention de leur diplôme, 40% dans la métallurgie."

La Banque des Territoires crée une offre de financement dédiée aux CFA

Lors du congrès annuel de la Fnadir (Fédération nationale des directeurs de CFA) qui a eu lieu les 30 novembre et 1er décembre 2021 à Aix-en-Provence, la Banque des Territoires a présenté de nouveaux outils mis en œuvre pour faire face aux difficultés financières des centres de formation des apprentis depuis la réforme du financement de l’apprentissage.

"Auparavant financé majoritairement par les régions qui définissaient la carte des formations en apprentissage, ce secteur est aujourd’hui libéralisé et en pleine expansion", explique la BdT. Aussi, "les CFA doivent dorénavant trouver de nouvelles ressources propres pour financer la croissance de leur activité". C’est pour soutenir le développement du secteur, que la Banque des Territoires a créé cette nouvelle offre d’investissement direct dédiée aux centres de formation d‘apprentis (CFA) et aux organismes de formation en apprentissage (OFA) ayant des perspectives de développement.

Les structures concernées sont principalement des associations, mais "également des sociétés qui ont des besoins de financement non couverts : financement du besoin en fonds de roulement, renforcement des ressources transverses des OFA ou encore diversification de leurs offres", détaille la Banque des Territoires. Pour y répondre, celle-ci propose un soutien en fonds propres (capital) ou quasi-fonds propres (obligations convertibles, apports en compte courant d’associé, prêts subordonnés à intérêt participatif, titres associatifs…).

Dans le cadre du congrès, a également été signé entre la Banque des Territoires et la Fnadir un partenariat visant à "soutenir l’écosystème de la formation professionnelle". L’établissement financier compte ainsi "approfondir sa connaissance des besoins des CFA et OFA – afin d’être au plus proche des besoins nouveaux d’un secteur en restructuration". Le deal prévoit la mise en place de groupes de travail communs dédiés aux modèles économiques et à l’étude de l’impact des CFA-OFA.
Fabienne Proux, JGPmedia pour Localtis

 

 

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