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Environnement - Atlas de paysages : la France se remet à l'ouvrage

Alors que le projet de loi sur la biodiversité, qui devrait être examiné en juin par le Sénat, consacre entre autres le rôle des atlas de paysages et qu'un appel à projets national sur les démarches de plans paysages qu'ils chapeautent vient d'être lancé, un guide du ministère de l'Ecologie propose aux collectivités territoriales et services déconcentrés une méthode pour élaborer conjointement cet outil.

Une soixantaine d'atlas de paysages ont été publiés à ce jour dans quasiment toutes les régions et près d'un département sur deux. Les trois quarts du territoire en sont couverts  - seuls les Côtes-d'Armor, la Vendée, les Landes, les Hautes-Pyrénées, la Haute-Garonne, l'Ile-de-France, le Bas-Rhin et le Haut-Rhin n'en sont pas encore dotés. Mais à quoi servent ces atlas ? C'est un document de connaissance, qui vise à identifier, qualifier et caractériser tous les paysages d'un territoire mais aussi à mieux "aménager en connaissance de cause", estime Jean-Marc Michel, directeur général de l'aménagement, du logement et de la nature au ministère de l'Ecologie. Son constat introduit un nouveau guide, une méthode plutôt, d'une centaine de pages et qui vient d'être largement réactualisée. Et pour cause, elle est publiée... vingt ans après la première !

Une aide à la décision

Du terrain, des enseignements concrets ont depuis ce temps été tirés. En moyenne, ces atlas sont réalisés en 36 mois, coûtent 148.000 euros par département, 240.000 euros par région. Dans un département comme le Morbihan, on définit l'atlas finalisé il y a quatre ans comme un "portrait à la fois sensible, factuel et prospectif des paysages" du territoire en jeu. Côté contenu, cet atlas contient classiquement des cartes, schémas, textes et photos, qui "en font le corps et donnent une représentation des caractères et problématiques paysagères des lieux". Outil d'aide à la décision, l'atlas éclaire aussi les choix des actions à entreprendre et […] permet "d'éviter divers conflits liés à l'aménagement du territoire et du cadre de vie de ces populations". C'est "la connaissance produite [par son biais qui] invite donc à l'action", motive ce guide. Dans les Vosges, cet atlas s'est imposé au rang de "ressource pédagogique" mais aussi de document de référence pour encadrer la politique des paysages. Les informations qu'il contient peuvent être réutilisées dans les études préalables aux schémas de cohérence territoriale (Scot) et plans locaux d'urbanisme (PLU). Plus qu'un outil figé, c'est un "processus qui conduit à la production d'un socle de connaissances partagées".

Des disparités à gommer

Les atlas s'appuient généralement sur des portions de territoire dénommées unités paysagères, auxquelles il ne faut pas négliger de trouver un nom. La restitution de la connaissance est attendue à l'échelle du 1/100.000e, sous la forme de cartes et blocs diagramme. Parmi ces cartes, l'une d'elles présente la totalité des unités paysagères de l'aire d'étude. Ce sont là "des attendus a minima", préconise ce guide. Qui ne sont pour l'heure pas toujours atteints, si bien que d'un atlas à l'autre perdure une certaine hétérogénéité. La définition notamment de ces unités varie, ce "qui pose des difficultés". Triple approche sur laquelle la connaissance des paysages repose ; prise en compte de l'existence de "paysages urbains" ; démarches ("qui ne s'improvisent pas") visant à sonder quelles sont les représentations sociales des paysages concernés ; formats, modes de restitution et de valorisation des connaissances acquises… En fin d'ouvrage, ce sont neuf fiches techniques qui apportent un éclairage et un cadre à ces enjeux.

Bien valoriser ces atlas

Pour ce faire, quatre conseils à avoir en tête : "Parce que le paysage est un aspect important du cadre de vie et des territoires qui l'accueillent", l'atlas peut être utilisé pour "assurer une promotion territoriale", mais aussi pour "sensibiliser le public et les élus", pour fournir des informations liées à l'aménagement du territoire (aide à la décision), ou encore "pour favoriser l'interconnaissance entre acteurs du paysage" (lien, réseau, en s'ouvrant aux non-spécialistes). En Poitou-Charentes, la valorisation de l'atlas régional des paysages réalisé en 1999 s'appuie par exemple sur des expositions, mais explore aussi  des voies numériques. Il se décline, depuis 2011, sous la forme plus grand public d'un "guide du paysage en Poitou-Charentes", lequel a mobilisé le savoir-faire des agents (inspecteurs des sites et photographe notamment). A ce propos, cette nouvelle méthode nationale recommande de ne pas trop vite abandonner la diffusion sous forme d'ouvrage papier, qui reste très appréciée du public, des élus et coûte en moyenne de 20 à 30 euros par ouvrage. Pour "faire vivre" son atlas, il est aussi recommandé de réutiliser et de rendre publiques les données acquises, notamment pour sensibiliser les habitants et les encourager à se "mobiliser pour leur cadre de vie".