Bidonvilles en France : un défi persistant, des outils pour agir

Selon la délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement, environ 15.000 personnes vivraient encore dans des bidonvilles aujourd’hui en France. Pour aider les acteurs de terrain à sortir de cette impasse sociale et urbaine, la Dihal a mis à disposition un guide pratique visant à fournir des outils concrets pour piloter des stratégies de résorption durables.

Aujourd’hui, la France compte encore plus de 300 bidonvilles, rassemblant près de 15.000 personnes (majoritairement européennes) dans des conditions d’habitat difficiles. Une vingtaine de départements sont concernés. Sur le territoire métropolitain sont notamment recensées plus de 700 personnes dans le Nord, 4.700 en Île-de-France, 2.500 en Loire-Atlantique, ou encore 1.200 personnes en Gironde et autant dans les Bouches-du-Rhône.

Ces chiffres, issus des données collectées par la Dihal (délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement) traduisent une réalité ancrée : malgré les politiques publiques et l’implication de nombreux acteurs, ces lieux persistent, souvent à la marge des villes et des droits.

Pour mieux équiper les acteurs de terrain, la Dihal a proposé, en avril dernier lors d’une conférence, un guide pratique (à télécharger ci-dessous) visant à leur apporter des repères concrets et des exemples inspirants. "Il met en avant la richesse et la diversité des actions menées, parfois méconnues, qui ont permis des avancées réelles sur le terrain", fait valoir Jérôme d’Harcourt, délégué interministériel pour l’hébergement et l’accès au logement de personnes sans abri ou mal logées. 

L’objectif : donner aux collectivités et partenaires les outils pour construire des solutions locales, adaptées et durables. La finalité n’est pas seulement l’évacuation des sites mais bien une résorption globale fondée sur l’accompagnement et l’accès aux droits.

Une approche territoriale et universaliste

Le guide insiste sur la nécessité de cartographier précisément les sites, grâce à la plateforme nationale dédiée de la Dihal (qui constitue aujourd’hui la base de données de référence sur les sites en activité et les actions de résorption engagées). Celle-ci permet non seulement d’identifier les sites, mais aussi de documenter les situations (effectifs, vulnérabilités, type d’habitat, risques sanitaires et environnementaux) et de suivre l’évolution des situations ainsi que les actions engagées.

Un volet entier est dédié à l’élaboration d’un diagnostic partagé, mobilisant les services sociaux, éducatifs, sanitaires et associatifs. Ce diagnostic est la clé pour définir une stratégie de résorption réaliste, qui prend en compte l’accès au logement, à l’emploi, à la santé ou à l’état civil, ainsi que les contraintes foncières et réglementaires locales.

L’élaboration de la stratégie de résorption se doit d’être territorialisée, interinstitutionnelle et progressive. Plusieurs scénarios sont possibles : relogement direct, hébergement temporaire accompagné, accès à des terrains aménagés… La Dihal souligne également l’importance pour les personnes concernées d’être actrices de leur parcours. 

Parmi les outils proposés : des fiches pratiques (médiation, accompagnement à la scolarisation ou à l’emploi), rappel des dispositifs de financement (plan Logement d’abord, FSE+, etc.), des modèles de conventions de partenariats, des grilles d’évaluation, mais aussi des retours d’expériences issus de territoires engagés ayant mené des démarches exemplaires. Le guide préconise aussi une coordination renforcée entre services de l’État et collectivités, souvent condition de réussite de ces opérations sensibles.

 

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