"Bloquons tout" : premier état des lieux
Pas de pays à l'arrêt, mais "430 actions, dont 273 rassemblements et 157 blocages réunissant 29.000 participants", tel était, à 11h00 ce 10 septembre, le bilan dressé par le ministère de l'Intérieur de l'opération "Bloquons tout".
Dès le début de la matinée, Beauvau faisait état "d'actions disparates sur le territoire, avec alternance de rassemblements pacifiques et de blocages d'axes routiers". Il jugeait les manifestants "particulièrement revendicatifs dans les grandes agglomérations", répertoriant les "actions les plus significatives à Rennes [où la préfecture recensait 10.400 participants à la manifestation déclarée et où un bus a été incendié, rapporte l'AFP], Nantes [où la préfecture indique qu'il a été fait usage d'un canon à eau et de gaz lacrymogène], Grenoble [où l'A41 sud a été fermée], Lyon, Lille [où la circulation a été interrompue sur l'A25], Caen et Toulouse". À Marseille, le préfet de police des Bouches-du-Rhône souligne que "la CRS déployée en bas des marches a repoussé une tentative de 700 individus d'envahir la gare" Saint-Charles.
À midi, le centre opérationnel de gestion interministérielle des crises (Cogic) recensait 105 "incendies de voie publique". Et à 13h00, le ministère recensait 295 interpellations – dont 171 à Paris –, 106 actions de déblocage et 4 personnes des forces de sécurité intérieure "blessées légèrement".
Le ministère de l'Éducation nationale faisait pour sa part état d'une centaine de lycées perturbés, et de 27 bloqués, notamment à Paris, Montpellier, Rennes et Lille. Le ministère rapportait par ailleurs un taux de grévistes de 4,64% en "moyenne générale pondérée" – 6,01% pour la moyenne enseignants pondérée, 10,68% pour les personnels de vie scolaire. Les 29.000 grévistes de l'Education nationale constituaient, selon le ministère de la fonction publique, la majorité des grévistes de la fonction publique d'État (38.000 agents, soit 4,14% au total). Le taux de grévistes était de 4,20% dans la territoriale, et de 6,8% dans l'hospitalière. C'est au 18 septembre que l'ensemble des organisations syndicales appellent à la grève, mobilisation initialement lancée pour s'opposer aux mesures budgétaires annoncées par François Bayrou à la mi-juillet (lire notre article du 15 juillet).
Dans un télégramme daté du 4 septembre, Bruno Retailleau avait invité les préfets à entraver en amont "toute tentative de blocage des infrastructures essentielles à la vie de la Nation" – et, le cas échéant, à procéder à leur déblocage "dans les délais les plus brefs" : gares, ports, aéroports, transports en commun, axes routiers structurants, dépôts pétroliers, plateformes logistiques, centrales électriques, usines d'incinération de déchets ou site de traitement des eaux, principaux centres d'approvisionnement, comme le MIN de Rungis, mais aussi les établissements d'enseignement. Il avait précisé qu'"aucune dégradation de bâtiments publics en général et emblématiques à plus forte raison, ne saurait être tolérée", en leur demandant de faire procéder, dans ces situations, "à l'interpellation systématique des auteurs".