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Développement des territoires - Compétitivité internationale : l'Ile-de-France peut mieux faire, d'après le think tank Brookings

Dotée d'atouts indéniables qui la placent dans le club fermé des grandes régions mondiales, l'Ile-de-France doit encore faire des progrès pour améliorer sa compétitivité internationale. C'est le constat que fait le think tank américain Brookings Institution dans un rapport publié le 22 novembre 2016 par Global Cities Initiative. Plusieurs pistes d'amélioration pourraient inspirer les auteurs du schéma régional de développement économique, d'innovation et d'internationalisation (SRDEII) francilien qui va être soumis au vote de l'assemblée régionale dans moins d'un mois.

"La région Ile-de-France est le poumon de l'économie française, notamment en termes de talents, d'innovation et d'infrastructures", a relevé Kyril Courboin, président de JP Morgan Chase France en ouverture de la présentation, dans les locaux du conseil régional, d'une étude publiée par Global Cities Initiative, un projet conjoint de Brookings et de JP Morgan Chase, avec le concours de l'Institut d'aménagement et d'urbanisme (IAU) IDF. "Paris/Ile-de-France : profil d'une région métropolitaine globale ; compétitivité internationale et insertion dans les réseaux mondiaux" est le quatrième opus d'une série de profils publiés par Global Cities Initiative qui compare la compétitivité de la région parisienne à huit autres villes mondiales de taille, de richesse et de structure industrielle similaires : Boston, Chicago, Londres, Los Angeles, New York, Rotterdam-Amsterdam, San Francisco et Tokyo. Cette comparaison s'appuie sur une base de données correspondant à cinq facteurs clés qui stimulent la compétitivité : le commerce, l'innovation, le talent, les infrastructures et la gouvernance.
Paris et la région parisienne prospèrent aujourd'hui grâce à une main d'œuvre bien formée, des infrastructures modernes et des spécialisations technologiques, des fabrications de pointe et le tourisme. Pourtant, face à de nouvelles pressions liées à la mondialisation et aux transformations technologiques, la croissance de la région a été plus faible par rapport à ses pairs mondiaux. L'emploi et le PNB ont crû moins rapidement que les régions urbaines comparables dans le monde. Paris est la quatrième économie métropolitaine au monde de par sa taille, et figure en cinquième place en termes de richesse (PNB par tête) dans le classement des 120 régions urbaines mondialisées de la planète. D'après le rapport Brookings, Paris/Ile-de-France occupe entre la 3e et la 5e place sur les neuf villes étudiées sur les critères commerce, talents, infrastructures, mais elle figure en 8e position sur l'innovation. "Dans la perception et dans les faits, Paris est la quintessence d'une ville mondiale", affirme Joseph Parilla, membre du programme de politiques métropolitaines de Brookings Institution et co-auteur du rapport, qui ajoute : "Malgré ses atouts, sa performance économique est en retrait face à Londres, New York et San Francisco. Les institutions publiques, privées et associatives de la région parisienne pourraient, en adoptant des mesures concrètes, construire une économie plus compétitive à l'échelle mondiale, au bénéfice du plus grand nombre."

Augmenter la part des PME à l'export

Les auteurs recommandent à la région d'aborder sa stratégie "à partir d'une perspective commerciale internationale car les industries exportatrices de la région, en particulier les PME qui les composent, sont les moteurs fondamentaux de la croissance". Considérant que "la région est le centre de l'innovation en France", les auteurs conseillent à Paris et à sa région de "se concentrer particulièrement sur le soutien de [leur] système régional d'innovation, et sur la formation des salariés, à tous les niveaux de compétences", même si "Paris/Ile-de-France est l'une des régions où le niveau de formation est le plus élevé au monde". Ce qui ne l'empêche pas d'avoir un taux de chômage "supérieur [à celui] des régions comparables".
Parmi les autres marges d'amélioration relevées, on note en particulier "la faible part des PME/TPE à l'export" (seulement 5% d'entre elles exportent, soit la moitié de l'Allemagne) et "les liens entre la recherche et le monde de l'industrie [qui ne sont] pas encore à la hauteur des autres grands centres d'innovation". Le rapport souligne le manque d' "impact" de la recherche francilienne (faible part des publications de recherche communes avec l'industrie et faible score sur les documents académiques les plus cités).
En réponse à ce jugement "un peu sévère", la région explique qu'elle est "sur la voie de l’amélioration". "L'exceptionnel système de start-up est en véritable ébullition", soulignent les services de la région, et celle-ci aurait "devancé toutes les autres régions européennes en 2015 pour les levées de fonds en phase d'amorçage". En outre, "au niveau régional, un audit est en cours sur les fonds d'investissement dans lesquels la région investit". Cet audit devrait être achevé "d'ici la fin de l'année". "La région a l'intention d'être beaucoup plus proactive sur ce sujet et de combler de manière plus efficace les brèches de financement, et en jouant un rôle d'entraînement pour le reste de l'écosystème", se défend-elle. La région organisera en 2017 un colloque sur le financement des entreprises "pour partager [sa] vision avec le reste des acteurs".


Le SRDEII pour améliorer la vision partagée à l'échelle régionale

Le rapport fait également le constat d'un "manque d'une forte vision partagée à l'échelle régionale". La région Ile-de-France répond que "c’est tout l'objet du SRDEII, [qu'elle soumet à la concertation] largement depuis un an avec tous les acteurs économiques de la région, et qui sera soumis au vote de l'assemblée régionale dans moins d'un mois". Depuis son entrée en fonction, il y a bientôt un an, le nouvel exécutif régional déclare agir avec détermination en faveur de la compétitivité de la région. "Un guichet unique vient d'être mis en place pour accueillir les investisseurs internationaux, sous l'impulsion de la présidente de région et du Premier ministre", précisent les services. De plus, la région établit des liens avec de grandes régions innovantes (Corée, Etats-Unis) et elle "[simplifie] tous les dispositifs régionaux à destination des entreprises, [tout en augmentant] l'investissement en direction des acteurs économiques, grâce à des efforts sur [ses] dépenses de fonctionnement".
L'étude déplore en outre "une gouvernance trop complexe et trop fragmentée". La région rappelle qu'elle appelle "à une simplification de la gouvernance institutionnelle (suppression de la métropole, conseiller territorial unique)", ce qui pourrait "se faire en 2017" dans le cadre d'une éventuelle alternance politique. D'autre part, si le rapport souligne "la qualité et la performance des infrastructures mais aussi les besoins continus en investissements", la région répond en soulignant que "le très haut débit est en cours de déploiement dans toute la région". Que celle-ci "doublera les crédits accordés à ce sujet en 2017 par rapport à 2016, pour atteindre une couverture intégrale du réseau fixe THD en 2020". Elle va également investir "30 milliards d'euros d'ici 2030 pour doubler le réseau du métro francilien qui est déjà le premier au monde et qui se verra agrandi de neuf nouvelles lignes et de 68 nouvelles stations". Enfin, la région précise qu'elle soutient "le CDG Express [une infrastructure ferroviaire entre Paris-Gare de l'Est et l'aéroport Paris-Charles-de-Gaulle] qui est essentielle dans cette compétition entre métropoles".