Contrat d’engagement jeune : le COJ appelle à intensifier les efforts

Dans un deuxième bilan consacré au contrat d’engagement jeune, le conseil d’orientation des politiques de jeunesse rappelle l’impératif de "garantir un accès à l’emploi durable" à tous les bénéficiaires de ce dispositif lancé en 2022. Il formule également une série de recommandations visant à améliorer et sécuriser l’accès à cette nouvelle modalité d’accompagnement des 16-25 ans.

Avec plus de 540.000 bénéficiaires en moins de deux ans, le contrat d’engagement jeune remplit ses objectifs quantitatifs. Un progrès salué dans le deuxième bilan de ce dispositif dressé par le conseil d’orientation des politiques de jeunesse et diffusé jeudi 8 février. La commission consultative appelle maintenant à intensifier les efforts.   

Simplification administrative

Un premier enjeu, selon le COJ, est de "faciliter l’entrée des jeunes" dans le dispositif par des simplifications administratives. "De nombreux acteurs font toujours part de la difficulté de récupérer l’avis d’imposition auprès des jeunes qui ne sont plus en lien avec leurs parents et/ou qui ne sont plus rattachés fiscalement à eux", note le COJ qui cite à cet égard l’intérêt de l’expérimentation menée dans trois territoires visant à "défamiliariser" l’allocation CEJ ainsi que les autres aides destinées aux jeunes. Le COJ pointe aussi le faible montant de l’allocation versée aux mineurs, plafonnée à 211,20 euros, qui n’incite pas à l’entrée en CEJ.

Mieux prévenir les abandons

5% des jeunes abandonneraient le CEJ, essentiellement pour des raisons de déménagement. Néanmoins, d’autres causes de rupture sont identifiées, telles que le défaut d’actualisation, l’absence de logement et d’hébergement ainsi que des problématiques de santé. Afin d’éviter ces échecs et de lever les freins à l’entrée également, il est donc urgent pour le COJ "d’assouplir et d’adapter les activités […] pour lutter contre l’absentéisme".

Les 15/20 heures peuvent aussi poser problème, alors que l’intensification des activités se confirme : le nombre de jeunes dont les activités hebdomadaires sont inférieures à 15 heures diminue. La moyenne s’élevant désormais à 16,2 h pour les jeunes suivis au 3e trimestre 2023.

Le COJ relève aussi que 47% des activités sont en fait réalisées en autonomie par les jeunes et que seules 32,3% concernent l’insertion professionnelle (CDD, intérim, immersions…). Les solutions "structurantes", plus intensives et encadrées (Ecoles de la deuxième chance, Epide, formations…) ne concernent que 27% des parcours, faute de solutions de mobilité voire d’hébergement, mais aussi en raison des réticences des jeunes "pour un même niveau d’indemnisation".

Cumul de ressources

Il convient par ailleurs, selon le COJ, "d’éviter toute rupture en raison de problématiques de ressources". Le COJ note par exemple que l’allocation CEJ ne permet pas d’accéder au logement social. Certaines des problématiques détaillées dans le rapport sont toutefois en passe d’être réglées, souligne le COJ. Le cumul de l’allocation CEJ avec des revenus liés à des emplois aidés, ou encore l’amélioration de la prise en charge de la complémentaire santé sont au menu de la feuille de route 2024 pour le CEJ, annoncée l’an dernier (lire notre article du 15/12) par l’ex-ministre du Travail Olivier Dussopt.

Une insertion peu démontrée

Le CEJ permet-il vraiment une insertion dans l’emploi durable ? C’est la deuxième question soulevée par le COJ, qui constate un certain flou en la matière. Les statistiques mises en avant par le gouvernement ne distinguent pas les contrats de travail effectués dans le cadre du contrat d’engagement jeune des embauches effectuées à la sortie du dispositif. Aucune information n’est apportée sur la répartition des sorties du CEJ entre les CDI, les CDD, l’alternance ou tout autre sortie positive.

Pour éviter tout échec, le COJ recommande la bascule vers un "RSA jeune actif" en cas d’absence de sortie positive. Il appelle également à mieux impliquer les entreprises dans le CEJ, un volet prévu dans la feuille de route ministérielle à travers le renforcement des contacts et activités en entreprise. A ce jour, à titre d’exemple, plus de 86.000 immersions en entreprises ont été réalisées avec les jeunes, essentiellement via France Travail (ex-Pôle emploi).

 

CEJ Jeunes en rupture (CEJ JR) : un dispositif "perfectible"

La publication du rapport du COJ coïncide avec les conclusions intermédiaires d’une autre recherche-action lancée par la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) mais consacrée au CEJ "Jeunes en rupture". Ce dispositif spécifique, destiné à remobiliser les 16-25 les plus en difficulté dans le cadre de consortiums spécialisés en amont de la signature du contrat, a été lancé l’an dernier. Sur les 6.561 jeunes "repérés" en août 2023, 1.461 avaient ainsi signé un CEJ (lire notre article du 17/10). Ce parcours constitue une "opportunité inédite pour le développement des coopérations territoriales", convient la Fédération regroupant différentes structures d’insertion et d’hébergement. Pour autant, sa mise en œuvre demeure "perfectible".

"Les objectifs en termes de contractualisation CEJ sur lesquels se sont engagés les lauréats sont vus comme une contrainte et une pression qui peuvent entrer en contradiction avec le temps nécessairement long de remobilisation", note la FAS. Le critère des 5 mois d’absence de contact avec le service public de l’emploi pour bénéficier du CEJ-JR peut aussi empêcher des entrées dans le dispositif malgré d’importantes difficultés. Enfin, "la mise en place des 15h d’activités minimum peut freiner l’adhésion au CEJ pour certains jeunes qui ne souhaitent pas s’engager dans un rythme soutenu d’accompagnement et/ou refusent d’avoir des comptes à rendre", souligne le rapport. Autre problème : le manque de solutions de logement et de santé, bloquant l’insertion de ces publics.

C.A.