Dans le Trièves, la reconversion d'une colonie de vacances renforce une dynamique locale (38)

Au total, ce sont 5 hectares de friches, de nombreux bâtiments et 30 hectares de terres agricoles qui passeront dans les prochaines semaines sous le giron de la commune du Percy. Avec ses 170 habitants - ils étaient moitié moins dans les années 1980 - Le Percy est l’une des plus petites communes de la communauté de communes du Trièves qui en compte 28 réparties sur un territoire habité par les montagnes. Elle est, depuis plusieurs décennies, particulièrement attentive à la revitalisation de son territoire.

Une dizaine d’ateliers avec les habitants pour élaborer un cahier des charges

À partir du début des années 2000, la colonie de vacances est laissée à l’abandon et assez rapidement la commune du Percy se porte acquéreur. Des projets de réhabilitation du site se multiplient, mais aucun n’aboutit : Fontaine craint l’opération immobilière si le site devenait constructible.
Les élus du Percy se mobilisent en lien avec les habitants. "En 2010-2011, nous avons réalisé une petite dizaine d’ateliers de concertation sur l’avenir de la colonie avec des habitants, raconte le maire de Percy, Guillaume Gontard. Nous avons pris le temps pour savoir ce que nous voulions pour ce lieu et l’avons consigné dans un cahier des charges."
Fontaine, intéressée par ce travail, demande des garanties. Le Percy s’engage alors dans l’élaboration d’un plan local d’urbanisme (PLU) pour acter la requalification du site selon le cahier des charges.

Projets citoyens à la recherche d’un site

À la même époque, un projet de jardin partagé démarre sur le site de l’ancienne colonie et Le Percy met à disposition des locaux pour le matériel et le stockage. "À cette occasion, nous avons réalisé qu’il y avait une demande importante de locaux. En effet, progressivement, d’autres activités se sont installées : fabrication de pâtes fraîches, de jus de fruits, travail de la laine, apiculture, des associations…, se souvient le maire. Par ailleurs, des citoyens réfléchissaient à un projet d’habitat groupé. Nous nous sommes dits : "Pourquoi ne pas accueillir sur le site ces deux types de projets ?"

Site mixant habitat et activités économiques liées à l’agriculture

Après l’adoption du PLU en 2014, Fontaine et Le Percy s’accordent en 2016 sur la vente du terrain et de bâtiments, pour un prix fixé à 225.000 euros. Demain, la colonie de vacances devrait héberger un habitat groupé, des activités de maraîchage, d’apiculture, différents ateliers de transformation alimentaire, ou encore le local de chasse. Pour cela la commune associe vente, location et préemption : "La commune a prévu de louer des espaces nécessaires pour le développement des activités économiques, de revendre des bâtiments et du terrain pour l’habitat groupé, tout en gardant la possibilité de faire des extensions pour de futurs logements", détaille le maire.

Un projet qui pourrait faire des émules ?

Au total, ce projet représente un peu plus de 400.000 euros d’investissements - en plus de l’achat du terrain -, pris en charge aux trois quarts par un emprunt de la commune et, pour un quart, par le département.
L’élu estime que la confiance entre les personnes s’installant sur le lieu et la mairie est un facteur de réussite du projet, tout comme l’existence d’un tissu associatif local dense et dynamique. "Travailler avec les habitants fait émerger des compétences et ressources qui permettent d’avancer et de construire, explique le maire. Les investissements financiers sont une chose, mais cela ne fait pas tout, loin de là." Dans une région où les centres de vacances à l’abandon sont nombreux, ce projet pourrait faire des émules.