Archives

Education - De l'attractivité des territoires... scolaires

Il y a des territoires où, pas plus que les médecins, les enseignants ne souhaitent exercer. La conséquence n'est pas la formation de "déserts scolaires" - comme il y a des "déserts médicaux" dans les territoires très ruraux ou dans les quartiers relevant de la politique de la ville - mais un sentiment d'assignation à résidence. Il est ainsi très difficile, pour un enseignant de Seine-Saint-Denis, de sortir du département, vu qu'il y a très peu de candidats pour y entrer. La situation n'est guère plus favorable pour la Guyane et les Ardennes. Et elle est pire pour la Creuse.

Le bilan social 2012-2013 du ministère de l'Education nationale fournit de multiples statistiques sur les enseignants. Les données concernant leurs vœux d'affectation permet d'identifier les territoires qui leur sont attractifs et ceux qui le sont moins. La Seine-Saint-Denis fait sans surprise partie de la seconde catégorie. Elle en est le triste champion avec 270 demandes d'enseignants du premier degré (écoles maternelle et élémentaire) qui souhaitent en partir, pour un qui exprime le désir d'y entrer (en premier vœu).

Le 64, on veut y venir et on ne veut pas en partir

Les autres départements peu attractifs sont, loin derrière, la Guyane (1 demande d'entrée pour 9,7 demandes de sortie), les Hauts-de-Seine (8,8), les Ardennes (7,6), l'Orne (6,1) et l'Yonne (5,7).
A l'inverse, les départements les plus attractifs, c'est-à-dire d'où peu d'enseignants du premier degré souhaitent partir et où beaucoup souhaitent entrer sont, dans l'ordre, les Pyrénées-Atlantiques (1 désir de sortie pour 42,5 demandes d'entrée en premier vœu), les Hautes-Alpes (1 pour 21), le Puy-de-Dôme (1 pour 14,1), la Haute-Garonne (1 pour 12,4), les Pyrénées-Orientales (1 pour 10,9) et le Morbihan (1 pour 10,3).
Cinq départements totalisent plus d'un cinquième des 16.900 demandes d'entrée en premier vœu (4,8%). On y retrouve la Haute-Garonne, ainsi que quatre autres départements - Paris, Gironde, Seine-et-Marne et Hérault – où les demandes de sorties convergent davantage vers les demandes d'entrée.

Dans le 93, heureusement qu'il y a les enseignants stagiaires…

Si l'on prend maintenant non plus les vœux, mais les mutations effectivement réalisées, la Seine-Saint-Denis apparaît toujours, et sans surprise, comme un département où le nombre des sorties et celui des entrées est particulièrement déséquilibré puisque près de 12 enseignants quittent bel et bien le 93 quand 1 seul y entre. "Ce déséquilibre est en grande partie comblé par l'arrivée d'enseignants stagiaires", relève l'étude. Seuls 6,3% des enseignants de Seine-Saint-Denis demandant à quitter leur académie ont obtenu satisfaction. Mais ce n'est pas le pire taux : la Creuse fait 4,7%. La Guyane (8,1%) et les Ardennes (8,8%) ne font guère mieux.
Il est en revanche beaucoup plus facile de quitter le Finistère, la Réunion, la Haute-Vienne et les Pyrénées-Orientales. Dans ces quatre départements, plus de 80% des enseignants demandant à quitter leur académie ont obtenu satisfaction.

Bordeaux, Rennes et Toulouse : les académies préférées des enseignants du second degré

Dans le second degré (collèges et lycées), plus de la moitié des enseignants qui demandent à changer d'académie viennent de trois d'entre elles : de Versailles (23,7%), de Créteil (21,5%) et d'Amiens (5,6%), "alors que ces académies représentent ensemble moins de 20% des enseignants du second degré", précise l'étude.
A l'exception de celle de Paris, les académies les plus demandées se situent dans le sud et l'ouest de la France métropolitaine : l'académie de Bordeaux concentre 1.800 demandes (10,6% de l'ensemble), celle de Rennes 1.500 demandes (8,9% des demandes) et celle de Toulouse 1.400 demandes (8,3%). Ce sont également celles pour lesquelles le rapport entre le nombre de demandes d'affectation et nombre de demandes de sorties est le plus élevé : 13,8 dans l'académie de Rennes, 9,5 dans celle de Bordeaux et 6 dans celle de Toulouse.

Le bonus "Education prioritaire" ne marche pas pour l'école primaire

L'académie de Paris a fait l'objet de 1.600 demandes (9,2%), soit 2,4 demandes d'entrée pour une demande de sortie. Les académies de Créteil, de Reims et d'Amiens rassemblent chacune moins de 1,1% des demandes. Pour un enseignant demandant à y entrer, plus de 32 demandent à sortir de l'académie de Créteil, près de 22 de celle de Versailles et 12 de celle d'Amiens.
Avoir enseigné dans un collège ou un lycée relevant de l'éducation prioritaire pèse significativement dans un dossier de demande de mutation. 86,5% des demandes de mutation motivées par un rapprochement familial connaissent une issue favorable quand elles sont déposées par des enseignants "bénéficiant d'une bonification après avoir exercé dans un établissement relevant de l'éducation prioritaire" (contre 71% quand on prend l'ensemble des enseignants du second degré). En revanche, cela compte pour presque rien pour les enseignants des écoles maternelles et élémentaires.

Plus d'enseignants de moins de 30 ans en éducation prioritaire

Selon le bilan social 2012-2013 du ministère, la proportion d'enseignants affectés en éducation prioritaire (dispositif Eclair et réseaux de réussite scolaire / RRS) est de 19,8% dans le premier degré (écoles maternelle et élémentaire) et de 12,3% dans le second degré (collèges et lycées).
"L'âge apparaît discriminant dans l'affectation en éducation prioritaire", note surtout l'étude. La part des enseignants de moins de 30 ans est supérieure de près de 10 points à celle de l'ensemble des enseignants : 28,2% dans le premier degré, 22,2% dans le second degré.
Idem pour trentenaires : dans les écoles comme dans les collèges, la moitié des enseignants relevant de l'éducation prioritaire ont moins de 38 ans.
A noter également qu'un quart des enseignants exercent depuis moins d'un an dans les collèges relevant de l'éducation prioritaire (contre un an dans les autres collèges) et la moitié depuis trois ans ou moins (contre cinq ans dans les autres collèges).
Enfin, dans le premier degré, les enseignants masculins exercent un peu plus fréquemment en éducation prioritaire : 22,5% contre 19,3% pour les femmes. Cette différence se retrouve également pour les plus jeunes d'entre eux (33,1% et 27,6%). Dans le second degré, la proportion est proche entre hommes et femmes (12,1% des hommes, 12,5% des femmes pour l'ensemble).