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Patrimoine - Dix-neuf nouveaux phares classés monuments historiques et les derniers gardiens s'en vont

Aurélie Filippetti, la ministre de la Culture, se réjouit du prochain classement au titre des monuments historiques de 19 nouveaux phares. Ces classements ont été proposés par la Commission nationale des monuments historiques, lors de sa séance du 15 juin 2012. Les arrêtés de classement seront pris dans les mois qui viennent, sous réserve de l'accord de leurs propriétaires. Les phares concernés se situent dans les régions Languedoc-Roussillon, Pays de la Loire, Picardie, Poitou-Charentes, Provence-Alpes-Côte d'Azur, ainsi qu'à La Réunion et Saint-Pierre-et-Miquelon.
C'est la deuxième fois que la commission tient ainsi une séance thématique consacrée aux phares. La première avait eu lieu en novembre 2010 et avait déjà permis le classement de 17 phares (voir notre article ci-contre du 24 novembre 2010). Il s'agissait alors de traduire en actes la campagne d'inventaire et de protection de ces édifices lancée en 2000. Plus largement, ces classements s'inscrivent dans la redécouverte de l'histoire et du patrimoine maritimes de la France, auxquels notre pays a longtemps tourné le dos. Le bilan de cette campagne apparaît très largement positif, puisqu'elle a permis le classement de 34 phares ou anciens phares et l'inscription d'une quarantaine d'autres. Les biens ainsi protégés témoignent des différents types de phares et des technologies mises en œuvre. Ils rendent hommage au savoir-faire de la France, qui fut le leader mondial dans ce secteur, tout particulièrement au 19e siècle avec l'invention de la lentille de Fresnel, qui a révolutionné les phares. Dans son communiqué, la ministre de la Culture indique que "l'Etat reconnaît ainsi l'intérêt historique et architectural de ces ouvrages, qui comptent parmi les plus populaires du patrimoine national, et la nécessité d'assurer leur protection et leur conservation pour les générations futures". Elle rappelle aussi que "ceux des phares français qui sont ouverts au public accueillent chaque année près de 600.000 visiteurs" et que le musée national de la Marine leur consacre actuellement une grande exposition.
Paradoxalement, cette reconnaissance intervient alors que, le 30 juin, les deux derniers gardiens de phare ont définitivement quitté leurs fonctions et ne seront pas remplacés, éteignant ainsi définitivement le métier de gardien de phare en France. Autre paradoxe : ils officiaient à Cordouan, le plus ancien des phares, qui fut classé monument historique par Prosper Mérimée en 1862 - et demeura le seul de son espèce durant près d'un siècle et demi -, en même temps que Notre-Dame de Paris. L'Aquitaine et Poitou-Charentes, les deux régions qui s'en disputaient l'image - comme la Basse-Normandie et la Bretagne pour le mont Saint-Michel - vont contribuer à la restauration de ce "Versailles de la mer", entré en service depuis 1611 et désormais automatisé. Regroupées le 1er janvier 2010 au sein du Syndicat mixte pour le développement durable de l'estuaire de la Gironde - avec également les départements de la Gironde et de la Charente-Maritime et la communauté urbaine de Bordeaux -, les collectivités assurent la gestion du site, qui reste la propriété de l'Etat. Elles devraient apporter l'essentiel de l'enveloppe de 10 millions d'euros nécessaires à la première phase des travaux de restauration.

Jean-Noël Escudié / PCA