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Éducation et numérique : pour le développement d’une EdTech à impact ! #EdTechForGood

Le Covid aura servi de cas d’école pour le recours aux EdTech, ces entreprises qui rendent la technologie et l’innovation utiles à l’éducation. Désormais, enseignement et apprentissage combinent la pédagogie en présentiel avec l’apport d’outils numériques. Dans ce marché d’une valeur estimée à 620 millions d’euros en France, la Banque des Territoires lance une coalition en soutien aux startups françaises qui se développent dans le secteur de la EdTech et de l’éducation en général. Cette coalition, EdTech for Good, a vocation à rassembler les acteurs publics et privés pour promouvoir les acteurs de la EdTech ayant un impact positif sur la société et investir dans le développement des jeunes pousses. Revue de détail de cette coalition vertueuse. 

74 milliards d’euros. Tel est le budget annuel de l’Éducation nationale, premier ministère en France en termes financiers. Aux côtés de l’État qui consacre 12% de ses moyens à ce poste, les collectivités territoriales contribuent également pour plus de 36 milliards d’euros par an à l’éducation, notamment pour la gestion des équipements et ressources numériques dans les établissements scolaires. Du fait des confinements successifs, cet enjeu du numérique à l’école a particulièrement été mis en lumière. Le marché des technologies numériques est d’ailleurs en pleine effervescence partout dans le monde. 

En France, plus de 400 entreprises sont spécialisées dans la EdTech, avec des réussites tels qu’OpenClassrooms, le géant de la formation en ligne, ou Index Education, éditeur du logiciel de vie scolaire Pronote ; et aussi de nombreuses structures de taille intermédiaire, actives aussi bien pour les jeunes élèves et étudiants que pour les adultes en emploi, en reconversion ou en reprise d’études. 

Une croissance de 20 % en un an 

Le chiffre d’affaires de près de la moitié des EdTech françaises a ainsi progressé de plus de 20 % en 20201, soutenu par la croissance forte du nombre d’utilisateurs de solutions numériques en raison de la fermeture des écoles, mais aussi grâce à l’augmentation des investissements publics alloués au numérique éducatif. 

« Malgré cet accroissement de l’effort public, les entreprises de la EdTech se heurtent à des difficultés importantes pour pénétrer ce marché »

Juliette D’Angelo, chargée de projets et d’investissements Éducation à la Banque des Territoires

Ainsi, dès l’été 2020, l’État aux côtés de la Caisse des dépôts a lancé le projet de « Territoires numériques éducatifs » afin de financer le développement des équipements, des formations et des ressources numériques dans plusieurs établissements scolaires de France, notamment dans l’Aisne et le Val d’Oise. 

« Malgré cet accroissement de l’effort public, les entreprises de la EdTech se heurtent à des difficultés importantes pour pénétrer ce marché, témoigne Juliette D’Angelo, chargée de projets et d’investissements Éducation à la Banque des Territoires. Cela résulte de la complexité des circuits d’achat, de l’absence d’autonomie financière des enseignants et des établissements dans le choix des ressources, des délais de commande publique... ». 

Public et privé, deux « moteurs » complémentaires 

Or, si le capital-risque s’est développé massivement en France, il ne couvre pas encore tous les besoins de financement des entreprises EdTech. Ce, d’autant que la plupart des fonds requiert un retour sur investissement en moins de cinq ans. « Le marché des EdTech a besoin d’investisseurs ‘patients’, prêts à investir sur le long terme pour soutenir la dynamique d’innovation », déclare Vincent Criquebec, chargé de projets et d’investissements Éducation. 

D’où la décision de la Banque des Territoires de renforcer son appui à la filière, avec plus de dix millions d’euros investis depuis 2020, et le lancement de la coalition EdTech for Good qui vise à rassembler des acteurs publics et privés pour valoriser la filière Edtech française à impact, échanger sur des opportunités d’investissements et partager des bonnes pratiques.  

« Le marché des EdTech a besoin d’investisseurs ‘patients’, prêts à investir sur le long terme pour soutenir la dynamique d’innovation »

Vincent Criquebec, chargé de projets et d’investissements Éducation à la Banque des Territoires

La Banque des Territoires renforce ainsi son rôle de tiers de confiance auprès de l’État et des collectivités territoriales, en investissant à long terme dans des entreprises qui œuvrent auprès des élèves, des enseignants et des parents sur tout le territoire.  

Parmi les opérations récentes, la Banque des Territoires a notamment pris des participations dans : 

  • Index éducation, société éditrice du logiciel Pronote, utilisé par dix millions d’élèves en France. 
  • Mobidys sondo, première bibliothèque numérique adaptée à la lecture des personnes dyslexiques. 
  • Ou encore MyFuture, plateforme de recherche de stages et d’immersions professionnelles pour les jeunes de 14 à 24 ans de tous les territoires, en lien avec les collectivités.  

« La coalition EdTech For Good entend créer une dynamique de financement et de soutien autour des entreprises à impact dans le secteur de l’éducation et du numérique », souligne Juliette D’Angelo. 

Les convictions de la EdTech for Good  

Conviction 1 : une EdTech accessible au plus grand nombre  

La EdTech est un marché, ce qui de prime abord va à l’encontre du modèle français de l’éducation nationale, pensé comme un service public financé par de l’argent public, et dans lequel les utilisateurs sont, à juste titre, récalcitrants à payer.  

La EdTech ne peut faire uniquement porter son coût aux bénéficiaires : élèves et parents en premier lieu, mais aussi enseignants évidemment. Dans un souci d’équité et d’égalité des chances entre les différents milieux sociaux, il est nécessaire que les élèves et les parents en bénéficient gratuitement. Dans la même logique, les enseignants ne doivent pas à avoir à financer des produits et outils numériques leur servant à titre professionnel.  

C’est la première conviction de la EdTech For Good : privilégier les investissements et le soutien de sociétés EdTech qui font porter en majorité le coût des produits par des collectivités, l’État ou les entreprises, afin qu’ils soient accessibles au plus grand nombre de bénéficiaires, selon un modèle en B2B (business to business) et/ou en B2G (business to government). 

 

Conviction 2 : la nécessité d’un traitement éthique des données 

Plus de 80 % d’enseignants utilisent tous les jours des outils numériques pour leur pratiques professionnelles2. Qui remporte la palme de ces usages numériques ? Les GAFAM3, avec notamment la suite Google, les WhatsApp pour les parents, les appels en visioconférence via Zoom... 50% des enseignants utilisent exclusivement des outils GAFAM dans leurs pratiques professionnelles.4 

Si ces outils sont utilisables gratuitement par les enseignants, comme par tout citoyen, ils soulèvent un nombre important de questions concernant des enjeux cruciaux : la souveraineté technologique et éducative française, l’utilisation future des données… À l’opposé de ces modèles, le choix d’EdTech for Good consiste à valoriser des entreprises ont une méthode vertueuse de traitement des données, sans revente aux tiers, et évidemment compatible avec le règlement général pour la protection des données (RGPD). 

 

Conviction 3 : une autonomie accrue dans les choix numériques  

Des produits issus des EdTech françaises sont déjà achetés par l’État, qui les redistribuent aux enseignants, via la banque de ressources numériques du ministère de l’Éducation nationale. Ceci valorise des produits français pensés pour la pratique pédagogique, tout en apportant une diversité d’outils aux enseignants. 

Dans cette configuration cependant, l’État choisit les ressources mises à disposition des enseignants, sans que ceux-ci soient consultés. Les prescripteurs ne sont donc pas acheteurs, ce qui creuse un fossé entre :  

  • des professeurs qui ne choisissent par leurs produits ; 
  • des pouvoirs publics qui achètent ce qu’ils pensent être les meilleurs outils ; 
  • des entreprises EdTech qui doivent répondre aux attentes des enseignants, des parents et des élèves, tout en respectant les exigences formulées par l’État. 

Face à cette situation, la Banque des Territoires est convaincue que ce sont les enseignants, premiers concernés par ces outils, qui doivent être à même de choisir et d’acheter directement, via des fonds publics, les ressources numériques adaptées à leurs programmes et méthodes pédagogiques. 

« Il s’agit de mettre les utilisateurs au centre du marché des EdTech, affirme Juliette D’Angelo. Ces achats seraient subventionnés, par exemple au travers d’une ‘cagnotte’ versée aux enseignants afin qu’ils choisissent leurs outils et leurs services. L’État pourrait être en charge de structurer une plateforme d’achat et d’abonder les cagnottes, tandis que les établissements les mettraient en commun pour construire des projets collectifs ». 

 

Conviction 4 : favoriser les impacts sociaux et territoriaux 

Dernière conviction de la EdTech for Good : la promotion des entreprises qui fondent leur modèle non seulement sur une activité économique mais surtout sur la réalisation d’impacts extra-financiers, telles que l’égalité des chances, l’orientation et l’inclusion sociale, l’accessibilité pour les publics fragilisés ou à besoins particuliers, le soutien aux territoires isolés… 

« La coalition a un rôle majeur à jouer dans le développement d’innovations pédagogiques à impact. Il s’agit également de renforcer l’attractivité de chaque territoire en France, et de contribuer à une plus grande équité économique, sociale et éducative », conclut Vincent Criquebec. 

1 Etude Edtech France x EY Parthenon de juillet 2020 sur le marché de la Edtech en France (non publiée) 
2 « Baromètre des usages numériques des enseignants depuis le confinement » - Enquête auprès de 1 000 enseignants réalisée en septembre 2020 par Synlab 
3 GAFAM est l'acronyme des cinq grandes firmes américaines du Web - Google, Apple, Facebook, Amazon Microsoft -- qui dominent le marché du numérique 
4 « Baromètre des usages numériques des enseignants depuis le confinement » - Enquête auprès de 1 000 enseignants réalisée en septembre 2020 par Synlab 

La dynamique EdTech for good

La coalition lancée par la Banque des Territoires doit favoriser les investissements croisés entre secteurs privé et public, avec des impacts positifs qui vont au-delà de l’aspect financier. 

Elle vise aussi à développer des moyens de financement adaptés au marché des EdTech françaises et entend lancer une campagne d’information auprès des entreprises sur les différents outils disponibles : fonds propres, quasi-fonds propres, prêts, subventions… 

EdTech for Good mise enfin sur le partage d’expériences et la mise en commun des bonnes pratiques entre les acteurs concernés, via notamment des évènements, à l’image du petit-déjeuner EdTech organisé le 22 juin 2021.

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© EdTech for Good

Juliette D’Angelo

Chargée de projets et d’investissements Éducation 

Titulaire d’un double master en affaires publiques et économie de Sciences Po Paris et de l’université Bocconi de Milan, Juliette D’Angelo a rejoint la direction de l’investissement de la Banque des Territoires en 2020. Elle a auparavant travaillé au sein du Conseil départemental des Hauts-de-Seine et chez Capgemini Invent. 

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Vincent Criquebec

Chargé de projets et d’investissements Éducation

Diplômé en organisation et affaires publiques de Sciences Po Lyon, emlyon et l’université de Bologne, Vincent Criquebec a été consultant en management et stratégie chez Weave et Greenworking, avant de rejoindre la direction de l’investissement de la Banque des Territoires en 2019. 

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