En Nouvelle-Aquitaine, la région copilote avec l’État un "pacte pour une alimentation durable et locale"

Un pacte alimentaire a été signé en janvier 2021 en Nouvelle-Aquitaine par la région, l’État et 13 acteurs professionnels et associatifs du secteur agricole et alimentaire. Le comité de pilotage de ce pacte et les actions qui en découlent illustrent la façon dont la région peut s’impliquer, aux côtés de l’État, dans l’animation de la concertation et la structuration – notamment sur les enjeux de restauration collective publique - relatives à la mise en œuvre du programme national pour l’alimentation. Ce comité de pilotage a été réuni le 23 mai 2022, à l’occasion du salon de l’agriculture de Nouvelle-Aquitaine.     

La loi Egalim (ou "loi pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous") de 2018 a créé un comité régional pour l'alimentation (dit "Cralim"), défini comme une "instance de concertation pour la mise en œuvre au niveau régional du programme national pour l'alimentation", présidée par le représentant de l’État en région et "chargée notamment de la concertation sur l'approvisionnement de la restauration collective". Selon le décret du 12 avril 2019 relatif à ce Cralim, les "représentants des collectivités territoriales intéressées, et notamment du conseil régional" y participent, au même titre que d’autres acteurs dont les organisations professionnelles et les associations.

Dans certaines régions, telles que la Bretagne, le Cralim est coprésidé par le préfet de région et le président du conseil régional. C’est également le cas en Nouvelle-Aquitaine, où la région et l’État copilotent ce qui tient lieu de Cralim, le Comité régional du pacte alimentaire (Coralim). Il s’agit de l’instance de pilotage du pacte alimentaire régional, qu’ils ont signé en janvier 2021 avec 13 acteurs, "toutes les têtes de réseaux de l’amont à l’aval, incluant la recherche et les associations de développement de l’agriculture paysanne", précise la région Nouvelle-Aquitaine. L’ambition affichée : faire en sorte que la Nouvelle-Aquitaine reste "la première région agricole de France et d’Europe" et qu’elle développe sa souveraineté alimentaire et sa résilience face aux crises. En 2022, des représentants de l’économie sociale et solidaire – la chambre régionale, l’insertion par l’activité économique – ont rejoint les partenaires du pacte. Une réunion du Coralim s’est tenue le 23 mai 2022 autour des "ambitions 2025" de ce pacte alimentaire. 

Quatre objectifs : relocalisation, distribution, partage de la valeur ajoutée et solidarité

Élaboré dans le cadre des feuilles de route régionales en faveur de la transition écologique et énergétique ("Néo Terra") et de la santé, ce pacte alimentaire Nouvelle-Aquitaine poursuit quatre objectifs : la relocalisation de l’économie alimentaire "dans une approche territoriale" ; le développement de produits locaux et de qualité dans tous les circuits de distribution et marchés régionaux avec une attention particulière à la restauration collective publique ; le partage de la valeur ajoutée avec un souci de juste rémunération des producteurs et d’accès à une alimentation de qualité pour tous ; et la solidarité avec les entreprises et les filières les plus touchées par la crise sanitaire et avec les consommateurs les plus en difficulté. Les financements mobilisés pour ce pacte ne sont pas communiqués, il est simplement indiqué que l’engagement est "renouvelé et renforcé dans le cadre de la relance".

Le plan d’actions 2021-2025 de ce pacte est structuré en cinq "domaines d’actions stratégiques" portant sur les circuits de proximité et la vente directe, le développement de circuits alimentaires locaux dont les projets alimentaires territoriaux (PAT), la structuration des filières permettant de répondre aux besoins régionaux – avec notamment le développement d’un pôle de compétence restauration collective publique -, l’information et la sensibilisation des consommateurs et enfin la solidarité et la "citoyenneté alimentaire".

Parallèlement aux PAT - 26 labellisés, dont un de niveau 2- (voir encadré), 53 "contrats de développement et de transition" ont été signés entre la région et les territoires ruraux, sur différentes thématiques dont l’alimentation de proximité.    

22 groupements de commande structurés autour de l’approvisionnement des cantines en produits locaux, de qualité et bio    

Parmi les réalisations mises en avant par la région, il y a l’Acena (Association des coordonnateurs d’établissements publics locaux d’enseignement de la Nouvelle-Aquitaine) qui structure 22 groupements de commandes alimentaires de lycées et collèges de la région et qui "n’a plus aujourd’hui comme finalité la baisse des prix ou la recherche d’économies d’échelle" mais bien "la relocalisation opérationnelle des approvisionnements des cantines  en produits locaux et de qualité en lien avec la production agricole et agroalimentaire régionale", présente la région sur son site Entreprises. Ce 23 mai, à l’occasion du salon de l’agriculture de Nouvelle-Aquitaine, la région et l’Acena ont signé une convention de partenariat détaillant les actions à mettre en œuvre pour atteindre 60% de produits locaux de qualité dont 30% en bio d’ici 2025 – contre 35% dont 5% en bio en 2020. Pour rappel, la loi Egalim impose depuis le 1er janvier 2022 aux établissements de restauration collective publique de proposer au moins 50% de produits durables et de qualité dont 20% de bio. En 2020, selon le pacte Nouvelle-Aquitaine, 74 des lycées de la région étaient engagés dans une démarche d’approvisionnement des cantines en produits locaux, de qualité et bio ; les partenaires du pacte souhaitent que l’ensemble des lycées de la région soient dans cette dynamique en 2025.

Autre ambition du pacte : une "formation agricole exemplaire", avec la généralisation de la formation à l’alimentation durable et notamment aux circuits courts dans les lycées agricoles et aquacoles. Les partenaires du pacte veulent également agir sur la distribution, en augmentant le nombre de magasins de producteurs et en mettant en valeur des produits locaux dans tous les points de vente. La concertation sur le pacte alimentaire aurait donné lieu à plusieurs projets, tels que l’installation d’espaces tests pour produire local et bio et la réhabilitation de halles afin de favoriser la vente directe.

  • 370 PAT labellisés au 1er avril 2022

Au niveau national, "plus de 370" projets alimentaires territoriaux étaient reconnus par le ministère de l’Agriculture au 1er avril 2022. Parmi ces projets, une quarantaine ont obtenu un label de niveau 2, c’est-à-dire qu’ils sont reconnus comme "opérationnels", donnant lieu à des actions concrètes sur les territoires. Les PAT "ont l'ambition de fédérer les différents acteurs d'un territoire autour de la question de l'alimentation, contribuant ainsi à la prise en compte des dimensions sociales, environnementales, économiques et de santé de ce territoire", rappelle le ministère dans son communiqué du 20 mai 2022, qui indique la procédure de labellisation et présente une carte des PAT labellisés.

 

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