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Social - Enfance : beaucoup d'argent, mais pour quels résultats ?

Pour la première fois, l'OCDE se penche sur la situation comparée des enfants au sein des Etats membres. Dans une étude parue le 1er septembre et intitulée "Assurer le bien-être des enfants", l'organisation internationale apporte de nombreuses informations et comparaisons en la matière. Dans la fiche de synthèse consacrée à la France, certaines d'entre elles sont déjà bien connues. Ainsi, l'étude confirme qu'en termes de dépenses publiques en faveur des familles, la France se classe au troisième rang parmi les trente pays de l'OCDE, juste derrière la Hongrie et le Luxembourg. Mais les résultats sont-ils à la hauteur de cet investissement ? Même si certains critères pris en compte pour l'étude peuvent sembler curieux - l'OCDE retient le pourcentage de mères qui allaitent, mais pas le taux de natalité... - la réponse est globalement positive, mais fait néanmoins apparaître une césure. Les résultats se révèlent être très bons pour les politiques sociales, mais présentent quelques faiblesses sur le volet éducation.
Sur les trois tranches d'âge considérées (0-5 ans, 6-11 ans et 12-17 ans), la France investit davantage que la moyenne de l'OCDE. L'étude observe notamment que "l'investissement dans les premières années de l'enfance en France est bien au-dessus de la moyenne OCDE", avec 46.000 euros de dépenses cumulées par enfant contre une moyenne de 28.000 euros. L'écart est plus faible sur la tranche 6-11 ans (46.000 contre 42.000 euros), mais redevient important chez les 12-17 ans (60.000 contre 48.000 euros). Le rapport estime que "c'est en termes de bien-être matériel que la France se situe le mieux, comparée aux autres pays de l'OCDE". Alors que le revenu moyen des familles françaises est dans la moyenne de l'organisation (19.000 contre 19.200 dollars en parité de pouvoir d'achat), seuls 7,6% des enfants vivent ainsi sous le seuil de pauvreté, pour une moyenne de 12,6% dans l'OCDE (et 21,6% aux Etats-Unis). En matière de santé, l'étude relève que la France se situe à l'avant-dernier rang, devant l'Irlande, pour le pourcentage de femmes qui allaitent (60%). On observera toutefois que ces deux pays sont aussi ceux présentant la plus forte natalité en Europe. Les adolescents français connaissent des taux de mortalité et de suicide "bien inférieurs à la moyenne OCDE". Si les jeunes Français de 13 à 15 ans fument davantage que leurs homologues des autres Etats membres, ils déclarent moins d'excès d'alcool, mais le chiffre reste néanmoins élevé (14%). En matière de prévention des grossesses précoces, seules 7 adolescentes sur 1.000 donnent naissance en France, contre 16 sur 1.000 dans l'ensemble de la zone.
Enfin, en matière d'éducation - et malgré l'importance de l'investissement - "la performance des élèves français à l'école reste légèrement inférieure à la moyenne OCDE". Pourtant, en France, seuls 12 enfants sur 1.000 "sont privés des ressources de base nécessaires pour étudier", soit trois fois moins que la moyenne (35 pour 1.000). Autre point faible : l'écart entre les moins bons et les meilleurs élèves se situe au cinquième rang de l'OCDE. Or les pays affichant les meilleurs résultats scolaires sont ceux où cet écart est le plus faible. Enfin, les jeunes Français sont un peu paresseux : seul un enfant sur sept dans la tranche 11-15 ans déclare exercer une activité physique, contre une moyenne de un sur cinq.

Jean-Noël Escudié / PCA